Le génie négligé de Victor Fleming…
Publié en juillet 2009.
Victor Fleming fut un grand réalisateur avant de sombrer dans un relatif oubli. Un sort injuste, aux yeux de David Denby, célèbre critique de cinéma américain, qui saisit l’occasion offerte par la parution de la première biographie consacrée au personnage pour rappeler dans le New Yorker sa contribution au 7e art.
Victor Fleming fut un grand réalisateur avant de sombrer dans un relatif oubli. Un sort injuste, aux yeux de David Denby, célèbre critique de cinéma américain, qui saisit l’occasion offerte par la parution de la première biographie consacrée au personnage pour rappeler dans le New Yorker sa contribution au 7e art. Fleming est l’auteur de deux des plus grands chefs-d’œuvre d’Hollywood : Autant en emporte le vent et Le Magicien d’Oz. Si la postérité l’ignore, c’est parce qu’il était perçu comme un professionnel, talentueux certes, mais non comme un véritable artiste. Fleming était un caméléon, un généraliste, écrit Denby, qui savait se « réinventer à chaque projet et qui a réalisé de bons films de plusieurs styles différents ». Son œuvre n’a donc aucune cohérence ; Fleming n’avait pas de griffe à apposer. Il possédait en revanche deux qualités cardinales. Il dirigeait ses acteurs de main de maître, même lorsqu’il ne s’entendait pas avec eux. Témoin Vivien Leigh, qui a incarné Scarlett O’Hara, avec laquelle il était en conflit permanent. Cela fait dire à Denby : « La puissance du film naît de leur antipathie réciproque ». Fleming – et c’est son second talent –maîtrisait de manière exceptionnelle la narration. Il pouvait « mener des personnages bien campés à travers une histoire bien construite, menant à des rencontres fortes en émotion et à un point d’orgue dramatique satisfaisant ». Denby en appelle donc aux historiens du cinéma : il faut célébrer, « comme le public l’a toujours fait », non seulement les « génies torturés », mais aussi les maîtres « polyvalents » qui ont réalisé certains des meilleurs films américains.