La civilisation grecque l’appelait
epichairekakia, un mot forgé par Aristote. Les anglophones ont choisi
schadenfreude, un emprunt à la langue allemande. Construit à partir de
Schaden, « dommage, préjudice », et
Freude, « joie », le mot définit bien cette émotion mesquine qu’on nomme en français « joie maligne » ou « joie mauvaise ». Dans son dernier livre, la Britannique Tiffany Watt Smith, historienne de la culture, « retrace l’existence de ce sentiment sournois à travers les âges et les civilisations », commente Heller McAlpin dans le quotidien
Los Angeles Times.
L’un des avantages immédiats de cette émotion est qu’elle procure l’agréable impression que les autres ne nous sont pas supérieurs. Ce qui fait dire à certains anthropologues que notre appétence pour le malheur d’autrui serait un héritage des sociétés primitives. Dans celles-ci, la coopération était indispensable, rendant nécessaire un certain ethos égalitaire. D’autres chercheurs pensent que la sélection naturelle aurait favorisé cette émotion, parce qu’elle nous aiderait à trouver un partenaire pour la reproduction. Le fait de se sentir supérieur à la personne ...