Rem Koolhaas : « L’architecture tourne le dos à la ville »

L’aspiration au gigantisme des grandes métropoles mondiales accouche d’une ville générique, sans identité, sans passé, sans rues, dédiée au seul shopping. Ce « junkspace », espace-rebut déculturé, est l’expression d’un fascisme sans dictateur. Il signe l’acte de décès de l’art architectural.

  L’architecte hollandais Rem Koolhaas est à l’origine de certaines des créations architecturales les plus audacieuses des dernières décennies. Lauréat du prix Pritzker (le Nobel de l’architecture), il est l’une des « 100 personnes les plus influentes au monde » selon Time.   Vous êtes écrivain, sociologue, philosophe, mais c’est comme architecte que vous êtes surtout connu. Alors pourquoi accablez-vous la profession de vos sarcasmes ? Prise au sens strict, l’architecture elle-même est un métier très technique, fait à 50 % d’art et à 50 % d’ingénierie. À ceci près qu’en France c’est – ou plutôt c’était – du 80/20 ! Avec pour résultat la starisation de l’architecte, qui est une absurdité. Mais je crois aussi que l’architecture souffre globalement d’un manque de réflexion théorique, d’interrogation sur elle-même… Il faut à présent penser l’architecture d’après l’architecture – ce que j’appelle l’ère de la « postarchitecture ». Autrefois, quand les architectes ont commencé de dessiner des bâtiments en utilisant la ligne droite et l’angle droit, ce fut un sujet de polémique ; aujourd’...
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Junkspace. Repenser radicalement l’espace urbain de Rem Koolhaas : « L’architecture tourne le dos à la ville », Payot

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