Le fantasme des mafias mondiales

Le propre d’une mafia est d’exploiter localement les carences d’un État. Contrairement aux craintes souvent exprimées, les organisations criminelles peinent à s’exporter. Les rares tentatives réussies renvoient à des circonstances exceptionnelles. La mondialisation favorise toutefois les collaborations entre gangs.

En 2000 paraissait Red Mafiya (« La mafia rouge »), de Robert Friedman (1). Deux ans plus tôt, en juin 1998, le journaliste avait reçu un coup de fil de Mike McCall, un agent du FBI, l’avertissant que son enquête sur le crime organisé russe mettait sa vie en danger : « Je déteste annoncer de mauvaises nouvelles, mais une figure majeure de la mafia russe a placé un contrat sur votre tête. » Dans le monde de l’après-guerre froide, couvrir des conflits comme celui de la Yougoslavie ou de la Sierra Leone était chose risquée pour les reporters, mais personne ne soupçonnait qu’ils commenceraient à être frappés par les tueurs à gages des mafias étrangères au cœur de New York ou de Londres. Friedman est mort en 2002, d’une maladie rare et non d’une balle dans la tête. Mais il vivait depuis deux ans dans l’angoisse d’être exécuté. Friedman était un journaliste courageux, qui connaissait bien le fonctionnement du crime organisé russe. Mais qui pensait à tort que la mafiya s’était lancée dans une inexorable entreprise de conquête des nombreux et lucratifs marchés ...
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Mafias en mouvement de Le fantasme des mafias mondiales, Princeton University Press

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