L’opération Condor, in memoriam

Un travail photographique paradoxal sur les traces invisibles de l’opération Condor, qui a décimé la gauche latino-américaine dans les années 1970, parvient à restituer la violence de l’époque, sauver de l’oubli les disparus et leur famille, représenter la force des survivants.

Un plafond blanc à la peinture craquelée. Un carrelage en tomettes tout éraflé. Une douche crasseuse, le rideau à moitié tiré, qui évoque la vulnérabilité des détenus mis à nu. Dans son livre, paru en Espagne et en Amérique latine à l’automne dernier, le photographe João Pina multiplie les clichés de lieux décatis, hantés par le passé, où règne encore une atmosphère menaçante. Ce sont les anciens sites de torture et de réclusion utilisés pendant l’opération Condor : entre 1975 et le début des années 1980, les services secrets des dictatures du Chili, d’Argentine, du Brésil, du Paraguay, d’Uruguay et de Bolivie mènent conjointement une campagne d’une rare violence contre les mouvements d’opposition et les guérillas révolutionnaires. « Une répression organisée au niveau continental, et qui fit quelque 60 000 victimes – avec le consentement, la collaboration ou le silence des États-Unis et de son secrétaire d’État, Henry Kissinger », rappelle le quotidien catalan La Vanguardia. Petit-fils d’un opposant communiste qui passa dix-neuf ans dans les geôles de Salazar, João Pina a passé plus de dix ans à ...
LE LIVRE
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