Requiem pour Valle Aurelia

Du XIXe au XXe siècle, Valle Aurelia fut l’un des principaux quartiers ouvriers de la capitale italienne. Creuset de la foi révolutionnaire romaine, modelée par les syndicats et les partis de gauche, cette « poche » populaire n’est plus aujourd’hui qu’une artère informe, une « grand-route », qui sert de cadre à Lo Stradone (« La grand-route »), roman aux accents d’essai anthropologique de l’architecte ­Francesco Pecoraro. Son narrateur, un retraité communiste, observe le quartier depuis la fenêtre de son ­immeuble et y voit vieillissement et conformisme, racisme et sexisme, conflits ethniques et montée de l’islam ­radical, nivellement de la culture, désintégration des gauches, des droites et de la classe moyenne. Mais attention, avertit Guido ­Mazzoni dans Il Manifesto : « En nous parlant d’une époque où l’histoire fait le chemin à l’envers et où la classe ouvrière soit se mue en petite bourgeoisie cynique soit redevient la plèbe, Lo Stradone ne parle pas de Rome mais de ce que Rome, aujourd’hui, permet de comprendre. Rome, comme allégorie de notre présent. »
LE LIVRE
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Lo Stradone de Francesco Pecoraro, Ponte alle Grazie, 2019

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