Trois meurtres du père

Le monothéisme est une névrose collective fondée sur le meurtre originel du père de la « horde primitive ». En niant la judéité de Moïse, Freud procède à un second meurtre du père. Le troisième vise Freud lui-même.

 

Les trois grandes religions du Livre sont (ou sont devenues) monothéistes. Or, selon Freud, qui a étudié le phénomène à travers le prisme du judaïsme, le monothéisme constitue une sorte de névrose collective, fondée sur le meurtre originel du père de la « horde primitive ». Et cela entraîne un certain nombre de caractéristiques bien perceptibles aujourd’hui, depuis la dimension politique du monothéisme, « reflet secondaire de l’impérialisme », jusqu’à l’intolérance religieuse, inconnue des polythéismes antérieurs, qui préféraient quant à eux le syncrétisme à l’exclusion [Pour une analyse similaire, lire :« Les leçons du paganisme »]. Pour parvenir à ces conclusions, Freud a fait s’allonger sur son divan de psychanalyste les sociétés et leurs religions, ces « névroses de l’humanité ». Les sociétés sont, nous dit-il, comme les petits bambins : l’ontogenèse (la construction de l’individu) et la phylogenèse (celle de l’espèce) doivent en effet emprunter le même parcours, que balisent les grands moments de la structuration de la psyché – notamment cette étape clé, celle du ...
LE LIVRE
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L’Homme Moïse et la religion monothéiste de Sigmund Freud, Payot, 2014

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