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La vraie histoire du roi Arthur

Le château de Camelot et la fameuse Table ronde, deux piliers de la légende arthurienne, n’apparaissent dans les textes que plus 600 ans après la mort supposée du monarque légendaire. « C’est là le secret de la longévité d’Arthur : une absence de sources qui alimente les spéculations », note le médiéviste Levi Roach dans la Literary Review.

King Arthur, le dernier ouvrage de l’historien britannique Nicholas J. Higham, « s’intéresse moins à Arthur lui-même (en effet, Higham rejette l’idée même que le roi ait existé) qu’à comment, quand, et pourquoi les récits arthuriens se sont développés », ajoute Roach.

Arthur est censé avoir vécu au tournant des Ve et VIe siècles. Mais pour cette période, les sources historiques sont quasi inexistantes. Higham y traque les mentions du prénom Arthur, mais aucun des personnages ainsi nommés n’est roi ou ne semble avoir une quelconque importance. Dans le texte le plus important de l’époque, De Excidio Britanniae (« Sur les ruines de la Bretagne »), le moine Gildas le sage évoque bien la bataille du Mont Badon, l’une des victoires attribuées à Arthur, mais il ne mentionne jamais le célèbre roi. L’historicité du monarque tient pour beaucoup au crédit apporté à un texte du IXe siècle, Historia Brittonum (« Histoire de la Bretagne »), attribué au chroniqueur Nennius. Mais selon Higham, il est tout sauf fiable. Sur de nombreux sujets, Nennius n’hésite pas à mêler faits et fiction. « Il est logique de penser que son traitement d’Arthur a suivi le même schéma. Il a peut-être extrapolé à partir d’un personnage mineur réputé pour sa bravoure, comme celui mentionné dans le poème gallois Y Gododdin », précise l’historienne Barbara Yorke dans The Times Literary Supplement.

Si l’Arthur qu’on connaît (conseillé par le magicien Merlin, à la tête d’une bande de chevaliers…) semble être une création de l’évêque Geoffroy de Monmouth au XIIe siècle, tous les Arthur ont gardé quelque chose du chef de guerre décrit par Nennius, dont le seul but aurait été d’inciter les Gallois à la résistance contre l’envahisseur saxon. « Du Moyen-Âge à nos jours, les chroniqueurs ont modelé le personnage selon leurs besoins. Il a été le champion de l’indépendance galloise et un symbole de l’impérialisme anglais, le dernier Romain et le premier Britannique. Et il ne faudra pas longtemps avant qu’on en fasse un ardent partisan du « Remain » et un pro-Brexit pur et dur », s’amuse Levi Roach.

 

À lire aussi dans Books : Voir la vie en rond, avril 2014.

LE LIVRE
LE LIVRE

King Arthur, The Making of The Legend de Nicholas J. Higham, Yale University Press, 2018

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