Christian Gollier : « Que sommes-nous prêts à sacrifier ? »
Publié dans le magazine Books n° 3, mars 2009. Par Christian Gollier.
Les divergences entre économistes portent sur le degré d’optimisme et de confiance en la recherche scientifique et technique.
Quand il s’agit du long terme, le problème de base des économistes, comme celui des climatologues, est d’intégrer les incertitudes. Quel peut être le sens d’un taux d’actualisation portant sur cent ou deux cents ans ?
La question que pose le changement climatique à l’économiste, comme d’ailleurs d’autres grands enjeux de développement durable (OGM, nucléaire, biodiversité…), c’est de savoir ce que nous serions prêts à sacrifier de notre consommation courante pour améliorer la consommation des générations futures. Évidemment, la réponse à cette question dépend crucialement de ce que nous anticipons du niveau de développement de ces générations. Si nous croyons que la croissance du PIB réel sera de 2 % par an, comme ce fut le cas au cours des deux derniers siècles dans les pays développés, la consommation des ménages dans deux cents ans sera plus de cinquante fois supérieure à celle d’aujourd’hui. Intuitivement, on comprend que, par cet « effet richesse », nous les pauvres ne serons prêts à sacrifier une partie de notre prospérité pour augmenter celle de nos riches descendants ...