Le philosophe préféré des Allemands s’attaque à la Silicon Valley. Dans son dernier livre, Richard David Precht, à qui l’on doit plusieurs best-sellers outre-Rhin, s’interroge sur les bouleversements induits par les géants d’Internet et la numérisation de nos vies. Pour lui, l’idée que se fait la Silicon Valley de l’humain n’a plus rien à voir avec celle qu’avaient élaborée les Lumières et sur laquelle repose notre idéal démocratique. « La Silicon Valley voit dans l’être humain un organisme qui fonctionne selon des réflexes mécaniques, comme un rat de laboratoire », explique-t-il dans un entretien pour
Der Spiegel. Selon cette vision du monde, l’homme, non seulement peut s’améliorer, mais il le doit, pour devenir une sorte de surhomme machine. À en croire Precht, cet impératif inscrit la Silicon Valley, pourtant ouvertement libertarienne, dans la pire tradition totalitaire. Le philosophe refuse, pour autant, de se laisser aller au pessimisme. L’émancipation reste possible. Prenant acte de la disparition programmée de la plupart des emplois (délégués désormais aux machines), il propose l’instauration d’un revenu universel ...