Ils ont couru pour Hitler

Y aller ou pas ? La question a taraudé bien des athlètes européens au cours des mois qui précédèrent les jeux Olympiques de 1936 à Berlin. Aux Pays-Bas, certaines fédérations (dont celles de boxe et de gymnastique) refusèrent d’envoyer une délégation en Allemagne. Ailleurs, comme au sein de la Fédération d’athlétisme, des sportifs s’inventèrent des blessures pour ne pas avoir à « courir pour Hitler ». Le journaliste et écrivain Auke Kok s’est intéressé, lui, aux Néerlandais qui sont allés à Berlin. Que sont devenus ces hommes et ces femmes ? Quel jugement ont-ils porté, plus tard, sur ces Jeux ? Selon De Volkskrant, l’auteur « décrit avec acuité les dilemmes et conflits intérieurs » qui ont pu habiter ces sportifs. Kok s’est intéressé à deux concurrents en particulier : la nageuse Rie Mastenbroek (quatre médailles, dont trois en or) et le sprinteur Tinus Osendarp (deux médailles de bronze). Après les Jeux, le fait d’avoir été récompensée à Berlin valut à Mastenbroek le mépris de nombre de ses compatriotes nageurs, en dépit de ses performances bien réelles. Quant à Osendarp, surnommé « le Blanc le plus rapide du monde », il avait été mis sur un piédestal par la propagande nazie pour avoir rivalisé avec les athlètes noirs Jesse Owens et Ralph Metcalfe. Il fut abondamment raillé à son retour aux Pays-Bas. Dépité, celui qui n’était selon l’auteur qu’un « brave garçon » manipulé devint par la suite membre du Parti national-socialiste néerlandais et fut condamné après 1945 pour faits de collaboration.
LE LIVRE
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1936 : nous sommes allés à Berlin de Auke Kok, De Bezige Bij, 2016

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