« Pourquoi les mouvements anti-impérialistes se mettent-ils à proliférer dans les années 1920-1930 ? », s’interroge l’historien allemand Jürgen Dinkel dans la revue
Sehepunkte. Dans
Paris, capitale du tiers-monde, son confrère Michael Goebel replace la lutte anticoloniale dans le « quotidien » qui a permis son émergence. Non pas à Shanghai, Saigon, Alger ou Tunis, mais… à Paris.
Pendant l’entre-deux-guerres, la capitale française constitue « le nœud des courants migratoires mondiaux », rappelle Dinkel. C’est la ville d’Europe qui compte alors le plus de résidents non européens. Or ces derniers vivent souvent dans les mêmes quartiers (ainsi les futurs dirigeants chinois et vietnamien Zhou Enlai et Hô Chi Minh, qui habitent tous deux non loin de la place d’Italie), ils se croisent, se parlent, s’influencent et ils commencent à militer. La politisation d’une partie de ces migrants résulte des discriminations auxquelles ils doivent faire face. Dans cette lutte, ils ne peuvent guère compter que sur l’appui du PCF. Une alliance qui aura de lourdes répercussions plus tard.