Les derniers jours de Marcel Proust

Homosexuel à une époque homophobe, juif dans une société antisémite, bourgeois parmi les aristocrates, toxicomane tiré à quatre épingles, Proust était un étrange marginal mondain. Les derniers mois de sa vie le montrent en égocentrique passionné, entièrement occupé à exploiter ses sensations et ses amitiés pour achever son œuvre.


Proust, par Otto Wegener
Le 18 mai 1922, un peu après minuit, une éblouissante pléiade d’écrivains, d’artistes, de musiciens et de mécènes se réunit dans un salon de l’hôtel Majestic pour y fêter la première représentation de Renard, un ballet burlesque de Stravinsky. L’œuvre interprétée par les Ballets russes de Serge de Diaghilev avait été donnée ce soir-là à l’Opéra, devant un public perplexe mais poli. Neuf années s’étaient écoulées depuis le scandale du Sacre du printemps et, à en juger par les critiques de Renard citées dans le livre de Richard Davenport-Hines, les spectateurs se montraient désormais plus intrigués qu’indignés par les expériences modernistes (1). Ainsi, un critique du New York Herald salua-t-il la partition de Stravinsky, tout en estimant que « son évolution ne sera pas aisément suivie par le public ». Une décennie plus tôt, même cette discrète concession à l’autonomie du créateur aurait surpris. L’hermétisme n’était plus universellement considéré comme un défaut artistique. Stravinsky et les autres invités de marque ...
LE LIVRE
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Proust au Majestic de Les derniers jours de Marcel Proust, Grasset

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