Au cœur de « l’entre soi » allemand
C’est un bestseller à la fois attendu et inattendu. Attendu parce que Juli Zeh est une auteure reconnue, dont les livres, depuis une quinzaine d’années, ont un public fidèle en Allemagne. Inattendu par l’ampleur du succès qu’il a connu, très au-delà des succès antérieurs. Cela fait des mois qu’Unterleuten est sur la liste des meilleures ventes publiée chaque semaine dans le Spiegel. Unterleuten, c’est le nom du petit village du Brandebourg où se déroule l’intrigue, à une heure de route de Berlin et néanmoins à des années lumières de la capitale allemande. Un monde où l’on vit « entre soi » (c’est l’une des traductions possible d’ « Unterleuten »). Des habitants enracinés depuis plusieurs générations, qui ont connu les expropriations sous le communisme et entretiennent de vieilles haines, cohabitent avec les nouveaux arrivants, des urbains venus se ressourcer ou, au contraire, tirer profit de terres qui valent le prix de quelques IPhones. Un projet d’éoliennes va mettre ce microcosme en ébullition. La clé d’un tel succès ? Un savant équilibre entre « divertissement et ambition stylistique », juge Sieglinde Geisel dans le Neue Zürcher Zeitung. Une combinaison plutôt rare dans la production romanesque allemande contemporaine, qui, selon Geisel, a tendance à être « cérébrale, expérimentale, exigeante ». Et donc un peu ennuyeuse.