Un génocidaire ne regrette jamais
Publié le 17 avril 2015. Par La rédaction de Books.
Les hommes (ce sont le plus souvent des hommes) qui participent à des massacres de masse n’éprouvent jamais – ou presque – de remords. C’est l’une des observations les plus frappantes d’un important livre sur le sujet, The Killing Compartments, du sociologue néerlandais Abram de Swaan : « De nombreux survivants des campagnes d’extermination souffrent de conséquences psychiques pour le restant de leurs jours, certains des témoins sont traumatisés pendant des dizaines d’années. Une proportion significative des anciens combattants développent un syndrome de stress post-traumatique. Pas les génocidaires. La plupart d’entre eux s’en sortent très bien ».
C’est aussi l’une des leçons du documentaire que Joshua Oppenheimer a consacré aux pogroms anti-communistes de 1965-66 en Indonésie. Dans L’Acte de tuer, des bourreaux vieillissants rejouent leurs actes avec fierté. Aux yeux d’Abram de Swaan, cette caractéristique est l’une des meilleures preuves que le massacre de masse n’a rien d’« ordinaire », quoi qu’en dise la doxa sur la « banalité du mal » : il est le fruit d’une longue préparation sociale et psychologique, d’un long endoctrinement de la population.
En savoir plus : The Unkindest Cut of All, The Wall Street Journal.