Toute la beauté du monde

Une « méditation sur l’idée de beauté comme principe d’organisation de la nature », doublée d’un « panégyrique sur l’importance de la beauté comme source d’inspiration pour les scientifiques ». Tel est, résumé par Andrea Wulf dans le Financial Times, le propos d’un livre complexe et fascinant que signe le Prix Nobel de physique Frank Wilczek. L’auteur d’« Une belle question » part du principe que la beauté peut être objectivement définie. En tout cas, nous sommes capables d’identifier, grâce à l’histoire de l’art et à la philosophie, un certain nombre de caractéristiques que « les gens ont toujours objectivement trouvées belles ». Au premier rang desquelles la symétrie. Toutes les forces de la nature, de l’électromagnétisme à la gravité, auraient, « inscrites en leur cœur, un principe commun : la symétrie locale », explique Amy Wang sur le site Slate. « C’est cette symétrie qui nous attire, poursuit la journaliste. Lorsque que nous affirmons trouver esthétiquement plaisant une certaine combinaison de couleurs, nous admirons en réalité son ordre impeccable. Notre amour des lacs et des fleuves est une façon de rendre hommage au parfait ordonnancement des vagues, à la danse synchronisée de l’air et du vent. » D’un point de vue scientifique, Wilczek décrit la symétrie comme « un changement sans changement ». Si l’on inverse ses termes, l’équation X = Y se lit Y = X. La forme change, mais pas le contenu. Les scientifiques se sont tellement habitués à trouver de la symétrie encapsulée dans les lois de la nature que certains en ont fait un postulat. « Les physiciens modernes travaillent de la symétrie vers la vérité : ils proposent des équations qui l’incluent, avant de vérifier si la nature les emploie », explique Wulf. Cette approche préside en physique à la théorie dite « SuSy » (pour supersymmetry), dont le but est de résoudre l’apparente dualité entre les deux familles de particules élémentaires que sont les bosons et les fermions. Si SuSy venait, comme le pense Wilczek, à être vérifiée, le monde connu présenterait selon son expression « un niveau inédit d’unité et de cohérence ».
LE LIVRE
LE LIVRE

Une belle question : découvrir le dessein profond de la nature  de Frank Wilczek, Penguin Press, 2015

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