Publié dans le magazine Books n° 79, septembre - octobre 2016. Par Jean-Louis de Montesquiou.
Les Français ont un train de retard sur les Allemands, c’est bien connu. Témoin le naturisme. Mais le retard a été rattrapé au forceps, au point de jeter les bases de l’amitié franco-allemande. Un espoir pour l’Europe ?
Si l’on cherchait un nouveau symbole de l’unité européenne, pour remplacer les étoiles de la couronne mariale, pourquoi pas… le poil pubien ? Le naturisme fut en effet l’un des tout premiers socles de la construction européenne et de l’amitié franco-allemande : les deux peuples esquissèrent leur rapprochement dès les années 1920, allongés nus et côte à côte sur les plages de l’Atlantique et de la Méditerranée. « Pourquoi tellement d’Européens voulaient-ils faire tomber leurs vêtements ?, s’interroge Steve Zdatny dans
The American Historical Review, et pourquoi préféraient-ils le faire en France ? » La réponse, montre l’historien américain Stephen L. Harp, est évidente : l’exposition au soleil du corps tout entier est l’un des meilleurs moyens d’assainir celui-ci ; et autant le faire dans la chaleur des plages atlantiques et méditerranéennes que sur la Baltique.
Pourtant, au sortir de la Première Guerre, cette forme de fraternisation franco-allemande n’allait pas de soi, et sur le sable français encore moins. Car tandis qu’en Allemagne le naturisme constituait une tradition déjà ancienne et populaire, pratiquée à ...