L’Orient dans Madame Bovary

L’Orient ! Les tableaux de Delacroix ou d’Ingres, Les Orientales de Victor Hugo, les récits de voyage d’un Chateaubriand, d’un Nerval ou d’un Flaubert témoignent de cette fascination. On peut ajouter Salammbô du même Flaubert, qui, pour ses recherches, partit étudier le site de l’antique Carthage, non loin de Tunis.

L’Orient ! Les tableaux de Delacroix ou d’Ingres, Les Orientales de Victor Hugo, les récits de voyage d’un Chateaubriand, d’un Nerval ou d’un Flaubert témoignent de cette fascination. On peut ajouter Salammbô du même Flaubert, qui, pour ses recherches, partit étudier le site de l’antique Carthage, non loin de Tunis.

Et Madame Bovary ? A priori, rien de plus éloigné des fastes exotiques de l’Orient que cette histoire d’adultère provincial. Dans le Neue Zürcher Zeitung, Barbara Vinken, professeur de littérature à l’université de Munich, tord le cou à ce préjugé littéraire : pour elle, aussi étonnant que cela puisse paraître, « dans la Normandie de Flaubert se reflète la lumière de l’Orient et dans l’insipide bourgade de Yonville, on est transporté dans les Mille et Une Nuits ». Vinken justifie sa thèse en rattachant la dimension sacrificielle de Madame Bovary (mise en évidence par Michel Butor) aux cultes orientaux : « Flaubert tisse un réseau extrêmement subtil de métaphores d’un bout à l’autre de son texte qui, sous l’intrigue du double adultère et de la ruine d’une famille de province donne à lire une autre histoire : celle d’un animal sacrifié qu’on a engraissé et anesthésié, assommé puis abattu. » La bête sacrificielle, c’est bien sûr Emma, l’héroïne. Et « la drogue qui a permis de la mener à l’abattoir », c’est « l’amour propagé par la littérature romantique contemporaine ».

Comme le conclut Vinken, « la fonction classique du sacrifice – la purification de la communauté par le sang versé – n’est pas remplie. La victime est corrompue et sa mise à mort ne sert qu’à faire éclater les instincts les plus bas. Rien ne peut effacer la faute de cette société ».

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