Pour vivre heureux, vivons infidèles !

Il était autrefois de bon ton pour un homme de parler de sa maîtresse avec le frère de son épouse. Aux États-Unis comme ailleurs. Aujourd’hui, les scandales à répétition disent à quel point la monogamie est sacralisée. Chimère, explique à une Amérique tout ouïe, un militant homosexuel qui prône la souplesse au nom des valeurs familiales.


Bartolomeo Pinelli: La Franceschina di Rimini, c. 1809
Lorsque Anthony Weiner, représentant démocrate de l’État de New York, a enfin admis avoir posté sur Twitter une photo de son engin en petite tenue (1), j’ai demandé son sentiment à ma femme, mère de mes trois enfants. Qu’est-ce qui la perturberait le plus ? Apprendre que j’envoie des autoportraits lestes à des inconnues, façon Weiner, ou bien que j’entretiens une vraie liaison ? Elle a réfléchi, grimacé comme si elle venait de mordre dans un citron particulièrement amer, et répondu : « Au moins, avoir une aventure, c’est humain. Mais twitter une photo de son entrejambe, c’est tellement bizarre. » Pourquoi cette répugnance, que beaucoup d’Américains partagent avec mon épouse ? Cela tient peut-être au caractère particulièrement sordide du scandale Weiner, avec son lot de révélations quotidiennes et de mensonges éhontés qui donnent envie de détourner les yeux. Mais cela tient peut-être aussi au fait qu’il y a là quelque chose non pas de bizarre, mais de terriblement familier. Le désir de sortir de son quotidien monogame, de goûter au frisson de l’interdit, voilà qui doit parler à bien ...
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L’engagement de Dan Savage, Plume

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