Louis-Philippe, roi par la grâce des femmes

Il est l’un des grands mal-aimés de l’histoire de France. Louis-Philippe n’eut pourtant pas que des démérites. Une biographie de l’historien britannique Munro Price, Louis-Philippe, le prince et le roi. La France entre deux révolutions, lui rend justice. Et rappelle le rôle centrale joué par les femmes dans son ascension.

Louis-Philippe est pour les Français un roi mystérieux, généralement mal compris. On se souvient surtout de sa caricature par Daumier : une grosse poire ridée, presque blette. On sait qu’il a commencé sa carrière comme libéral. Fils de Philippe Egalité – qui vota la mort de Louis XVI et mourut guillotiné –, il a même combattu à Valmy. Puis, devenu roi de France en 1830, à la faveur des Trois Glorieuses, il a, de façon tout à fait classique, lentement dérivé vers le conservatisme, jusqu’à en perdre son trône en 1848, à l’issue d’une autre Révolution. Sa vie privée, irréprochable mais terne (dix enfants avec la pieuse Marie-Amélie), n’a pas non plus incité la postérité à la curiosité.

Pourtant, le « Roi Bourgeois » mérite mieux. Les Anglais le savent – peut-être parce que Louis-Philippe, comme son père, ne jurait que par le modèle de gouvernement britannique. « Il combinait dans sa propre personne la plupart des contradictions politiques sociales et culturelles qui déchiraient la France depuis la Révolution », commente Adam Zamoyski, grand spécialiste anglais de notre XIXe siècle, qui se félicite dans le Telegraph de l’éclairage apporté par Munro Price. Ce dernier, dans son livre, récemment traduit en français, s'intéresse de près à la Restauration, « période pourtant généralement considérée avec dédain, comme une tentative maladroite et condamnée de retour vers l’ancien régime » .

Dans le Mail on Sunday, une autre historienne anglaise et francophile, Antonia Fraser (veuve du dramaturge Harold pinter), a quant à elle relevé chez le Louis-Philippe dépeint par Munro Price un trait surprenant pour un monarque ambitieux et dominateur : c’est grâce aux femmes qu’il a réussi. A deux femmes, plus précisément : la reine Marie Amélie, son épouse, et Madame Adélaïde, sa sœur – « deux femmes remarquables, toutes deux à sa dévotion, et qui se répartissaient travail », explique Price. A la reine, le domaine familial : bonheur privé, amour, confort, progéniture pléthorique. A la sœur, tout le reste. Et d’abord le trône, qu’elle est allée chercher elle-même pour son frère qui hésitait un peu à pousser son cousin Charles X vers l’exil. « Ah, si seulement j’avais une épée », gémissait Adélaïde en courant les barricades de la Révolution de Juillet. Cette femme intelligente et généreuse était restée célibataire, pour mieux servir son frère. Elle est morte le 1er janvier 1848. A peine quelques semaines plus tard, son inconsolable frère se faisait brutalement débarquer.
LE LIVRE
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Louis-Philippe, le prince et le roi. La France entre deux révolutions de Louis-Philippe, roi par la grâce des femmes, Fallois

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