Voici un livre au charme envoûtant et à la nostalgie contagieuse. Julien Green, né américain à Paris en 1900 – et qui toute sa vie resta un « Américain à Paris » –, y exprime son amour pour la France en une multitude de souvenirs enchâssés. Et parce qu’il est un peintre merveilleux, amateur de grandes villes et éternel flâneur, il voit Paris aussi comme un paysage et entraîne le lecteur dans le tourbillon enchanteur d’un « il était une fois… ». Julien Green raconte dans la première partie de son livre – qui, comme les souvenirs de Stefan Zweig, aurait pu s’intituler
Le Monde d’hier – son enfance à Paris, alors capitale du monde, et l’époque qui précéda la Grande Guerre. Un temps où les cochers, vêtus avec une rigueur martiale, guidaient de leurs claquements de fouet les attelages impétueux des omnibus à travers des rues encore souvent pavées de bois (1) ; un temps où les écoliers en coquets uniformes devaient, lors des fêtes de fin d’année, écouter attentivement leur directeur drapé de soie jaune cru flanqué de ses administrateurs en robes rouge écarlate bordées d’hermine ; un temps où ...