Publié dans le magazine Books n° 94, février 2019.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’armée soviétique eut recours à des tireuses d’élite. Leur mémoire fut occultée après 1945.
Elles s’appelaient Doussia, Klava, Katia, Valia, Anya, Valia, Taïa… À peine sorties de l’adolescence, enrôlées par milliers dans l’Armée rouge à partir de 1943 – l’année où les Soviétiques subirent leurs plus grosses pertes pendant la Seconde Guerre mondiale –, elles avaient pour seule consigne de tuer le maximum de « Fritz » à l’aide de leur fusil de précision Mosin-Nagant à cinq coups. « Dès que tu vois un Allemand, tu le butes », précise l’un de leurs officiers.
Ce sont les tireuses d’élite de l’Armée rouge, ces « anges de la vengeance » auxquelles l’essayiste russe Liouba Vinogradova a consacré un ouvrage très documenté, fruit de plusieurs années de recherches dans les archives et d’entretiens avec les survivantes de cette épopée, dont certaines sont aujourd’hui âgées de plus de 80 ans. « Pour la plupart d’entre elles, c’était la première et la dernière fois qu’elles racontaient leur expérience », affirme l’auteure dans un entretien à la radio Écho de Moscou.
Et c’est ce qui frappe dans le destin exceptionnel de ces « filles du peuple » au départ si ordinaires : ...