Une belle opération de séduction

Les émissaires nazis envoyés à Paris ont brillamment su séduire l’intelligentsia et les artistes français. Dans sa grande majorité, l’élite culturelle se plia aux règles de la censure et n’apporta pas de contribution particulière à la Résistance. Mais la plupart des grands noms des arts et des lettres n’ont pas non plus activement collaboré. D’une manière générale, les exceptions ont confirmé la règle.

Plus de trente ans après la guerre, dans des entretiens publiés récemment, Jean-Paul Sartre prétendait que les Français, et en particulier les écrivains et les artistes, n’avaient eu que deux options sous l’occupation nazie : collaborer ou résister. Il avait choisi la seconde, naturellement : « Notre travail était de dire à tous les Français, nous ne serons pas dirigés par les Allemands (1). »

En fait, le comportement de Sartre pendant l’Occupation, bien qu’il n’ait jamais été un collabo (2), fut moins héroïque que ses déclarations de l’immédiat après-guerre pourraient le laisser croire. Alan Riding, dont le jugement sur l’intelligentsia française n’est ni moralisateur ni indulgent, place Sartre très largement à la périphérie de la Résistance. Ses pièces, tel Huis clos, furent considérées par certains de ses admirateurs (et certainement par Sartre lui-même, avec le recul du temps) comme des expressions voilées d’une opposition aux nazis. Mais elles reçurent sans problème le visa de la censure allemande, et les officiers du Reich eurent le plaisir d’...

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Et la fête continua. La vie culturelle dans Paris occupé de Une belle opération de séduction, Alfred A. Knopf

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