Optimiste ? Vade retro satana !
Publié en novembre 2025. Par Books.
Sur le marché du catastrophisme, la concurrence est vive, mais les acteurs sincères. Ainsi de l’Américain tourmenté Roy Scranton, né en 1976, déjà auteur d’un « Apprendre à mourir dans l’Anthropocène » (2015) et de « Nous sommes condamnés. Et maintenant ? » (2018). Son non moins ténébreux « Impasse » prolonge cette réflexion. Comme la plupart des catastrophistes, Scranton est obsédé par le changement climatique, passant sous silence ou minimisant d’autres motifs d’inquiétude légitime. La catastrophe est certaine, puisque même les moyens de la contrer vont contribuer à la précipiter, soutient-il. Le progrès est une illusion et l’optimisme un biais cognitif qui fausse les perspectives.
Mais si le monde est foutu, tout n’est pas perdu. Il existe peut-être une planche de salut, un ultime recours : le « pessimisme éthique ». Sans plus d’illusions sur notre sort, qui est scellé, acceptons notre lot d’êtres souffrants et donnons du sens à une vie qui reste possible en développant nos facultés de compassion et notre attachement à l’équité. Le pessimisme ainsi compris « consiste à embrasser un espoir radical et paradoxal : celui que la vie pourrait encore valoir d’être vécue après la fin du monde ».
« La prose de Scranton est érudite et dense, elle produit de longues phrases qui serpentent dans la philosophie, l’histoire et les études en sciences sociales », écrit la journaliste new-yorkaise Rhoda Feng dans le Times Literary Supplement. Elle est séduite par les idées de l’auteur, mais si « pour un lecteur patient, l’effet est immersif, cela risque de détourner ceux qui sont en quête d’une argumentation rationnelle ou de préconisations politiques claires ».
