Il est dangereux de faire cocu un général
Publié en septembre 2025. Par Books.
Cornamenta d’Horacio Castellanos Moya est une nouvelle pièce de la saga littéraire centrée sur la famille Aragón, à travers laquelle l’auteur explore l’histoire violente et chaotique de son pays, le Salvador, dans les années 1970. Le roman suit Clemente Aragón, un homme marié et respecté dans la société salvadorienne, qui s’embarque dans une aventure avec Blanca, l’épouse d’un général et ami proche. Cette infidélité, combinée à des appels mystérieux et au suicide étrange d’un catcheur membre des Alcooliques Anonymes que Clemente coordonne, le plonge dans une paranoïa croissante.
L’histoire se déroule lors d’un week-end de février 1972, période marquée par une vague de protestations, d’intrigues et de conspirations enclenchée par la fraude électorale du gouvernement militaire. À travers le destin de la famille Aragón, Castellanos Moya dépeint la dérive d’une nation en proie à un conflit sans fin. « Un roman court mais intense, amusant et magnifiquement écrit », juge Ángel Peña sur le portail espagnol The Objective. « L’humour est présent dès le titre », ajoute-t-il (les « cornes » du cocu). « La tragédie et la comédie vont de pair, explique Castellanos Moya. L’humour, l’ironie et la satire allègent la dureté de la vie, permettent d’affronter la sordidité et la cruauté, de résister à un quotidien absurde et violent. » L’histoire fait bien sûr écho à la situation actuelle.
Dans une interview donnée en mai 2025 à la BBC News Mundo, Castellanos Moya juge qu’au Salvador la démocratie a pris fin en 2019, lorsque Nayib Bukele a remporté les élections, écrasant les deux partis qui dominaient la scène politique depuis trois décennies. « Les institutions n’ont plus aucun sens, car c’est un parti autocratique qui contrôle tout. »
« Nous vivons à l’ère des anxiolytiques », confie-t-il par ailleurs à Ángel Peña. « L’anxiété touche aussi bien les personnes qui ont vécu des situations traumatisantes à un moment donné de leur vie que celles qui sont accros à l’écran de leur appareil électronique. Dans mon cas, le fait d’avoir grandi dans une société politiquement polarisée et violente n’est pas étranger à ma façon de comprendre le monde. »