« Nous avons sans doute fait couler plus d’encre sur cette poétesse que sur tout autre écrivain, en proportion de l’œuvre parvenue jusqu’à nous », remarque l’hélléniste Edith Hall dans
The New York Review of Books à propos de Sapphô. Celle que Platon surnomma « la dixième Muse » et qui naquit en 620 avant J.-C sur l’île de Lesbos avait composé neuf recueils, soit à peu près 12 000 vers. Quelques centaines ont survécu, presque exclusivement sous forme de fragments. La faute à un christianisme qui jugeait scandaleuses les passions évoquées par cette femme trop libre. « Certains savants de la Renaissance soupçonnaient le pape Grégoire VII d’avoir fait brûler tous les manuscrits de la Grecque au XIe siècle, en raison de leur caractère dangereusement grivois », rappelle Hall. Les éditions Synchronique proposent un florilège des fragments qui ont échappé à cette
damnatio memoriae. Ils sont magnifiquement illustrés et surtout excellemment traduits. Leur survie au sein d’une œuvre mutilée leur confère souvent une force qu’ils n’avaient peut-être pas à l’origine, celle des ...