La page reste à la page

Depuis les tablettes d’argile sumériennes jusqu’au codex en passant par les rouleaux de papyrus, le volumen latin, les pliages mayas et les plaques de bambou asiatiques, l’essentiel de la planète consigne sa pensée et son savoir sous une forme unique, plus ou moins plate et plus ou moins rectangulaire : la page. Le succès de cette forme est dû à plusieurs facteurs. Physique : le rectangle correspond peu ou prou à la forme d’une peau de mouton tannée, ou d’une feuille de papyrus. Esthétique : la plupart des « pages » de par le monde, des manuscrits de la mer Morte au livre de poche, obéissent à une proportion largeur/hauteur proche du fameux « nombre d’or », 8/5 ou 1,6. Pratique, enfin : un volumen plié en accordéon est plus facile à transporter (César, dit la tradition, aurait inventé le codex, forcément rectangulaire, pour simplifier la distribution de ses ordres). Le rectangle implique à son tour une certaine disposition spatiale de l’information, que les copistes médiévaux appelaient l’ordinatio – « l’une des constructions les plus fondamentales de notre civilisation occidentale » selon Alberto Manguel (1). L’ordinatio eut des conséquences intellectuelles majeures, ...

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