Plaidoyer pour l’État-nounou

Et si nous n’étions pas assez rationnels pour être heureux ? Un essai soutient que l’État doit faire le bien des citoyens malgré eux.

Fin 2012, le maire de New York, Michael Bloomberg, interdit la vente de boissons sucrées dans des gobelets de plus d’un demi-litre. Cette mesure censée lutter contre l’obésité fut mal accueillie par certains New-Yorkais qui dénoncèrent son caractère « paternaliste ». En s’immisçant dans le régime de ses administrés, Bloomberg les traitait comme des gamins. Des caricatures représentant l’édile sous les traits d’une nounou se mirent à circuler, assorties de ce message : « Vous pensiez vivre au pays de la liberté. » Cette hostilité à l’ingérence des pouvoirs publics est très répandue aux États-Unis. C’est aussi un vieux thème de la pensée libérale. Pour John Stuart Mill, un État qui imposerait à ses citoyens une certaine conception du bien et les empêcherait de se nuire à eux-mêmes empiéterait illégitimement sur leur autonomie. Seuls les comportements susceptibles de nuire à autrui peuvent être réprimés. L’État ne peut faire notre bonheur malgré nous, car nous sommes les mieux placés pour savoir ce qui nous rendra heureux. C’est justement contre cette idée que la philosophe Sarah Conly part ...
LE LIVRE
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Contre l’autonomie de Sarah Conly, Herman, 2015

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