Révo cul dans les garderies allemandes

Outre-Rhin, dans le sillage du mouvement soixante-huitard, certains parents et éducateurs ont voulu libérer les enfants de tous les tabous bourgeois. Dans les garderies alternatives et les communautés, on apprenait aux petits et aux élèves pré-pubères à aimer leur corps et la sexualité, y compris avec des adultes.

Au printemps 1970, Ursula Besser trouva devant sa porte la mallette d’un inconnu. Il était assez fréquent, à l’époque, que l’on dépose un paquet devant l’appartement de cette députée démocrate-chrétienne de Berlin, ou qu’on glisse un pli dans sa boîte aux lettres. Parfois, la police devait passer examiner un colis suspect, ce dont Besser s’excusait ensuite auprès des voisins. Les étudiants avaient appelé à la révolution, et la veuve d’officier faisait partie des personnalités qui s’étaient résolument opposées au bouleversement politique. Lorsqu’elle était entrée au Parlement, trois années auparavant, son parti avait envoyé cette diplômée en philologie siéger à la commission de la culture ; elle s’était vite fait remarquer par ses prises de position franches et combatives. La mallette contenait une liasse de documents ; il s’agissait de comptes rendus dactylographiés du travail pédagogique mené, au quotidien, dans une garderie (1). Située sur l’Oranienplatz dans le quartier de Kreuzberg (2), celle-ci accueillait l’après-midi jusqu’à quinze enfants âgés de 8 à 14 ans. La première note était datée du 13 août 1969, la dernière ...
LE LIVRE
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Le cœur livide de la révolution de Sophie Dannenberg, Deutsche Verlags-Anstalt

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