Publié dans le magazine Books n° 31, avril 2012.
L’excellente Mary Beard dresse un portrait de la ville de Pompéi à la veille de sa destruction, loin, très loin des clichés.
Dans la nuit du 24 au 25 août 79, une violente éruption du Vésuve engloutit la ville de Pompéi. Un gigantesque nuage ardent fait de gaz, de cendres et de roches en fusion s’abat sur des habitants pris de court. Il les pétrifie pour des siècles. Quand le site est redécouvert, à partir de 1763, on s’extasie devant son extraordinaire conservation : les corps sont comme momifiés, les bâtiments ont gardé leurs fresques colorées, les graffitis sont intacts, on trouve même quatre-vingt-une miches de pain qui semblent tout juste sorties du four… On s’imagine que tout s’était arrêté là brusquement et que Pompéi offrait le spectacle de la vie quotidienne romaine typique. En fait, « la ville était déjà sur le point de devenir une ville fantôme et le caractère dépouillé des maisons témoigne moins d’un goût minimaliste que d’une évacuation massive », note Tom Holland dans le Guardian. Il y avait eu des signes avant-coureurs et une bonne partie de la population avait fui, emportant ses biens les plus précieux avec elle. N’étaient restés que les imprudents, les sceptiques, ceux ...