Parler avant de penser
Publié en février 2010.
Comment le langage est-il apparu ? La pensée complexe l’a-t-elle précédé ou est-ce l’inverse ? Dans Adam’s Tongue (« La langue d’Adam »), le linguiste Derek Bickerton s’attaque à une difficile entreprise d’archéologie du langage.
Comment le langage est-il apparu ? La pensée complexe l’a-t-elle précédé ou est-ce l’inverse ? Dans Adam’s Tongue (« La langue d’Adam »), le linguiste Derek Bickerton s’attaque à une difficile entreprise d’archéologie du langage.
Professeur à l’université de Hawaï, Bickerton a longtemps considéré avec scepticisme la possibilité de connaître les étapes de l’évolution du langage : on ne retrace pas l’origine des langues en exhumant des reliques de la même façon que l’on découvre les restes d’une communauté préhistorique… Fervent adepte de Noam Chomsky, il adhérait à sa théorie d’une connaissance innée de la grammaire universelle, dont l’acquisition se ferait indépendamment de l’intelligence. Les travaux sur l’évolution du cerveau, la génétique et la cognition animale vont pourtant l’inciter à remettre en cause son approche.
Partant de la théorie dite de la « construction de niche », selon laquelle une espèce informe son environnement en fonction de ses besoins, il tente de mettre à jour les conditions d’apparition du langage chez l’homme. Adam’s Tongue décortique les études de cas les plus connues dans le domaine. Peu échappent à ses railleries mordantes… En particulier les « continuistes », qui soutiennent que les modes de communication des animaux sont à l’origine d’une évolution progressive vers le langage. Le linguiste écarte d’emblée l’idée que le chant des gibbons ou la gestuelle des primates puissent être des jalons dans l’élaboration d’une langue. Selon Derek Bickerton, le langage s’est développé en réponse à des besoins logistiques : que l’on pense au défi que représentait le dépeçage d’un mammouth ! Comment réunir un nombre suffisant d’hommes pour se charger de cette tâche titanesque ? Grâce au langage. Celui-ci « est arrivé en premier et a permis à l’être humain de se mettre à penser », résume, dans le New Scientist, Christine Keanelly, qui voit dans Adam’s Tongue un ouvrage fondamental, qui renouvelle la réflexion sur l’évolution du langage.
Professeur à l’université de Hawaï, Bickerton a longtemps considéré avec scepticisme la possibilité de connaître les étapes de l’évolution du langage : on ne retrace pas l’origine des langues en exhumant des reliques de la même façon que l’on découvre les restes d’une communauté préhistorique… Fervent adepte de Noam Chomsky, il adhérait à sa théorie d’une connaissance innée de la grammaire universelle, dont l’acquisition se ferait indépendamment de l’intelligence. Les travaux sur l’évolution du cerveau, la génétique et la cognition animale vont pourtant l’inciter à remettre en cause son approche.
Partant de la théorie dite de la « construction de niche », selon laquelle une espèce informe son environnement en fonction de ses besoins, il tente de mettre à jour les conditions d’apparition du langage chez l’homme. Adam’s Tongue décortique les études de cas les plus connues dans le domaine. Peu échappent à ses railleries mordantes… En particulier les « continuistes », qui soutiennent que les modes de communication des animaux sont à l’origine d’une évolution progressive vers le langage. Le linguiste écarte d’emblée l’idée que le chant des gibbons ou la gestuelle des primates puissent être des jalons dans l’élaboration d’une langue. Selon Derek Bickerton, le langage s’est développé en réponse à des besoins logistiques : que l’on pense au défi que représentait le dépeçage d’un mammouth ! Comment réunir un nombre suffisant d’hommes pour se charger de cette tâche titanesque ? Grâce au langage. Celui-ci « est arrivé en premier et a permis à l’être humain de se mettre à penser », résume, dans le New Scientist, Christine Keanelly, qui voit dans Adam’s Tongue un ouvrage fondamental, qui renouvelle la réflexion sur l’évolution du langage.