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À 24 ans, le poète ukrainien Artur Dron est déjà célèbre dans son pays. Étudiant en journalisme à l’université de Lviv, il s’est engagé dès l’invasion russe vers Kiev en février 2022 et est resté sur le front depuis lors, au sein de la 125e brigade de défense territoriale. Il a été récemment blessé par un drone russe. Ce recueil de poèmes est le deuxième traduit en anglais. Sa poésie est rédigée dans une langue simple et directe. Elle évoque les sentiments des jeunes hommes au combat. Leur vulnérabilité cachée : « Dans le village / une femme crie “mon fils !” / Et chacun d’entre nous de tourner la tête ». La conviction que leur sacrifice a un sens : « Seuls la neige / et les soldats tombent / les soldats tombent, les enfants grandissent ». Sa poésie est imprégnée d’une foi catholique intense. « Ma vision du monde est enracinée dans mes convictions chrétiennes, confie-t-il au site Literary Hub. J’inclus souvent des motifs bibliques dans ma poésie. Non que je suppose que tous mes lecteurs les reconnaîtront, mais parce que c’est ainsi que je m’exprime de manière authentique. » Il dit aussi : « Mes poèmes sont écrits sur le front, mais ils ne sont pas sur la guerre. Ils sont sur des gens qui aiment plus qu’ils n’ont peur. »
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Oublié sous le régime du général Franco en raison de ses prises de position pro-républicaines, occulté par une partie de la gauche qui n’appréciait pas sa dénonciation des violences commises par certaines factions d’extrême gauche durant la guerre civile, Manuel Chaves Nogales a récemment été redécouvert. On a dit qu’il était le plus grand journaliste espagnol du XXe siècle. La formule est risquée, dans un pays comme l’Espagne où existe une robuste et florissante tradition de journalisme littéraire. Mais il fut certainement un des meilleurs journalistes de la première moitié du siècle. Ses écrits jettent une lumière éclairante sur l’histoire de la Seconde République espagnole, la guerre civile, la révolution communiste en Russie, l’essor du nazisme en Allemagne, la défaite de la France face à l’Allemagne et la bataille d’Angleterre.
Au cours des dernières années, María Isabel Cintas Guillén, une universitaire, a rassemblé en cinq volumes les milliers d’articles parus sous sa signature dans des journaux du monde entier et publié une première biographie. Les écrivains Andrés Trapiello et António Muñoz Molina ont attiré l’attention sur ses grands livres, qui avaient disparu des rayons des librairies sous le franquisme. Et l’historien Francisco Cánovas Sánchez vient de publier un essai biographique dans lequel, après avoir résumé sa vie en une centaine de pages, il examine la manière dont il a rendu compte des grands épisodes historiques dont il a été témoin.
Né à Séville en 1897, Manuel Chaves Nogales a grandi dans un milieu littéraire et journalistique. Son père, chroniqueur officiel de la ville, était membre de l’Académie royale sévillane des belles-lettres. Son oncle fut le directeur du journal local El Liberal. Séville était alors une ville très provinciale et conservatrice, dominée par l’aristocratie terrienne et l’Église. Dans ses premiers articles, Chaves Nogales parle de la vie qu’on y mène, notamment des racines du folklore andalou tel qu’il s’exprime dans les célèbres processions religieuses, et de réalités sociales comme l’exploitation des femmes et des ouvriers agricoles. Des années plus tard, en 1935, Séville réapparaîtra dans ce qui demeure aujourd’hui son livre le plus célèbre, une biographie romancée du matador Juan Belmonte, dont il décrit l’enfance dans les rues de la ville : « Juan est une très petite chose, la rue, par contre, est trop grande, tumultueuse et variée. C’est une rue aussi grande et aussi variée que le monde. Juan ne le sait pas, mais la vérité est que ce qu’il veut, errer librement, être le maître de la rue, est aussi difficile qu’être le maître du monde. » Le livre continua à être disponible dans l’Espagne de Franco, en raison d’un malentendu. On le prenait pour un ouvrage sur la tauromachie, sujet qui n’intéressait pas particulièrement Chaves Nogales. Dans son esprit, il s’agissait d’un essai d’histoire sociale, le récit de la vie d’un garçon pauvre devenu riche et célèbre, en même temps qu’un échantillon de ce journalisme de qualité littéraire qu’il pratiquait et dont il défendait le principe.
En 1919, il rencontrait une jeune femme nommée Ana Pérez Ruiz, qu’il épousa et qui lui donna quatre enfants. En même temps que pour El Liberal, il se mit à travailler pour le journal La Voz de Cordoue et El Sol de Madrid. Peu après, il s’installait dans la capitale. Il y fournira des contributions à plusieurs journaux parmi lesquels l’Heraldo de Madrid, dont il finira par devenir rédacteur en chef. Sous le régime dictatorial du Premier ministre du roi Alphonse XIII Miguel Primo de Rivera, toutes les publications étaient soumises à une censure que les rédactions contournaient notamment à l’aide de récits de fiction. Chaves Nogales fut un des premiers journalistes à utiliser l’avion pour réaliser ses reportages. En 1928, il entreprit un périple aérien de 16 000 kilomètres à travers l’Europe, qui le conduisit de la France à l’Italie en passant par la Suisse, l’Allemagne, la Lettonie, la Tchécoslovaquie, la Russie et l’Autriche. Voici la manière dont il décrit ses impressions de la Russie vue du ciel : « Survoler le territoire russe […] c’est […] comme suivre un itinéraire avec le doigt sur une carte. Sur des milliers de kilomètres, il n’y a pas le plus petit changement de décor. La terre russe est une vaste plaine très distincte des zones montagneuses et il n’y a pas de ces accidents constants en Espagne où la plaine, le plateau et la montagne alternent tous les cent kilomètres. » Son séjour dans ce pays lui donna l’occasion de découvrir le régime communiste issu de la révolution russe et de la terrible guerre civile qui s’ensuivit. « Chaves Nogales, observe Cánovas Sánchez, reconnaît les efforts des dirigeants communistes pour construire une nouvelle société, garantir aux femmes les pleins droits et améliorer le système économique mais, d’un autre côté, il critique le développement de la bureaucratie, la négligence des besoins élémentaires [de la population], les violations des droits et des libertés. » Entre autres faits caractéristiques, il souligne la quantité effrayante d’enfants abandonnés dans les rues et la redoutable efficacité de la police soviétique. Il reviendra plus tard sur la Russie communiste dans un livre intitulé Le Double Jeu de Juan Martínez, récit romancé de la tournée réalisée dans ce pays, au moment où éclatait la révolution d’octobre, par un danseur de flamenco qu’il avait rencontré à Paris. Mêlant personnages réels et inventions de situations, le livre est écrit d’une manière qui anticipe, a-t-on dit, les techniques du « nouveau journalisme » de Tom Wolfe et de Norman Mailer.
Manuel Chaves Nogales put également observer les conséquences de l’essor du nazisme en Allemagne. Dans une série de reportages réalisés en 1933, il décrit la manière dont le régime a profondément transformé la société allemande : « Depuis l’arrivée au pouvoir d’Hitler, toutes les énergies spirituelles de la nation […] s’appliquent à préparer la guerre de demain ». Il met en lumière l’importance de l’endoctrinement de la jeunesse et l’impact de la propagande de Joseph Goebbels, « un type ridicule, grotesque, [qui] a la même capacité de suggestion et de domination que tous les grands illuminés, les fanatiques d’une seule idée incarnée : Robespierre ou Lénine ». L’ampleur de la répression des dissidents politiques et leur envoi dans les camps de concentration ne lui échappent pas, tout comme la volonté du régime d’« extirper méthodiquement les juifs » du pays.
Au moment où il écrivait ces lignes, suite à la démission forcée de Primo de Rivera et à l’appel lancé par trois grands intellectuels, José Ortega y Gasset, Gregorio Marañón et Ramón Pérez de Ayala, la république avait été réinstaurée en Espagne. Devenu membre, sous le nom de « Larra », en hommage au grand journaliste du XIXe siècle Mariano José de Larra, de la loge Danton de la franc-maçonnerie espagnole, Chaves Nogales avait été nommé directeur exécutif du journal Ahora, dont il était en réalité le directeur de facto. Ahora, indique Cánovas Sánchez, était « le représentant d’une bourgeoisie moyenne républicaine et non cléricale de commerçants, fonctionnaires, intellectuels et patrons de petites entreprises, penchant vers la gauche ou la droite selon les fluctuations politiques du moment ». Le journal accueillait des contributions de nombreux écrivains et intellectuels fameux : Antonio Machado, Valle-Inclán, Pío Baroja, Miguel de Unamuno, Eugenio d’Ors, Azorín. Proche de la ligne du gouvernement de centre gauche de Manuel Azaña sans en être le porte-parole, il défendait la légalité et le respect de la volonté populaire et prônait le refus de la violence.
Le 17 juillet 1936, des régiments stationnés au Maroc sous l’autorité du général Franco se soulevèrent contre le gouvernement. Bientôt, le pays se trouva divisé en deux : une région contrôlée par le gouvernement républicain comprenant notamment Madrid, la Catalogne, le Pays basque et une partie de la Castille ; une autre aux mains des militaires rebelles. Chacun des deux partis se livrait à de graves exactions chez l’adversaire, particulièrement meurtrières dans le cas des actions menées par leurs factions extrémistes. Les troupes franquistes bénéficiaient du soutien logistique et militaire de l’Allemagne et de l’Italie. Privée de l’aide possible de la France et de l’Angleterre en raison de la politique de « non-intervention » de ces deux pays, ne pouvant compter que sur le maigre appui des « brigades internationales », l’armée républicaine finit par être défaite. Lorsque le gouvernement républicain quitta Madrid assiégée pour Valence, Chaves Nogales se résolut à fuir la ville. Il savait que cette décision allait être controversée, mais il se sentait menacé. « Je savais par des confidences dignes de foi, qu’avant même que commence la guerre civile, un groupe fasciste de Madrid avait décidé […] de procéder à mon assassinat à titre de mesure préventive contre le possible triomphe de la révolution sociale, sans préjudice de ce que les révolutionnaires, anarchistes et communistes me considéraient de leur côté comme parfaitement digne d’être fusillé. »
Ces lignes figurent dans l’introduction d’À feu et à sang, l’ouvrage qu’il rédigea à Paris où il s’est réfugié avec sa famille en quittant l’Espagne. Avec beaucoup de réalisme, il y raconte le déroulement des combats et les atrocités auxquelles se livrèrent aussi bien les milices populaires que les troupes de Franco. Dans les Chroniques de la guerre civile, publiées dans une série de journaux européens et américains, il esquisse une analyse des raisons qui ont permis à un coup militaire de se transformer en un affrontement général. Et dans La Défense de Madrid, il décrit l’effort héroïque des Madrilènes sous le commandement du général républicain José Miaja pour sauver la capitale : « Hommes, femmes et enfants travaillent fébrilement, arrachant les pavés et remplissant de terre les sacs dont ils disposent. Quand ils n’ont plus de sacs, ils remplissent de terre des sachets en papier improvisés, des barils usagés, des pots […], tout ce qu’ils ont sous la main. Toute la journée, ils travaillent frénétiquement […] avec une ténacité […] de fourmis. Les aviateurs ennemis qui observent constamment doivent avoir le sentiment que Madrid est une fourmilière […] affolée. »
Observateur sagace, Chaves Nogales, affirme Cánovas Sánchez, n’en a pas moins commis certaines erreurs d’appréciation. Il a par exemple sous-estimé les capacités de Franco, ce qui l’a conduit à prédire à tort une fin rapide des combats. Sans doute en raison de son expérience de la Russie soviétique et de l’Allemagne hitlérienne, il avait par ailleurs tendance à analyser la guerre civile comme un affrontement entre le fascisme et le communisme, quand la réalité était plus compliquée : « Les forces politiques qui appuyaient la république étaient […] nombreuses : socialistes, libéraux, communistes, trotskystes, […] anarchistes ». Et il en allait quelque peu de même, ajoute-t-il, de l’autre côté.
Manuel Chaves Nogales était un homme de centre gauche, libéral, démocrate et attaché au régime républicain. Une partie de la gauche espagnole reproche aujourd’hui à ceux qui saluent son courage et sa lucidité d’instrumentaliser son souvenir pour nourrir l’idée de l’existence d’une « troisième Espagne » qui, selon elle, n’aurait jamais existé. Peu de choses, certes, réunissaient certaines personnalités souvent regroupées sous ce nom. À part le refus de l’extrémisme et de la violence, cependant, ce qui n’est tout de même pas rien. Ce que montre surtout cette polémique, en plus du manichéisme de certains, c’est à quel point, plus de 80 ans après, les cicatrices de la guerre civile demeurent vives en Espagne.
En exil, Chaves Nogales publia des textes sur les pays qui l’avaient accueilli. Dans L’Agonie de la France, il dépeignit la « profonde crise idéologique, morale et politique de la France » à l’issue de la « drôle de guerre » et de la reddition de l’armée française : un sombre tableau qui a été comparé aux témoignages contemporains de Marc Bloch et Jean Guéhenno. Puis il décrivit l’Angleterre sous les bombardements dans les chroniques qu’il rédigea à Londres, où il s’était installé après l’invasion de la France par l’armée allemande, pour échapper à la Gestapo qui pourchassait les républicains réfugiés. Il y travailla pour de nombreux journaux latino-américains et la BBC et y créa une agence de presse. C’est là qu’il mourut à presque 47 ans, loin de sa femme et de ses enfants qu’il avait mis à l’abri en Espagne en quittant Paris, de complications de l’opération chirurgicale d’un cancer de l’estomac, quelques semaines avant le débarquement allié en Normandie qu’il attendait avec impatience.
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« La sociologie est un sport de combat », professait Pierre Bourdieu. Spécialiste des inégalités sociales, le sociologue américain Philip N. Cohen s’inscrit dans cette tradition, qu’il entend renouveler et surtout actualiser, eu égard aux menaces que la deuxième administration Trump fait peser sur des pans entiers de la recherche scientifique. Cohen ne cache pas ses préférences politiques. Il se définit comme « un progressiste qui défend des politiques sociales de gauche ». Il juge périmée la tradition enjoignant aux scientifiques de séparer clairement leur recherche et leur éventuel engagement politique. « Je pense que les rôles d’universitaire et de citoyen sont compatibles », écrit-il. Fort de son expérience sur Twitter (qu’il a quitté), il invite ses collègues à profiter des réseaux sociaux pour toucher un large public, journalistes y compris. D’autant que la présence sur les réseaux sociaux favorise la carrière des chercheurs. Au terme d’un compte rendu favorable de ce livre dans Science, le spécialiste de l’éducation Jonathan Wai pose ces questions : « Les chercheurs universitaires doivent-ils être ouvertement politiques ? Ou bien au contraire doivent-ils s’efforcer de réduire le risque que leurs valeurs personnelles biaisent leur recherche ? Quand l’engagement dans le débat public risque-t-il de faire plus de mal et quand peut-il faire plus de bien ? »
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Si vous avez la faiblesse de croire que vous disposez d’une once de libre arbitre, d’une faculté d’agir indépendante de ce qui vous détermine, vous êtes victime d’un vieux préjugé, assène le neurobiologiste de Sanford Robert Sapolsky. Un préjugé auquel nous nous accrochons avec une « ténacité féroce ». Les études scientifiques les plus poussées le montrent, nous n’exerçons aucun contrôle sur les déterminants biologiques, environnementaux et culturels qui ont façonné nos ancêtres et continuent de nous façonner jusqu’à l’instant présent. Nous ne sommes d’ailleurs que des maillons dans un univers déterministe, car « tout ce qui est advenu était destiné à advenir ». Ceux qui pensent le contraire avancent des arguments « ridicules et absurdes ». De fait, si « l’on met bout à bout tous les résultats scientifiques de toutes les disciplines concernées, il n’y a pas de place pour le libre arbitre ».
Développé sur 500 pages, ce point de vue radical est à son tour ridiculisé par l’historienne des sciences Jessica Riskin, sa collègue à Stanford. Ce n’est pas parce que les sciences n’ont pas identifié les ressorts du libre arbitre que celui-ci est à jeter à la poubelle, écrit-elle dans un long article publié dans la New York Review of Books. La question du libre arbitre ne ressort pas de la science, soutient-elle, mais de la philosophie. Elle estime que Sapolsky, un auteur à succès, est victime sans le savoir d’une longue tradition déterministe dont elle retrace les étapes : Calvin, Newton, l’anglican William Paley, le physicien français Laplace et les biologistes qui ont malheureusement rigidifié la théorie de Darwin August Weismann et Ernst Mayr – entre autres.
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En mai 1970, Kissinger convia à déjeuner à la Maison Blanche son ami l’éditeur Siegfried Unseld, en compagnie de Max Frisch, alors le plus vendu des auteurs de la célèbre maison d’édition dirigée par Unseld, Suhrkamp. Kissinger et Unseld s’étaient liés d’amitié en 1955, quand le premier, sur recommandation d’Hermann Hesse, avait invité le second à l’école d’été internationale qu’il venait de lancer. Dans sa recommandation, Hesse écrivait qu’Unseld « tiendrait sans doute une place importante dans l’avenir de l’édition et de la culture en Allemagne ». Il ne se trompait pas. Suhrkamp publia les plus grands auteurs d’après-guerre et exerça une influence considérable. Willi Winkler parle de « l’amitié de deux survivants » car la famille juive de Kissinger avait fui l’Allemagne nazie, tandis qu’en 1944 Unseld, soldat allemand âgé de 20 ans, cerné par les Russes en Crimée, s’était échappé en nageant pendant huit heures dans la mer Noire.
Doué d’un « flair pour les modes et un génie du marketing », écrit Ben Hutchinson dans le Times Literary Supplement, Unseld était animé au départ par l’ambition de montrer que la littérature sous toutes ses formes pouvait contribuer à aider son pays à renier son passé. Il partageait avec Kissinger l’optimisme politique caractérisant les années d’après-guerre. Les participants de haute volée de l’école d’été internationale, dont certains eurent un destin fameux, se considéraient comme des « citoyens du monde », expression employée par Unseld dans une de ses lettres. En 1970, quand Kissinger l’invite à la Maison Blanche, ils ne sont plus du même bord. Kissinger le présente affectueusement comme « mon ami et éditeur de gauche », car entretemps Unseld avait pris le virage de la contestation soixante-huitarde. Mais plus pour des raisons commerciales que par conviction, écrit Hutchinson.
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Descriptions d’égocrates désaxés, obsédés de conquête, accapareurs, paranoïaques, affabulateurs, immoraux voire dépravés, brutaux, prêts à mettre le feu au monde pour assouvir leurs appétits… Non, il ne s’agit pas de ceux d’aujourd’hui mais d’autres, bien plus anciens : les douze Césars tels que portraiturés par l’historien latin Suétone et dont vient de paraître en anglais une traduction modernisée par l’historien Tom Holland… Pourtant, entre les hyper-présidents de 2025 et les Césars de Suétone, depuis Jules jusqu’à Domitien, la continuité n’est que trop visible. Comme si la volonté d’acquérir le pouvoir, et les dommages mentaux qu’entraîne implacablement son exercice, répondaient aux mêmes lois psychiques à travers les millénaires.
Ainsi, Jules César maniait déjà les fake news, « altérant, sciemment ou faute de mémoire, la vérité des faits », raconte Suétone ; et il méprisait autant le Sénat de Rome que son lointain épigone celui de Washington. Les successeurs de César s’étaient (presque tous) bâtis des palais phénoménaux (cf. Mar-a-Lago ou Putin-Palace à Guelendjik), et Caligula avait en plus voulu rentabiliser le sien en y intégrant un bordel public et même un casino (un proto-Trump Plaza ?). Pouvoir politique et avidité financière croissent inéluctablement de pair, et sans limite, montre Suétone, qui évoque Tibère « se promenant souvent nu-pieds sur d’énormes monceaux d’or étalés dans un vaste bâtiment, et quelquefois s’y roulant tout entier », façon Picsou. Quant aux anti-César de tout poil, opposants, rivaux ou simples ploutocrates aux fortunes insolentes, ils étaient éliminés, mais dans des conditions tout de même bien pires que les chutes par la fenêtre et autres infortunes réservées aux oligarques d’aujourd’hui. Enfin tous utilisaient leur puissance illimitée pour assouvir impunément et sans limite leurs fantasmes sexuels, occasion pour le ragotier Suétone de décrire avec délectation leurs extravagances. « Il donnait à ses lecteurs d’antan tout ce qu’ils voulaient comme détails sur les préférences impériales, jeunes garçons ou épouses de sénateurs », écrit Roy Gibson dans le Times Literary Supplement.
Mais si la recette a valu à Suétone un succès inter-séculaire, celui-ci n’est du coup pas considéré comme un historien très sérieux, bien qu’en tant que secrétaire de l’empereur Hadrien (en charge des correspondances impériales) il ait eu accès à des sources exceptionnelles. Qui plus est, son récit n’est pas rigoureux et chronologique comme le veulent les règles de l’art, et il n’explore pas la psyché de ses (anti)héros aussi scrupuleusement que ses grands confrères, Plutarque et autres Tite-Live. Enfin le style de Suétone laisse à désirer, juge encore Roy Gibson : usant d’un latin « volontiers lourdingue », il a tendance à s’appesantir dans ses descriptions sinon ses analyses, poussant ses traducteurs à corriger le tir en allégeant le texte ou la phrase partout où c’est possible. Mais dans sa traduction « entièrement rénovée », Tom Holland prend le contre-pied de cette approche : il suit au contraire le rythme « nonchalant » du texte et « donne ainsi tout leur poids aux énormités morales » des Césars, se félicite Roy Gibson. Avis donc aux biographes qui fourbissent dès à présent leurs plumes, et à leurs futurs traducteurs : plus le méga-potentat portraituré manifeste de singularités cocasses ou horrifiantes, plus celles-ci doivent recevoir d’ampleur. Ça promet !
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Notre vie se déroule au milieu d’un océan d’incertitudes : pourquoi les choses se sont-elles passées de telle manière plutôt que de telle autre ? Comment se passeront-elles dans l’avenir ? Que devons-nous craindre et que pouvons-nous espérer ? Nul n’a mieux résumé cette caractéristique de la condition humaine que l’ancien secrétaire à la Défense des États-Unis Donald Rumsfeld dans une déclaration fameuse, raillée à l’époque en raison de son objet (la présence ou non d’armes de destruction massive en Irak), mais aujourd’hui considérée comme exprimant une vérité profonde : « Comme chacun sait, il y a le connu connu, c’est-à-dire les choses que nous savons que nous savons ; nous savons aussi qu’il y a l’inconnu connu, c’est-à-dire les choses que nous savons que nous ne savons pas ; mais il y a aussi l’inconnu inconnu – les choses que nous ne savons pas que nous ne savons pas ».
L’objet du calcul des probabilités consiste à ramener de l’inconnu inconnu à de l’inconnu connu, en quantifiant l’incertitude. David Spiegelhalter lui consacre un livre, qui s’inscrit dans le prolongement d’un ouvrage d’introduction à la statistique qu’il avait publié il y a quelques années. Les deux disciplines sont formellement distinctes : le calcul des probabilités est la science des événements aléatoires et du hasard, la statistique une technique de traitement et d’interprétation des données. Mais elles sont étroitement liées. On trouve donc dans The Art of Uncertainty un rappel de notions fondamentales en statistique descriptive, dont certaines sont parfois confondues comme la moyenne (le quotient du total des valeurs par le nombre de cas), la médiane (la valeur divisant la population étudiée en deux groupes de taille égale) et le mode (la valeur la plus fréquente).
Le calcul des probabilités s’est développé en liaison avec les jeux de hasard. Bien qu’on jouât déjà aux dés avec des osselets de mouton dans la Rome antique, c’est seulement à la Renaissance que furent jetées les bases de l’étude mathématique des jeux de hasard. Au milieu du XVIe siècle, le mathématicien italien Jérôme Cardan (Cardano) publiait un livre sur le sujet. Le premier, il établit qu’en raison de la symétrie des dés à jouer, chacune des six faces numérotées avait la même chance d’apparaître au sommet. Ses travaux sur la manière de calculer à l’avance les résultats d’une série de lancers seront poursuivis par Galilée et, surtout, Pierre de Fermat et Blaise Pascal, souvent considérés pour cette raison comme les inventeurs du calcul des probabilités. Dans un échange de lettres célèbre, les deux mathématiciens français s’emploient à répondre à la question suivante : comment répartir équitablement les mises dans le cas où une partie est interrompue, en estimant ce qu’auraient été les gains des joueurs si elle s’était poursuivie ? Il faudra cependant attendre 1713 pour que le terme « probabilité » dans le sens où nous l’employons aujourd’hui fasse son apparition, sous la plume de Jacob Bernoulli. Peu après, Giacomo Casanova, qui avait d’autres talents que celui de séduire les femmes, participa à la création d’un système de loterie destiné à renflouer les caisses du gouvernement français. Il permettait, en fixant le prix des billets sur la base du calcul des possibilités de gain, de faire à long terme un profit substantiel. À un certain moment, les sommes rapportées par cette loterie représentèrent 4 % du revenu de l’État.
Les esprits sont loin de s’accorder sur la nature des probabilités. Aux yeux des tenants des conceptions « classique », « fréquentiste » ou « logique » (celle imaginée par J. M. Keynes, abandonnée aujourd’hui), les probabilités ont une existence objective, sous la forme de faits du monde (les deux premières) ou de relations logiques objectives (la troisième). Mais il est aussi possible de considérer les probabilités dans une perspective subjective comme l’expression quantifiée de notre incertitude personnelle. Ce point de vue a été défendu sous différentes variantes, notamment par les logiciens Frank Ramsey, dans une très sévère critique de Keynes, et Alan Turing. « La probabilité n’existe pas », n’hésitait pas à déclarer dans cet esprit le mathématicien italien du XXe siècle Bruno de Finetti. Sans aller jusqu’à souscrire à cette formule provocatrice, David Spiegelhalter se range explicitement dans cette école : « Les probabilités sont des jugements subjectifs, même si elles sont basées sur des considérations de symétries physiques, sur l’analyse des données ou sur des modèles complexes. La seule exception possible se situe au niveau quantique subatomique. »
Que les probabilités soient l’expression de jugements subjectifs implique que celles que nous affectons aux différents événements sont conditionnées par l’information dont nous disposons et que l’acquisition de nouveaux éléments d’information peut nous conduire à les modifier. Au XVIIIe siècle, le révérend Thomas Bayes a formalisé cette idée dans un théorème célèbre qui a donné naissance à l’interprétation dite « bayésienne » des probabilités. Spiegelhalter donne de multiples exemples de son application, du calcul de la chance de tirer une boule d’une certaine couleur d’un sac en fonction de celle des boules qui sont déjà sorties, à l’estimation de la probabilité, non qu’une personne meure du Covid si elle a été vaccinée, mais qu’elle ait été vaccinée si elle en meurt.
Il n’est pas possible de traiter des probabilités sans évoquer la question des coïncidences. Écartant d’emblée les théories étranges (« sérialité » de Paul Kammerer, « synchronicité » de Carl Jung, « résonance morphique » de Rupert Sheldrake) avancées pour expliquer des événements apparemment très peu probables, Spiegelhalter montre que les coïncidences s’expliquent, soit par la loi des grands nombres, qui veut que même des événements rares finissent par arriver, soit par la sélection des faits qui vont dans le sens de ce que l’on veut prouver (on ignore ceux qui contredisent les attentes), soit par une interprétation trop généreuse des résultats. Beaucoup d’entre elles découlent mécaniquement des nombres en jeu : dans un groupe de 23 personnes prises au hasard, la probabilité que deux d’entre elles soient nées le même jour de l’année est de 50 %. Celle que deux personnes dans un groupe de 20 aient des numéros de téléphone se terminant par les deux mêmes chiffres est de 67 %. Tout dépend aussi de la question posée. Durant la semaine qui va du 17 juillet au 24 juillet 2014, trois avions civils ont été abattus ou se sont écrasés dans le monde. La probabilité de trois catastrophes semblables une même semaine donnée est de 1/1000. Mais celle d’un tel regroupement durant un intervalle quelconque de 8 jours durant 10 ans est de 1/6.
Spiegelhalter clarifie aussi l’idée de « chance » en en distinguant trois formes : la chance « constitutive » qui tient à ce que l’on est : le pays où l’on est né, qui sont ses parents, sa constitution physique ; la chance « circonstancielle » qui fait que l’on se trouve, selon la formule consacrée, « au bon moment au bon endroit » (ou l’inverse) ; et la chance « résultante » qui fait que deux personnes exposées aux mêmes circonstances s’en tirent plus ou moins bien. Ces différentes formes de chance peuvent se combiner, mais aussi se contrecarrer. Ce qui semblait au départ une malchance peut également s’avérer plus tard une chance, et vice versa.
Dans des domaines comme l’épidémiologie, l’évaluation de l’effet des médicaments, les systèmes de surveillance, l’expertise judiciaire, l’emploi des probabilités requiert de bien garder à l’esprit la différence entre la sensibilité d’un test ou d’un système de détection (sa capacité d’écarter les faux négatifs) et sa spécificité (sa capacité d’exclure les faux positifs). Un système de reconnaissance faciale permet d’identifier 70 % des personnes considérées comme suspectes, mais avec un taux de fausses alertes de 1/1000. Imaginons que sur un total de 10 000 personnes, 10 soient suspectes. 7 seront identifiées, mais aussi 10 personnes non suspectes : le taux de faux positifs sera de 59 %. Dans le domaine judiciaire, la confusion entre deux catégories de probabilités conditionnelles porte un nom : « l’erreur du procureur ». Sur une scène de crime, de l’ADN a été trouvé, qui correspond largement à celui d’un suspect. On peut légitimement affirmer que, si le suspect n’était pas présent sur la scène de crime et que l’ADN a été laissé par quelqu’un d’autre, la probabilité qu’il ressemble à ce point à celui du suspect est de d’1/1 000 000. Mais cela ne signifie pas qu’avec ce degré de ressemblance il n’y a qu’une chance sur 1 000 000 que le suspect n’ait pas été présent sur la scène de crime. David Spiegelhalter cite plusieurs exemples tragiques d’erreurs judiciaires engendrées, dans des affaires criminelles, par une estimation incorrecte des causes probables d’un décès.
C’est en termes de probabilités que sont établis les différents scénarios produits par les modèles prédictifs utilisés en climatologie, météorologie, épidémiologie et d’autres disciplines. Ces modèles, reconnaît Spiegelhalter, sont loin d’être parfaits. Certains (notoirement en économie) ont démontré être spectaculairement peu fiables. Il vaut donc toujours mieux, suggère-t-il, en employer plusieurs, et, comme le dit un expert, s’il est vrai que tous les modèles sont faux, certains sont utiles.
Une question liée est celle des risques, de leur estimation et de leur prévention. Il faut ici se méfier du langage ordinaire et des nomenclatures imprécises et variables. J. F. Kennedy donna son feu vert à l’opération de débarquement d’opposants à Fidel Castro à Cuba, qui fut un désastre, parce qu’elle lui était présentée comme ayant une « fair chance » de succès, expression qu’il interpréta comme signifiant « une chance raisonnable ». Dans l’esprit des responsables de la CIA, qui avaient hésité à avancer un chiffre, la probabilité qu’elle réussisse n’était toutefois que de 30 %. On sait à présent que le risque d’échec était de 90 %. Les fourchettes de pourcentage utilisées aujourd’hui par les organisations nationales et internationales sous le terme « probable » vont de 55-75 % à 66-100 % selon les cas. Il faut aussi se garder de confondre danger (la présence d’une source possible de dommage) et risque (la probabilité qu’un dommage soit causé), ainsi que risque relatif et risque absolu, bénéfice relatif et bénéfice absolu : « Le bénéfice relatif détermine si un vaccin est efficace, et représente donc le bon critère pour autoriser sa mise sur le marché. Le bénéfice absolu est pertinent pour décider s’il convient de l’administrer, compte tenu de ses possibles effets secondaires. »
On l’aura compris, The Art of Uncertainty n’est pas un traité du calcul des probabilités, mais un ouvrage de haute vulgarisation destiné à un large éventail de lecteurs potentiels : étudiants, professionnels de la santé et de la sécurité, responsables politiques, amateurs de jeux logiques et de devinettes, toute personne intéressée à mieux comprendre des notions comme celles de « probabilité », « chance » ou « risque » et désireuse d’employer ces termes avec plus de précision et de rigueur. Le livre illustre à l’aide de multiples exemples la puissance des outils mathématiques qui ont été forgés pour maîtriser le hasard et réduire l’incertitude. Mais il montre aussi les inévitables limites de leur emploi. L’incertitude fera toujours partie notre existence, souligne en conclusion David Spiegelhalter et nous devons accepter de vivre avec elle. Mais « vivre avec l’incertitude ne veut pas dire se montrer prudent à l’excès. On peut prendre des risques sans être téméraire. »
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Célébrée dans le spectacle mis en scène par Ariane Mnouchkine dans son Théâtre du Soleil, la République populaire ukrainienne instituée en 1918 au nez et à la barbe des Bolcheviks de Moscou fut, on le sait, l’occasion d’effroyables pogroms. Rapidement évoqués dans le spectacle, ils sont relatés en détail par l’historien américain Jeffrey Veidlinger. Entre 1918 et 1921, date de la reconquête de l’Ukraine par les Bolcheviks, plus de 100 000 juifs ont été assassinés et 600 000 ont fui le pays. Le livre s’ouvre en évoquant des précédents : les pogroms déclenchés à la suite de l’assassinat du tsar Alexandre II en 1881 à Elisavetgrad (l’actuelle Kropyvnytskyï, au centre de l’Ukraine) puis, dans le sillage de la guerre russo-japonaise de 1904-1905, avec comme point culminant une sorte de Saint-Barthélemy à Odessa, lors de laquelle 800 juifs ont été assassinés en quatre jours. Les juifs servirent à nouveau de boucs émissaires lors de l’avancée des troupes russes sur le front est pendant la Première Guerre mondiale. Les pogroms en série perpétrés entre 1918 et 1921 furent souvent orchestrés par des officiers de l’armée de la jeune république. Le point commun entre tous ces pogroms fut la propagation d’absurdes théories du complot. En rendant compte de ce livre dans la London Review of Books, l’historienne britannique Abigail Green regrette seulement que l’auteur passe sous silence le précédent le plus ancien : les massacres de Khmelnytsky en 1648-1649. Des milliers de juifs ont alors été massacrés, provoquant « la première crise de réfugiés juifs de grande ampleur en Europe orientale ».
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Nos comportements sont souvent le résultat d’automatismes inconscients, induits par les circonstances. Le libre arbitre et l’intentionnalité y perdent des plumes. Conduites par des chercheurs en psychologie, de nombreuses expériences en témoignent. L’exemple phare, qui ouvrit ce champ d’investigation, est l’expérience menée par John Bargh, de l’université Yale, au début des années 1990. Des étudiants servant de sujets doivent former rapidement des phrases avec des mots qui leur sont donnés en désordre. À la moitié d’entre eux, on donne des mots qui évoquent la vieillesse (gris, solitaire, hésitant, ancien etc.). Aux autres, on donne des mots au hasard, sans lien entre eux. Quand ils ont fini, les premiers arpentent un couloir beaucoup plus lentement que les autres, comme s’ils avaient pris de l’âge. Imprégné de stéréotypes évoquant la vieillesse, leur cerveau a été « amorcé » (primed) sans qu’ils s’en rendent compte. Quantité d’expériences de ce type ont été réalisées, qui aboutissent à la même conclusion, popularisée par des auteurs à succès comme Malcolm Gladwell (Le Point de bascule) et même le grand spécialiste des biais cognitifs, Daniel Kahneman (Système 1, système 2). Problème : ces expériences se sont révélées fausses, voire truquées. Celle de John Bargh n’a pu être reproduite. Ruth Leys expose en détail comment ce champ de recherches s’est trouvé invalidé. Comme beaucoup de travaux de psychologie expérimentale, ils ont sombré dans ce qu’il est convenu d’appeler « la crise de la réplication ».
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Quand débuta le siège de Léningrad, en septembre 1941, le directeur de l’Institut de botanique appliquée et de sélection végétale, qui abritait la première véritable banque de plantes du monde, fut exfiltré vers une ville de l’Oural. Un train contenant une grande partie de la collection devait suivre, mais resta en rade. Comme la famine menaçait, le directeur enjoignit aux botanistes de manger graines et tubercules. Ils refusèrent, préférant se sacrifier. Le siège dura jusqu’en janvier 1944. Un tiers de la population de la ville périt. À l’institut, il s’agissait de maintenir la banque à une température de 1 ou 2 degrés au-dessus de zéro. En janvier et février 1942, la température extérieure descendit à – 40 °C. Les botanistes volaient du combustible. 28 moururent de faim. Un jour, le biochimiste Nikolaï Rodionovitc Ivanov découpa en fines lanières un harnais de cuir brut et les fit bouillir pendant huit heures pour nourrir ses collègues. Ils durent lutter contre des invasions de rats, capables de s’introduire dans des boîtes de métal ventilées afin de manger les graines. Soumis au bombardement incessant des Allemands, ils allaient éteindre les bombes incendiaires qui s’abattaient sur le toit de l’Institut. Sur les 250 000 spécimens de la banque, 210 000 sortirent intacts à la fin de la guerre. Les témoignages des survivants sont unanimes. « Ce n’était pas difficile pour nous de ne pas manger la collection, expliqua le responsable de la banque de tubercules. C’était simplement impossible de manger le travail de notre vie, le travail de la vie de nos collègues. » Plusieurs plants de blé à haut rendement et de pommes de terre résistantes aux maladies servirent à nourrir la planète après la guerre.
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