Inattendu
Temps de lecture 15 min

Miracle en direct


J.G. Brown/Boston Public Library

La guérison d’un homme souffrant de leucémie à Créteil a été jugée inexplicable par l’Eglise catholique, première étape avant sa qualification de miracle. A Hannebault, dans le roman Un Miracle d’Hector Malot, personne, ou presque, n’hésite à utiliser le mot quand une jeune notable retrouve l’usage de ses jambes grâce aux reliques de sainte Rutilie.

 

Le lendemain matin, au moment où sonnait la messe de huit heures, les dévotes qui se rendaient à l’église virent la voiture de mademoiselle Pinto-Soulas s’arrêter devant le porche.

—Tiens, mademoiselle Pinto-Soulas !

— On disait qu’elle ne pouvait plus marcher.

— Ne croyez donc pas ces histoires.

— C’est M. l’abbé Colombe qui l’a dit à madame Maridor, qui me l’a répété, et M. l’abbé Colombe ne fait pas des histoires.

— Tout le monde dit qu’on la porte sur une chaise longue, et elle ne se promène plus qu’en voiture dans son parc.

— Enfin qu’est-ce qu’elle a?

—Une paralysie.

— A son âge?

— Le mal vient à tout âge; il est toujours bien certain qu’elle ne peut pas se servir de ses jambes.

C'est gratuit !

Recevez chaque jour la Booksletter, l’actualité par les livres.

Et la preuve la voilà.

En effet, deux domestiques soulevèrent mademoiselle Isabelle et la mirent sur une chaise qu’ils portèrent dans l’église : elle voulut qu’on la conduisît à sa place ordinaire, mais le Suisse, qui la précédait, dit que M. le curé avait donné des ordres pour qu’une place lui fût préparée dans le chœur.

Tous les yeux étaient fixés sur elle : on la trouvait maigrie et pâle ; mais la maladie n’avait point causé cependant, autant de ravages que sa longue réclusion pouvait le faire supposer ; il y avait même dans sa beauté pâle quelque chose d’ardent et de triste à la fois, qui frappait les yeux et remuait le cœur. Derrière sa chaise, marchait la sœur Sainte-Ursule.

— Elle n’est pas si mal qu’on avait voulu le dire.

— En tous cas, elle ne marche pas.

— Ça, c’est certain.

L’abbé Colombe sortit de la sacristie et la messe commença. Elle dura plus longtemps que de coutume, car le vicaire, tremblant d’émotion, mit encore plus de lenteur dans sa prononciation qu’il n’en mettait d’ordinaire ; jamais les mots « peccutorïbus, secula secvaorum, Dominus vobiscum » n’avaient eu pareille longueur; jamais ses génuflexions, ses adorations, ses signes de croix n’avaient eu tant de majesté ; jamais messe, enfin, n’avait été dite avec plus de ferveur.

L’assistance remarqua que mademoiselle Pinto-Soulas, aux endroits où l’on doit s’agenouiller, n’avait pas quitté sa chaise, se contentant d’incliner la tête.

La messe finie, l’abbé Colombe entra dans la sacristie, mais il en ressortit presque aussitôt. Alors on approcha mademoiselle Pinto-Soulas de la châsse de sainte Rutilie, et la sœur Sainte-Ursule, l’ayant prise sous les bras, la souleva et la mit debout. Un coussin avait été placé sur un prie-Dieu. Mademoiselle Isabelle toujours soutenue par la sœur Sainte-Ursule, s’agenouilla sur ce coussin, et parût prier avec ardeur.

Auprès d’elle l’abbé Colombe et la sœur Sainte-Ursule priaient aussi; et de même dans l’église les fidèles priaient pour la guérison de cette jeune femme qui, depuis qu’elle était au monde, n’avait pensé qu’à répandre le bien autour d’elle.

Sa prière fut longue. Mais enfin elle fit signe à la sœur Sainte-Ursule, de bien vouloir lui tendre la main pour la relever. A ce moment, le Suisse, qui se  tenait immobile et raide derrière elle, frappa les dalles sonores d’un grand coup de sa hallebarde, et aussitôt l’orgue du chœur se mit à jouer, tandis que les enfants de la maîtrise chantaient de leurs voix claires :

Yeni, Creator spiriius, Mentes tuorum visita.

Mademoiselle Isabelle surprise, émue, regarda autour d’elle, attendant toujours le bras de la sœur Sainte-Ursule.

Mais celle-ci, s’étant approchée d’elle, ne lui tendit pas la main ; elle se pencha à son oreille, et d’une voix vibrante :

— Levez-vous, dit-elle, et marchez.

Mademoiselle Isabelle ne bougea pas.

— Marchez, répéta la sœur Sainte-Ursule, sainte Rutilie a exaucé votre prière.

Elle fit un mouvement et se dressa sur ses jambes.

—Marchez, répéta la sœur, marchez !

Elle se tenait debout; elle fit un pas en avant, puis un second, puis un troisième.

— Marchez, murmurait la sœur à voix basse.

Elle se dirigea vers le porche : tous les fidèles s’étaient levés, et la regardaient.

Dans le chœur, les enfants de la maîtrise chantaient:

Aceende lumen sensibus,

Infunde ainorem cordibus

Infirma nostri corporis

Virtute firmans perpeti.

En arrivant au porche, la sœur Sainte-Ursule, qui était vigoureuse, prit mademoiselle Isabelle dans ses bras et la mit en voiture.

Cet événement extraordinaire s’était produit à neuf heures ; à neuf heures et demie toute la ville le connut. On courait de porte en porte, pour se communiquer la nouvelle.

—A la messe de huit heures, mademoiselle Pinto-Soulas, complètement paralysée, a marché.

— C’est donc un miracle ?

— C’en est un.

— Chez nous, à Hannebault !

Les dévotes, qui avaient assisté à la messe, étaient assaillies de questions, on s’entassait chez elles.

— Vous avez vu ?

— De mes yeux, de mes propres yeux, j’ai vu mademoiselle Pinto-Soulas se lever et marcher. On dira tout ce qu’on voudra, j’ai vu.

Chaudun, qui faisait ses visites du matin, fut arrêté par madame Maridor.

— Vous savez, Monsieur le docteur, que mademoiselle Pinto-Soulas vient de marcher à l’église ; elle est partie sur ses jambes.

— Qu’est-ce que vous me contez là ?

— Ce que j’ai vu.

— Vous avez vu Mlle Pinto-Soulas marcher ?

— Comme je vous vois.

— C’est, encore un joli tour du curé.

— M. le doyen n’était pas à la messe.

— Alors le tour n’en est que plus fort.

— C’est épouvantable ce que vous dites là.

—Nous causerons de cela plus tard : je vais voir mes malades qui sont malades, eux.

— Croyez-vous que Mlle Pinto-Soulas n’était pas malade?

— Si, je crois même qu’elle l’est encore ; mais Mlle Pinto-Soulas est atteinte d’une maladie particulière, qui comporte toutes les fantaisies possibles. Vous me dites qu’elle ne marchait pas ce matin et qu’elle marche maintenant, je n’y contredis point ; mais, si vous voulez-voir quelque chose de surnaturel là-dedans ou de miraculeux, votre serviteur, très humble.

L’homme au cou tordu de Rougemare, l’enfant de Félicité, maintenant Mlle Pinto-Soulas, c’est une épidémie de miracles.

[…]

L’abbé Guillemittes ne revint de Condé qu’à son heure ordinaire, et on le vit monter la grande rue au pas de sa jument sans se presser, comme un homme qui ne se doute pas de ce qui l’attend chez lui.  Ce qui l’attendait, c’était l’abbé Colombe dans un état de joie et d’exaltation indescriptible.

— Monsieur le doyen, monsieur le doyen !

— Eh bien, quoi? Etes-vous malade?

— Je n’ai jamais été si heureux, si joyeux: Mlle Pinto-Soulas marche.

Alors il raconta en détail comment Mlle Isabelle était arrivée à la messe, comment elle s’était agenouillée pour invoquer sainte Rutilie, comment elle s’était relevée et elle avait marché. Quand il raconta comment elle avait passé au milieu des fidèles émerveillés, ses yeux s’emplirent de larmes et  sa voix se brisa.

— Ceci est très grave.

— C’est un miracle !

— Oh! ce n’est pas à nous qu’il appartient de prononcer ce mot.

—Il me semble cependant que nous pouvons avoir un jugement, sous la réserve de le soumettre humblement au jugement du souverain pontife.

— Sans doute ; mais, par notre position, nous sommes tenus à la plus grande réserve ; je vous prie donc de ne jamais prononcer le mot de miracle ; quand vous devrez parler de cet événement surnaturel, ne le qualifiez pas, dites simplement que Mlle Pinto-Soulas a marché ; il y a là un fait.

— Indiscutable.

— Indiscutable à cette seule condition, qu’on s’enferme dedans étroitement.

— Ne nous accusera-t-on pas de retenir la vérité captive?

— Et qui parle de retenir la vérité? Je veux, au contraire, l’entourer de toutes les garanties qui peuvent la rendre inattaquable. Pour cela, dés ce soir ; je veux, recueillir les témoignages de toutes les personnes qui étaient, à la messe. Vous voudrez bien m’écrire votre relation, et j’interrogerai les autres personnes qui étaient à l’église, en notant leurs récits, dans une sorte de procès-verbal. Quelles étaient ces personnes ?

L’abbé Colombe n’avait pas l’habitude de regarder les assistants, et il eût dit sa messe devant des chaises sans s’en apercevoir. Heureusement, et par un favorable hasard, le Suisse avait la liste exacte de ces personnes.

On put donc les interroger, et l’abbé Guillemittes consigna leurs réponses avec une fidélité scrupuleuse ; même quand on lui affirma qu’une voix était sortie de la châsse de sainte Rutilie disant : « Levez-vous et marchez, » il ne fit pas d’objection, il écrivit ce qu’on lui rapportait. Comme devant un juge d’instruction, on dut signer sa déposition, et les personnes qui ne savaient pas écrire déposèrent devant des témoins qui affirmaient le procès-verbal conforme au récit.

Cette enquête dura cinq jours : tout le monde fut entendu, même les enfants, surtout les enfants.

Pour qu’elle fût complète, il eût fallu aussi la déposition-de l’acteur principal. Mais l’abbé Guillemittes, malgré son assurance, n’osa la demander, tant avait été grande la répugnance que Mlle Isabelle avait manifestée à parler de cet événement. Pour pénétrer auprès d’elle, il avait même été obligé de forcer la consigne, et la sœur Sainte-Ursule, qui s’était présentée chaque jour comme à l’ordinaire ; n’avait jamais été reçue.

Il se passa donc du récit de Mlle Pinto-Soulas, qui n’était pas d’ailleurs indispensable à son dessein, lequel, ainsi qu’il le disait lui-même, n’avait d’autre but que de consigner fidèlement les manifestations de la rumeur publique.

A mesure que les dépositions des témoins oculaires étaient recueillies, elles étaient recopiées par l’abbé Colombe.

Le sixième jour, muni de cette copie, l’abbé Guillemittes se rendit à l’évêché.

— J’allais vous écrire, dit monseigneur Hyacinthe en le recevant avec raideur, car il se passe, nous raconte-t-on, d’étranges choses dans votre paroisse. On parle de miracle.

— Oui, monseigneur, on en parle beaucoup.

— Et quel est ce miracle, je vous prie ?

— Là-dessus je ne puis rapporter à Votre Grandeur que ce que j’ai entendu, car le jour où l’événement, que la rumeur publique qualifie de miraculeux, a eu lieu, j’étais ici à Condé, dans ce même cabinet, et c’est le soir seulement en rentrant au presbytère, que j’ai connu cet événement. Si Votre Grandeur veut des détails précis d’un témoin oculaire, digne de toute foi, elle peut interroger M. l’abbé Colombe, mon vicaire, qui a vu, tandis que moi j’ai seulement entendu.

— Et qu’avez-vous entendu ?

— Comme en ces matières délicates l’oreille peut se tromper et encore plus la mémoire, j’ai consigné, dans un procès-verbal, les témoignages des quarante- trois personnes qui ont assisté à l’événement.

— Où est ce procès-verbal ?

— Le voici, ou plus justement en voici la copie. –

— Et pourquoi pas l’original ?

— Parce que j’ai considéré que cet événement, touchait particulièrement ma paroisse, et que ce procès-verbal revêtu des signatures des témoins devait rester dans nos archives. Mais, si Votre Grandeur désire cet original, je puis l’apporter demain ; de même je serais tout prêt à le communiquer à la commission qui informerait sur ce fait, si toutefois Votre Grandeur nommait une commission.

— Pour nommer une commission, il faudrait que ce fait qu’on accompagne de tant de bruit en ce moment, valût la peine d’être examiné ; et je ne le connais pas encore.

— Ces dépositions diverses pourront, je crois, éclairer Votre Grandeur…

— Mlle Pinto-Soulas est votre pénitente ?

— Oui, monseigneur.

— Votre bienfaitrice?

— La bienfaitrice de notre église, oui, monseigneur, elle nous a donné de nombreuses marques de sa foi et de sa générosité.

— On parle de sommes considérables données par elle.

— Considérables, en effet, pour ceux qui recevaient mais non pour celle qui donnait, car sa fortune est au-dessus de la prodigalité. Au reste, nous avons reçu des dons considérables de plusieurs personnes, et il y a cela de remarquable dans le fait qui vient de se produire, que le don le plus précieux qui nous ait été accordé, les reliques de sainte Rutilie, soit venu précisément récompenser notre donatrice la plus généreuse : il y a là, pour moi au moins, quelque chose de providentiel.

– L’entretien prenait une tournure gênante ; l’évêque l’interrompit.

— Je lirai ce procès-verbal, dit-il.

« La rumeur publique » n’était point restée enfermée dans Hannebault ; elle avait rapidement  parcouru la contrée ; à trente lieues à la ronde on ne parlait que du miracle d’Hannebault.

Ce n’était pas la première venue qui avait été miraculeusement guérie, par la nouvelle sainte ; c’était la personne la plus riche du pays, _Mlle Pinto-Soulas elle-même, Mlle Pinto-Soulas «la riche». Elle avait mis le prix à se payer les meilleurs médecins, mais les médecins et la médecine avaient été impuissants ; il avait fallu l’intervention du Saint-Père qui avait envoyé exprès une sainte de Rome. A mesure qu’elle s’étendait, la légende s’enrichissait; non seulement la sainte avait parlé, mais elle avait fait un signe de sa main.

Le résultat de ces bruits, fut d’amener une affluence considérable de pèlerins ou de curieux à Hannebault. Le Suisse ne pouvait plus quitter la châsse de sainte Rutilie ; du matin au soir, il restait là, appuyé sur sa hallebarde, la poitrine bombée, la tête renversée en arrière, et les enfants qui rentraient dans leurs villages emportaient de ce colosse superbe des idées fantastiques; ils en rêvaient et les récits qu’ils faisaient à leurs camarades étaient extraordinaires.

Mais lui, peu sensible à cette gloire, regrettait le temps heureux où il pouvait rester de longues heures à table.

— Je maigris, disait-il, donnez-moi un peu de repos, j’ai perdu quarante centimètres de ceinture ; quand je ne serai plus décoratif, à quoi serai-je bon ?

Le clergé du diocèse s’était partagé sur le miracle, mais le plus grand nombre des curés qui le contestaient franchement était tout à fait minime : généralement on restait dans l’attente, sans vouloir se prononcer, il faudrait voir ce que dirait monseigneur.

Pendant la conférence qui suivit immédiatement l’événement, l’abbé Guillemites voulut tâter l’opinion de ses confrères, et il ne rit une opposition nettement accentuée que chez le curé de Saint-Réau.

—Je ne peux pas me prononcer sur un fait que je ne connais pas, dit celui-ci, mais je n’hésite pas à déclarer que je regrette l’effet qu’il produit. Je crois que nous rivons dans un temps où la discrétion en tout doit être notre, règle souveraine.

— Voulez-vous cacher la vérité, et l’empêcher de se faire jour? s’écria l’abbé Colombe.

Un autre prêtre se renferma dans une réserve silencieuse à propos de la guérison de Mlle Pinto-Soulas. Ce fut le curé de Clévilliers. Mais celui-là savait à quoi s’en tenir-sur cette guérison : et s’il avait voulu parler, il eût pu en dire long. Seulement il ne voulait pas parler, et même, il avait poussé la discrétion jusqu’à prier Mme Françoise de ne pas raconter sa neuvaine.

— Réjouissons-nous en silence de cette guérison, avait-il dit à la nourrice, mais ne la colportons pas. Laissons-les triompher glorieusement à Hannebault, avec leur sainte Rutilie. Cela convient à leur église dorée. Quant à nous, restons modestes dans notre modeste chapelle, et n’oublions jamais ce que nous devons à l’intercession de la « Bonne-Mère. »

Cependant l’autorité ecclésiastique, malgré le bruit qui se faisait autour du miracle d’Hannebault, paraissait vouloir se renfermer dans l’indifférence. Les mois succédaient aux mois, et Mgr Hyacinthe ne parlait pas du procès-verbal qu’il avait reçu. Quand le premier vicaire général lui touchait quelques mots de cette question brûlante, il se contentait de répondre qu’il l’étudiait, et aussitôt il changeait le sujet de l’entretien.

— Si vous ne forcez pas monseigneur dans ses retranchements, dit le vicaire général à l’abbé Guillemittes, vous resterez perpétuellement dans la situation où vous êtes; il faut prendre un parti, et monseigneur ne peut pas s’y résigner : ses idées, son caractère, son origine, tout le retient.

Ces retranchements furent forcés : un jour l’Opinion nationale publia sous le titre : les Fausses reliques, un article qui mit le feu aux poudres.

Cet article racontait l’histoire de la lutte électorale entre le baron Friardel et La Motte-Blériot, en insistant surtout sur le rôle considérable qu’on avait fait jouer aux reliques dans cette bataille ; tandis que M. le baron Friardel se faisait appuyer par des reliques authentiques (ou tout au moins reconnues comme telles par l’autorité papale), son concurrent n’employait à son service que de fausses reliques ; abusé par l’agence à laquelle il s’était adressé, il avait offert à l’église de Rougemare, à la place d’os de saints, des os de poulet. La fraude avait été reconnue par un savant médecin. Une enquête avait été habilement conduite, et en remontant dé l’agence parisienne à l’agence romaine, on avait découvert à Rome une véritable fabrique de fausses reliques.

Cet article fut reproduit par le Siècle, à Paris; l’Indépendance belge & Bruxelles ; le Phare de la Loire, la Gironde, le Journal de Rouen, dans les départements. Les journaux religieux intervinrent. Mais, huit jours après, le Temps donna le coup de grâce à cette affaire scandaleuse : son correspondant rapportait qu’un procès de fausses reliques était en ce moment pendant devant le tribunal del Vicariato ; un employé de la chambre des reliques, un marchand de curiosités et des agents subalternes étaient traduits sous l’inculpation: 1° d’avoir fait usage du sceau apostolique pour fabriquer de faux documents ; 2° d’avoir donné comme vraies des reliques fausses, même de personnages dont il n’existe pas de reliques; 3° enfin de s’être fait payer pour la vente de ces reliques, qui étaient expédiées dans le monde entier.

Ces journaux à la main, l’abbé Guillemittes se rendit à l’évêché et demanda formellement qu’on examinât l’événement surnaturel qui s’était produit dans sa paroisse. Par suite de la fraude abominable dont le curé de Rougemare avait été victime, il se trouvait lui-même sous le coup d’insinuations malveillantes, qu’il ne pouvait pas supporter plus longtemps. Il avait dans son église de saintes reliques qui, lui ayant été données directement par le souverain pontife lui-même, possédaient tous les caractères de l’authenticité la plus absolue ; ces reliques avaient amené une guérison surnaturelle; il demandait que cette guérison fût examinée par l’autorité compétente. Ce n’était pas pour lui qu’il parlait, il n’était et n’avait

été pour rien dans cet événement ; c’était pour la foi, c’était pour le respect de la religion.

LE LIVRE
LE LIVRE

Un Miracle de Hector Malot, Michel-Lévy Frères, 1872

SUR LE MÊME THÈME

Inattendu Se reproduire sans sexe
Inattendu États-Unis : les fiascos de l’impeachment
Inattendu Manger un steak, c’est classe

Dans le magazine
BOOKS n°123

DOSSIER

Faut-il restituer l'art africain ?

Edito

Une idée iconoclaste

par Olivier Postel-Vinay

Chemin de traverse

13 faits & idées à glaner dans ce numéro

Chronique

Feu sur la bêtise !

par Cécile Guilbert

Voir le sommaire