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Le progrès des sciences se fait en changeant de paradigmes, soutenait le physicien américain Thomas Kuhn. C’est peut-être ce qui est en train de se produire dans le monde des spécialistes de l’évolution des espèces. Dans la nature, certaines populations de poissons d’aquarium tétra Astyanax mexicanus vivent dans des cavités où la lumière ne pénètre pas. Ils sont aveugles. D’autres vivent en surface et voient. Si on plonge ces derniers dans une obscurité totale pendant deux ans, ils deviennent aveugles et leur métabolisme corporel se modifie pour s’adapter à ce nouvel environnement. Des scientifiques tirent argument de ce genre d’expérience pour affirmer que la théorie de l’évolution telle qu’elle est actuellement enseignée est incomplète. À la sélection naturelle, fondée sur des mutations aléatoires, il faut selon eux ajouter un facteur essentiel : la façon dont l’environnement dans lequel l’organisme se développe est susceptible de modifier l’expression de ses gènes, et cette modification peut se transmettre aux générations suivantes. C’est dire que « de nouveaux caractères n’apparaissent pas par hasard. Certains ont plus de chances de se manifester que d’autres et des ensembles de caractères peuvent apparaître en même temps », écrit la philosophe des sciences Eva Jablonka dans la revue Nature. Dirigé par Kevin Lala, de l’université de St Andrews en Écosse, l’ouvrage collectif qui étaye ce point de vue révolutionnaire « représente une voie nouvelle permettant d’unifier les sciences de la vie », estime-t-elle.
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En octobre 1885, en route vers Paris où il allait assister durant quatre mois aux cours du neurologue Jean-Martin Charcot, Sigmund Freud fit une courte étape à Bruxelles. Dans une lettre à sa fiancée Martha Bernays, il décrit la promenade qu’il effectua dans la ville. Il y raconte sa découverte d’un bâtiment « monumental et doté de splendides colonnes faisant penser à la reconstruction d’un palais assyrien, tel qu’on peut en voir dans les dessins de Gustave Doré » : « J’ai d’abord pensé qu’il s’agissait du Palais royal en raison de la présence à son sommet d’une coupole en forme de couronne. Mais il n’y avait pas de sentinelles, pas d’animation et la construction n’avait pas l’air d’être achevée. […] Le bâtiment se révéla être le Palais de Justice. » Sigmund Freud n’est pas le seul visiteur étranger à avoir été frappé par cet édifice aux proportions colossales. Verlaine le qualifiait de « biblique et michelangelesque, avec du Piranèse et un peu, peut-être, de folie ». Dans un texte d’une véhémente animosité envers la Belgique, Octave Mirbeau le décriait comme « un monument d’une laideur considérable » dans lequel « on avait empilé de l’assyrien sur du gothique, du gothique sur du tibétain, du tibétain sur du Louis XVI, du Louis XVI sur du papou ».
Beaucoup d’écrivains et de penseurs sont passés par Bruxelles durant la période qui va du milieu du XIXe siècle à la Première Guerre mondiale, et plusieurs y sont restés bien plus longtemps que le père de la psychanalyse. La Belgique était un pays libéral où les intellectuels chassés de leur pays pour des raisons politiques trouvaient volontiers refuge. Et, à l’instar de Londres, Vienne et Paris, Bruxelles était un foyer de vie culturelle où résidaient de nombreux artistes. Dans De eeuw van Brussel, Eric Min raconte l’histoire des uns et des autres.
Un des plus célèbres exilés à Bruxelles fut Karl Marx. Persona non grata en Allemagne et en France, avant de déménager à Londres, où se déroula le reste de son existence, il resta trois ans dans la capitale belge. Il en fut expulsé en 1848 avec toute sa famille pour avoir manqué à son engagement de ne pas se mêler des questions politiques. Loin de rester discret sur ce plan, il n’avait cessé de multiplier les écrits et les interventions publiques. C’est à Bruxelles qu’il rédigea avec Engels le Manifeste du Parti communiste. On dit souvent que c’est la description des usines de Birmingham et Manchester par Engels qui aida Marx à formuler sa théorie de l’exploitation. Mais il y avait été préparé par ce qu’il avait observé des rapports entre la bourgeoisie et la classe ouvrière en Belgique et Le Capital contient des pages extrêmement dures à l’égard des capitalistes belges. Ainsi que le rappelle l’historien de l’économie Paul Bairoch, de 1830 à la Première Guerre mondiale, la Belgique fut la seconde puissance industrielle du monde après l’Angleterre.
Un autre exilé fameux est Victor Hugo. Il avait effectué un premier séjour dans le pays comme touriste en 1837 et 1838 en compagnie de sa maîtresse Juliette Drouet. Lors de l’arrivée au pouvoir de Napoléon III, en 1851, il s’installa à Bruxelles pour une durée de sept mois. Il y revint à plusieurs reprises après s’être transporté à Jersey et Guernesey. En 1871, il fut expulsé pour avoir exprimé son soutien à la Commune : les autorités belges ne souhaitaient pas s’aliéner la sympathie du gouvernement d’Adolphe Thiers. C’est à Bruxelles que furent en partie écrits Les Misérables. Le livre y fut imprimé, comme d’ailleurs Les Travailleurs de la mer et L’Homme qui rit. De manière générale, les écrivains français recouraient volontiers aux services des imprimeurs bruxellois pour échapper aux contraintes de la censure française. J.-K. Huysmans le fera des années plus tard pour son roman à fort parfum de scandale Marthe, histoire d’une fille.
Baudelaire, lui, n’eut pas cette possibilité. En 1864, il se rendit à Bruxelles pour fuir Paris, mais aussi dans l’espoir de rencontrer Albert Lacroix, patron des éditions Lacroix et Verboeckhoven, l’éditeur de Hugo, pour lui confier la publication de ses œuvres. N’y étant pas parvenu, il développa envers l’éditeur une haine inextinguible. Les conférences qu’il donnait pour subsister se révélèrent des fiascos. Il en conçut une aversion féroce pour la Belgique, qui s’exprime dans le pamphlet venimeux et méprisant Pauvre Belgique. Durant son séjour, sa santé très abîmée se détériora. En 1866, il fut victime à Namur d’une attaque cérébrale qui le laissa aphasique. Ramené à Bruxelles, il fut transporté à Paris où il mourut quelques mois plus tard. Dans l’ensemble, Bruxelles ne semble guère avoir réussi aux poètes français. Eric Min raconte aussi le fameux épisode du coup de revolver tiré par Verlaine, ivre, sur Rimbaud lorsque celui-ci, l’ayant rejoint en quittant Londres, où ils avaient passé quelque temps ensemble, lui fit part de son intention de retourner seul à Paris. Rimbaud ne fut que légèrement blessé mais, à la gare du Midi, demanda la protection d’un agent de police lorsque Verlaine le menaça de nouveau. Arrêté, jugé, Verlaine resta en prison deux ans.
Auguste Rodin avait, lui, toutes les raisons de garder un excellent souvenir de Bruxelles. Il y passa six ans, de 1871 à 1878, qui furent, à lire ce qu’il en dit dans ses Mémoires, « les plus belles de sa vie ». Il eut l’occasion d’y réaliser sa première œuvre en bronze, L’Âge d’airain, et d’y sculpter plusieurs éléments de la frise décorative du bâtiment de la Bourse. Il y exposa aussi ses œuvres à la Maison d’Art créée par un de ses plus fermes soutiens, Edmond Picard. Avocat, écrivain, professeur, journaliste, sénateur socialiste, franc-maçon comme beaucoup de membres de l’élite intellectuelle, politique et économique de l’époque, amateur d’art et de littérature, collectionneur et mécène, personnage aujourd’hui très controversé – il est l’auteur d’écrits antisémites et défendant une théorie des races qui font de lui une sorte de Gobineau ou de Drumont belge –, Picard, qui connaissait tout le monde et était partout, fut au cœur de la vie littéraire et artistique bruxelloise et, plus largement, belge, durant plusieurs décennies.
Cette vie culturelle, il est commun de la placer sous le signe du symbolisme. C’est à ce courant que sont par exemple souvent rattachés Georges Rodenbach, Émile Verhaeren et Maurice Maeterlinck, tous trois flamands d’origine écrivant en français. Mais le symbolisme est une étiquette un peu fourre-tout. Elle ne caractérise ces écrivains qu’avec toutes sortes de nuances. Et elle ne s’applique pas à Georges Eekhoud et Camille Lemonnier, influencés par le naturalisme. Il en va de même en peinture : les « symbolistes » Léon Spilliaert et Fernand Khnopff ont l’un et l’autre un style très singulier. James Ensor et Félicien Rops, qui possédaient tous deux un grand talent d’invention verbale, sont inclassables.
Bruxelles au tournant des XIXe et XXe siècles fut aussi, avec Paris, Vienne et Barcelone, un des hauts lieux de l’art nouveau. Mentionnant au passage Paul Hankar, Eric Min consacre de longues pages aux architectes Victor Horta et Henry van de Velde. Le premier n’aimait guère le second, qu’il considérait comme « un peintre défroqué » (il avait effectivement commencé sa carrière comme peintre). Il enviait son succès, qu’il comparait au manque de reconnaissance dont lui-même souffrait. Horta avait ramené de Paris l’idée d’une architecture légère basée sur l’utilisation de la lumière naturelle. Il l’exploita dans de nombreux hôtels particuliers (dont le sien), une série de grands magasins et ce qui fut son chef-d’œuvre, la Maison du Peuple, construite pour le Parti ouvrier belge. Il eut la tristesse d’assister au saccage de certaines de ses réalisations et la chance de ne pas voir la destruction de la Maison du Peuple, en 1960, abandonnée par le Parti socialiste qui y voyait le vestige d’un passé révolu. Van de Velde, lui, après une brillante carrière en Allemagne, revint en Belgique où il fonda et dirigea l’Institut supérieur des arts décoratifs, aujourd’hui École de La Cambre, du nom de l’ancienne abbaye qui l’abrite.
Et puis il y avait les anarchistes. Eric Min décrit l’histoire de l’arrivée et de l’installation à Bruxelles du géographe libertaire Élisée Reclus, en compagnie de son frère Élie. L’Université Libre de Bruxelles ayant renoncé au dernier moment à lui donner un poste, il se vit offrir une chaire à l’Université nouvelle, institution créée à cette occasion. Sa réputation et son charme attiraient notamment les jeunes femmes. Végétarien, partisan de l’union libre, Reclus a été décrit par un journal bruxellois comme « un maître en géographies féminines comparées ». Eric Min raconte aussi l’histoire d’une éphémère communauté anarchiste établie dans la banlieue bruxelloise de Stockel, baptisée « L’Expérience ». Une expérience qui ne débouchera sur rien. « Philosophes et artistes, écrira un des participants, vagabonds et clandestins, savants et ignorants, militants et intrigants, rêveurs et hommes d’action, coupeurs de cheveux en quatre et briseurs de vitres, parasites et entrepreneurs […], tous n’ont fait que passer, victimes de leurs illusions diverses. »
Quelques figures éminentes du monde politique apparaissent dans l’ouvrage. Ainsi le bourgmestre (maire) de la ville Jules Anspach, le « Haussmann bruxellois », qui organisa le voûtement de la Senne (la rivière qui traverse Bruxelles, à présent invisible), le percement des grands boulevards du centre et une série de grands travaux d’urbanisme voulus par le roi Léopold II. Et l’un de ses successeurs, Charles Buls, le « bourgmestre esthète », ami des beaux-arts et défenseur du patrimoine. Le monde économique est présent avec le baron Empain, ingénieur, fondateur de la dynastie d’hommes d’affaires qui porte son nom, dont les sociétés construisirent des lignes de tramways en Belgique, au Congo belge et en Égypte, ainsi qu’Ernest Solvay, ami d’Horta, chimiste et industriel, mécène de l’Université Libre de Bruxelles et de plusieurs initiatives scientifiques dont les célèbres Congrès Solvay de physique et chimie, qui rassemblaient les plus grands savants de l’époque.
L’élan acquis à l’âge d’or de Bruxelles se maintint quelque peu au début du XXe siècle. L’évolution de la manière architecturale d’Horta, abandonnant, pour ses deux dernières grandes réalisations, le Palais des Beaux-Arts et la gare centrale, la profusion des formes fleuries et courbes pour un style plus dépouillé et des lignes géométriques, donna le signal d’une explosion d’art déco dans la capitale durant les années 1920 et 1930. À la même époque, le mouvement surréaliste, né en France, suscita l’apparition d’un groupe surréaliste bruxellois autour du poète Paul Nougé et du peintre René Magritte. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Exposition universelle de 1958 fut un grand moment de célébration de la modernité et de rayonnement international. Mais sa tenue marque aussi le début du processus connu dans les écoles d’architecture et d’urbanisme sous le nom de « bruxellisation » : la destruction de quartiers anciens entiers livrés à la spéculation immobilière sous l’effet d’une volonté effrénée de modernisation et de l’appât du gain. Elle affectera une partie importante du centre et de l’est de la ville ainsi que ce qui est aujourd’hui appelé le « quartier européen », né de l’acquisition progressive par Bruxelles du statut de capitale administrative de l’Union européenne. Aujourd’hui, Bruxelles est une ville internationale d’une manière différente de celle dont elle l’était au XIXe siècle. Sa population comprend des ressortissants de quelque 180 nationalités, dont 70 000 Français, de nombreux expatriés de toute l’Europe et une forte proportion d’immigrés de pays du Sud. On y parle un nombre de langues vraisemblablement très supérieur à la centaine. Le français y est la langue la plus parlée (le néerlandais l’est peu, et de moins en moins), mais il est talonné par l’anglais, qui sert de langue de communication entre les différents groupes nationaux. Dressé sur un des points les plus élevés de la ville, le Palais de Justice continue à dominer celle-ci de sa masse cyclopéenne. Victime de son gigantisme, il s’est progressivement dégradé. Un chantier de rénovation de la coupole et des façades a été lancé en 1984. Durant quarante ans, l’édifice n’a été visible qu’enfermé dans une cage d’échafaudages. On en a récemment démonté une partie, mais les travaux de restauration de l’extérieur du bâtiment ne sont pas terminés. Ils devraient l’être en 2030, pour le 200e anniversaire de la création de la Belgique.
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Une part croissante de votre vie se déroule en ligne et y restera pour une durée indéterminée après votre mort. Ce n’est pas anodin, explique de manière convaincante le Suédois Carl Öhman, de l’université d’Uppsala. « Le corpus d’informations laissé après la mort n’est pas seulement étymologiquement mais conceptuellement analogue au corps » – au cadavre, écrit-il. Cette information est noyée dans un océan : « en 2023, on estime que l’humanité a produit en ligne chaque jour de l’ordre de 120 × 270 bits, soit 120 suivi de vingt-et-un zéros ». Mais ce que vous laissez derrière vous, vrai ou faux, compromettant ou non, reste identifiable et exploitable. Or, contrairement à ce qui se passe avec votre cadavre physique, dont le sort est réglé par une série de pratiques rituelles, contrairement aussi aux dispositions prises pour la protection des œuvres, aucune procédure n’a été mise en place pour votre cadavre virtuel. Un élément de complexité supplémentaire, souligne Scott McLemee sur Inside Higher Ed, est la possibilité croissante, merci l’IA, de transformer des « restes » numériques en « répliques fonctionnelles » de la personne disparue. Ce qu’a fait l’artiste Laurie Anderson, qui « poursuit sa collaboration avec son défunt mari le chanteur Lou Reed ».
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Avec son nouveau permis de conduire, Gabriela, 18 ans, se rend au village de son grand-père dans l’Empordà (Catalogne), où elle passera l’été comme remplaçante à la bibliothèque municipale, son premier emploi. Elle y rencontre un homme d’affaires de 39 ans, Quim, installé dans le même village avec des amis pour y passer quelques mois de télétravail et de repos. Gabriela tombe amoureuse du bientôt quadragénaire. Il est beau, athlétique et ne parle pas beaucoup. Quim résiste d’abord aux avances de Gabriela, mais finit par céder.
Le roman s’organise autour des témoignages des deux protagonistes. Gabriela raconte d’abord, au présent, les événements tels qu’elle les a vécus de juin à novembre, après quoi l’homme d’affaires les raconte à son tour. « Ce sont deux monologues pleins d’inexactitudes, de contradictions et d’impressions légèrement différentes parce qu’il n’y a pas de faits objectivables dans une telle histoire », explique Clara Queraltó au journal catalan Ara.
L’auteure, qui a publié son roman en catalan avant qu’il soit traduit en espagnol, engage une réflexion sur une relation amoureuse marquée par une grande différence d’âge : « Qu’est-ce qui fait qu’une jeune fille de 18 ans désire un homme de presque 40 ans et vice versa ? » Elle dit avoir essayé de ne pas juger ses personnages, de les laisser parler. Elle ne s’intéresse pas à « la littérature qui donne des leçons de morale ».
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« Les premiers Mémoires d’un pape en exercice » proclament les éditeurs, une centaine, à travers le monde. C’est une gentille attrape, mais pour la bonne cause. D’abord on connaît au moins un autre exemple de tels Mémoires papaux : les 13 volumes des Commentaires de Pie II, un pontife de la Renaissance. Sans oublier les précédents récits autobiographiques de Jean-Paul II, de Benoît XVI et aussi du pape François lui-même, qui a la plume abondante (et élégante – ne fut-il pas enseignant « d’écriture créative » ?). Et puis, s’agit-il d’une véritable autobiographie ? Dans ces Mémoires qui ne couvrent surtout – et à très grands traits – que l’enfance et la jeunesse de François, peu de traces de francs aveux ni de l’auto-flagellation inhérents au « pacte autobiographique » moderne. Oui, le pape s’avoue intrinsèquement pécheur et livre des réminiscences dont il rougit encore. Mais il ne s’agit que de péchés véniels – en commet-on vraiment d’autres à ces âges-là ? Et puis, dit The Economist, « si l’on est un bon candidat pour la papauté, on est presque par définition un mauvais sujet de biographie ».
Avec candeur et sincérité, François conforte plutôt son personnage d’homme du peuple « qui révère sa grand-mère, l’humilité, le foot, Dieu et la pizza – mais pas nécessairement dans cet ordre », ironise The Economist. En fait, François réitère en se racontant son traditionnel message antiguerre, anti-pauvreté, anti-injustice et surtout anti-indifférence, en l’articulant plus ou moins chronologiquement avec ses souvenirs personnels. S’il évoque longuement ses grands-parents venus du Piémont jusqu’en Argentine après la Première Guerre, c’est pour plaider la cause de tous les migrants et de toutes les victimes civiles des guerres contemporaines (le quadruple des victimes militaires). Les années d’étudiant sont l’occasion d’un retour sur ses engagements politiques, mais aussi sur son amour de la musique classique et du tango (« qui fait danser même le silence »). Son rôle comme prêtre puis évêque pendant les années noires de l’Argentine lui permet de rappeler l’horreur des dictatures (et au passage le fait, un temps contesté, qu’il a soustrait nombre de gens aux sbires de Videla).
Quand enfin il décrit l’exercice de cette charge qui lui est tombée dessus sans qu’il la souhaite – mais sans qu’il puisse « dans l’état actuel de l’Église » la refuser –, il fait de discrètes allusions aux difficultés d’un pontife « trop conservateur pour les uns, pas assez pour les autres, à l’image de l’Église catholique actuelle » lit-on sur The Conversation. D’ailleurs quelques cardinaux n'avaient-ils pas essayé de torpiller son élection au faux motif qu’ayant perdu un poumon il ne pourrait assumer son immense tâche (en réalité, on ne lui avait enlevé qu’un lobe, et cela en 1957 !) ? Les récits de rencontres et de voyages à travers la planète lui servent en revanche à marteler son propos spirituel, social et politique, notamment sur le cynisme des pays riches vendeurs d’armes. La publication de ces Mémoires en principe posthumes a été avancée pour coïncider avec l’année jubilaire 2025. Mais en vrai l’image de l’auteur – et peut-être celle de l’Église aussi – ne font qu’y gagner.
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Comme Alexeï Navalny, il aurait pu quitter son pays, où il risquait d’être emprisonné à vie. Comme son homologue russe, il a préféré rester. Et est emprisonné, peut-être à vie. Jimmy Lai aurait pu fuir Hong Kong d’autant plus facilement qu’il a un passeport britannique et est milliardaire. Né à Canton vers 1948, ayant fui la famine et le régime communiste à l’âge de 12 ans, il fit tous les métiers avant de faire fortune dans le vêtement puis dans les médias. Il n’était ni un tendre ni une sainte nitouche. Certains de ses employés le surnommaient le « président Mao qui parle anglais », rappelle The Economist. L’un de ses journaux pro-démocratie qu’il a lancés lors de la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997, Apple Daily, était aussi un guide des prostituées hongkongaises.
Un tantinet hagiographique, la biographie qui lui est consacrée par Mark Clifford, l’un de ses anciens adjoints dans son groupe de médias, n’en est pas moins exacte sur l’essentiel. Cet ancien agnostique tardivement converti au catholicisme est devenu la principale épine dans le pied des autorités chinoises. Arrêté en juin 2020, il est resté en prison depuis lors, le plus souvent dans l’isolement. Ouvert en décembre 2023, son procès s’éternise. Lai est un libéral dans les trois sens du terme, explique Clifford dans un entretien au Diplomat, un mensuel consacré aux affaires asiatiques : « liberté économique, liberté politique, liberté spirituelle ». Avant son arrestation, il dit à ses associés : « je préfèrerais être pendu à un lampadaire à Central [le quartier d’affaires de Hong Kong ] plutôt que de laisser au Parti communiste la satisfaction de dire que je me suis enfui ». Donald Trump prétend être « sûr à 100 % » qu’il fera sortir Lai de prison. L’intéressé le souhaite-t-il ?
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Tout le monde sait, ou croit savoir, ce qu’est un pirate, et ce mot fait surgir dans l’esprit de la plupart d’entre nous une même image. La piraterie est aussi vieille que la navigation et durera vraisemblablement aussi longtemps qu’elle. À toutes les époques, et sur toutes les mers du globe, des bateaux d’hommes armés ont attaqué des navires marchands pour s’emparer de leur cargaison en capturant, rançonnant ou tuant leur équipage. Mais la représentation la plus répandue de cette pratique est associée à une seule période de cette longue histoire, celle qui va du milieu du XVIe siècle au début du XVIIIe, souvent baptisée « l’âge d’or de la piraterie ». Elle est basée sur autant d’éléments légendaires que de faits historiques. S’appuyant sur l’étude critique des archives (minutes de procès, textes juridiques, journaux et récits de voyage), se concentrant particulièrement sur le monde anglo-saxon, Richard Blakemore met en lumière ce qu’était véritablement la piraterie à cette époque en démolissant au passage quelques mythes. Ce faisant, il montre comment la « combinaison de ce que les pirates ont fait et des histoires racontées à leur sujet » a créé l’image que nous avons d’eux.
Une distinction classique oppose les pirates, opérant pour leur propre compte, et les corsaires (privateers), qui agissaient au nom d’un souverain. Elle est relativement claire en théorie : « Un pirate n’était pas seulement quelqu’un qui pillait sans autorisation, mais qui le faisait […] pour son gain personnel […], attaquant de façon indiscriminée au lieu de cibler les navires ennemis ». En pratique, les choses étaient plus compliquées. Une grande variété de formes légales de pillage en mer existaient, qui n’ont cessé d’évoluer avec le temps. Les navires marchands, par exemple, furent longtemps autorisés à mener des représailles contre des bateaux du même pays que celui qui les avait attaqués. Les frontières entre les catégories de « pirates » et de « corsaires » étaient d’autant plus floues que l’on pouvait aisément passer de l’une à l’autre : beaucoup de pirates étaient d’anciens corsaires, voire d’anciens marins militaires, notamment de la Navy britannique. Et un corsaire pouvait devenir pirate sans le savoir. Durant toute la période concernée, Espagnols, Anglais, Français, Hollandais et Portugais n’ont cessé d’être en guerre. Mais des trêves étaient régulièrement décrétées, des traités signés, dont la nouvelle ne parvenait aux capitaines en mer que de longs mois après. « Pirates », mot d’origine latine (dans l’Antiquité, il désignait les ennemis de Rome, identifiés avec les « ennemis de l’humanité »), a en réalité souvent été utilisé de manière rhétorique, pour disqualifier les ennemis du moment.
Le contexte dans lequel la piraterie de l’âge d’or a pris place est celui des luttes territoriales entre les puissances impériales européennes qui ont suivi les grandes découvertes : « Sans pirates, il n’y aurait pas eu d’empires, et sans empires il n’y aurait pas eu de pirates ». Dotées de marines de guerre encore peu développées, les puissances impériales recouraient volontiers aux corsaires en guise de supplétifs. Cette formule leur permettait aussi de contrer les ambitions de leurs rivaux et de freiner leur enrichissement sans s’engager dans un conflit en bonne et due forme. À la fin du XVIesiècle, Francis Drake et John Hawkins, deux corsaires au service de la reine Élisabeth 1ère, attaquèrent des dizaines de galions et de places fortes espagnols sans que l’Angleterre déclare formellement la guerre à l’Espagne.
Dans la période qui va de 1650 à 1730, Richard Blakemore distingue trois grandes générations de pirates qui se recouvrent en partie. La première est dominée par les figures du « boucanier » d’origine galloise Henry Morgan et du « flibustier » français François l’Olonnais. Le premier, tout en exploitant des plantations à la Jamaïque, prit d’assaut à de nombreuses reprises, souvent à la tête de flottilles importantes, des places espagnoles ; il finit lieutenant-gouverneur de la Jamaïque. Le second est passé dans l’Histoire comme un des plus féroces forbans. Les pirates, il ne faut pas l’oublier, témoignaient souvent d’une grande cruauté à l’égard des indigènes et de leurs prisonniers, qu’ils n’hésitaient pas à torturer.
Cette première génération était fortement intégrée dans les communautés de colons établies dans les Caraïbes. À Port Royal, alors la plus grosse ville de la Jamaïque, et sur l’île de la Tortue, îlet satellite de l’île d’Hispaniola, les pirates vivaient au milieu d’une population variée comprenant beaucoup de représentants de professions liées à la mer : « charpentiers, fournisseurs de matériel naval, menuisiers, tonneliers, pêcheurs et marins, maîtres voiliers et bateliers […], chirurgiens, orfèvres, armuriers ». Leurs activités étaient liées à l’économie coloniale (les richesse issues de leurs butins étaient investies dans les plantations) et au trafic d’esclaves : il leur arrivait de libérer des esclaves, ils en engageaient parfois dans leurs équipages, mais ils se livraient aussi à leur commerce.
La deuxième génération coïncide avec l’expansion du champ d’activités de la piraterie d’origine occidentale dans l’océan Pacifique, l’océan Indien et la mer Rouge. Les capitaines de cette période étaient souvent commissionnés ou tacitement soutenus par les souverains des grandes puissances. Mais leurs activités commencèrent progressivement à représenter une source de troubles pour celles-ci, notamment parce qu’elles perturbaient le très lucratif commerce avec le puissant Empire moghol. Deux figures célèbres se détachent ici. La première est celle d’Henry Every, auteur d’une des plus fabuleuses prises de l’histoire de la piraterie : au sein d’un convoi en route pour La Mecque, il s’empara d’un navire du Grand Moghol chargé de trésors. L’affaire contraria les autorités anglaises. Plusieurs membres de son équipage furent arrêtés. Malgré la prime très élevée offerte pour sa capture, lui-même s’échappa et disparut à jamais. William Kidd n’eut pas cette chance. Accusé de piraterie après avoir opéré comme corsaire dans l’océan Indien, il fut arrêté, condamné et pendu à Londres, en 1701. Peu avant son exécution, dans l’espoir qu’on lui accorderait la vie sauve, il avait offert d’aller rechercher une somme de quelque 100 000 livres cachée quelque part dans les Caraïbes. Cette probable invention est à l’origine de la légende selon laquelle Kidd aurait enfoui un trésor sur les côtes américaines.
Après la signature, en 1713, du traité d’Utrecht qui mit fin à la guerre de Succession d’Espagne, les pays européens, dotés de marines plus puissantes et qui avaient éprouvé le besoin de préciser la frontière entre pillage légal et illégal, se mirent à pourchasser plus résolument les pirates. Une nouvelle génération de forbans avait vu le jour, davantage tentés de s’attaquer à tous les navires de manière indiscriminée et moins liés à une base territoriale que leurs prédécesseurs. Edward Teach, dit Barbe Noire, Charles Vane, Bartholomew Roberts, Jack Rackham, Anne Bonny, Mary Read : ce sont ces figures auxquelles on pense d’abord quand on évoque l’âge d’or de la piraterie. Leurs noms viennent d’autant plus facilement à l’esprit que ces personnages hauts en couleur sont au cœur du livre qui a le plus influencé la représentation populaire et savante de la piraterie : Histoire générale des plus fameux pirates (1724) du capitaine Charles Johnson. Ce nom est le pseudonyme d’un auteur qui n’a jamais été identifié avec certitude. Il a été suggéré qu’il pourrait s’agir de Daniel Defoe, l’auteur de Robinson Crusoé. Richard Blakemore pencherait plutôt en faveur d’un journaliste jacobite (partisan de la dynastie des Stuart), Nathaniel Mist.
Cette Histoire générale contient beaucoup d’exagérations. Les pages consacrées aux deux femmes pirates Anne Bonny et Mary Read, par exemple, sont à prendre avec circonspection. L’une et l’autre ont réellement existé et se trouvaient sur le même bateau que Jack Rackham. Il ne fait pas de doute qu’il s’agissait de femmes dotées d’une force de caractère exceptionnelle. Mais ce qui est dit de leur enfance et de leur jeunesse est inventé, et le sujet est traité de manière sensationnaliste, en insistant sur certains détails comme leur travestissement en hommes et l’attirance supposée d’Anne Bonny, qui était la compagne de Jack Rackham, pour Mary Read. Elles furent arrêtées et jugées mais pas exécutées, vraisemblablement parce qu’elles étaient enceintes. La seconde mourut de maladie et on ignore ce que devint la première.
Une autre légende propagée par l’Histoire générale est celle de l’existence de véritables communautés pirates organisées, fonctionnant selon des principes égalitaires. Richard Blakemore est peu convaincu par l’idée d’un prétendu « code pirate » : « Il semble très peu probable que les nombreux membres de l’équipage agissant sous la contrainte aient eu “un droit de vote sur les affaires du moment” et il y a de nombreuses preuves que les capitaines pouvaient être brutaux, tyranniques et oppresseurs. L’interdiction supposée des bagarres à bord, tous les conflits devant être réglés à terre par l’intermédiaire de duels, est contredite par les témoignages de tabassages et de rixes. » L’Histoire générale avait une dimension satirique, soutient Blakemore. Si la société pirate a été présentée comme démocratique, on peut penser que c’était dans l’intention de discréditer ce régime. Blakemore est tout aussi sceptique au sujet de la thèse des économistes qui, dans le sillage des travaux de l’École de Chicago sur le crime organisé, interprètent les pratiques des pirates (y compris l’usage de la violence) en termes de maximisation de leur intérêt personnel grâce à un système de règles : « Je ne suis pas convaincu que la piraterie puisse être entièrement expliquée dans les termes de la théorie du choix rationnel ».
D’autres traits associés au monde de la piraterie et à son folklore sont tout aussi peu authentiques. Le fameux drapeau noir à tête de mort et tibias croisés, par exemple, surnommé « Jolly Roger », a apparemment été utilisé au moins une fois, mais il n’était pas hissé au mât de tous les bateaux pirates. L’idée que les pirates exécutaient leurs prisonniers ou les traîtres en les obligeant à marcher sur une planche dont l’extrémité surplombait la mer est tirée d’une anecdote de l’histoire romaine qui mettait en scène une échelle. Quant à des caractéristiques comme la consommation abondante de rhum, l’adoption d’animaux exotiques (singes ou perroquets), le port de boucles d’oreilles, l’usage de jambes de bois en guise de prothèses (on n’a pas gardé trace de crochets), elles étaient partagées par l’ensemble des marins. À bien des égards, les conditions de vie des marins à bord des navires marchands ou des navires de guerre étaient d’ailleurs aussi pénibles, dures et dangereuses que celles qu’on trouvait sur les bateaux de pirates. Les compétences et le savoir-faire en matière de manœuvre et de navigation qu’on exigeait d’eux étaient identiques et entre ces différentes carrières la circulation était considérable. Il n’y a jamais eu de pirates n’ayant eu que la piraterie pour métier. Ceux qui avaient survécu aux combats, quand ils ne s’enrôlaient pas immédiatement sur un navire marchand, se retiraient pour cultiver quelques arpents ou élever des moutons. Relativement peu de pirates de l’âge d’or furent arrêtés et exécutés.L’image des pirates forgée par l’Histoire générale se renforça encore grâce à L’Île au trésor de Robert Louis Stevenson, qui a nourri et enraciné le mythe du trésor enterré. Des siècles de récits romancés et plusieurs décennies de cinéma ont façonné notre imaginaire et conféré à leurs activités un grisant parfum d’aventure, exalté par le cadre exotique dans lequel elles prenaient place. Richard Blakemore admet prendre plaisir à lire L’Île au trésor à son petit garçon, qui aime jouer avec des figurines de pirates.
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Bill Gates est enthousiaste. Son ami Salman Khan, le fondateur de la Khan Academy, a écrit le livre à lire sur l’usage présent et à venir de l’intelligence artificielle en matière d’éducation. « L’IA va radicalement améliorer tant les résultats des élèves et étudiants que les expériences des enseignants, et aidera à construire un futur où chacun aura accès à une instruction de niveau international », écrit-il sur son blog. Il faut dire que les perspectives sont impressionnantes. « Imaginez que vous avez un tuteur disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour vous aider à maîtriser votre sujet ou vos compétences », écrit sur le blog de la London School of Economics Jon Cardoso-Silva, qui a récemment enregistré une vidéo avec Salman Khan. « Cet expert, mis au diapason du style et du rythme d’apprentissage qui vous est propre, ne se contentera pas de répondre à vos interrogations. Il vous contactera en vous posant des questions personnalisées, stimulantes, qui vous aideront à mieux comprendre des sujets complexes ou à doper votre créativité en vous incitant à relier des idées apparemment sans lien entre elles. » Pour l’enseignant et les parents, ajoute Robert Adès dans le Times Literary Supplement, l’IA apportera en outre tous les outils nécessaires pour programmer les cours ainsi que le travail à la maison et suivre les avancées de chaque élève.
Robert Adès enseigne la psychologie en terminale. Il a hâte de pouvoir utiliser Khanmigo, l’assistant IA de la Khan Academy, qui sera disponible en Angleterre à la rentrée prochaine. Il s’attend à une expérience positive, mais exprime la crainte que l’enseignant se mue en superviseur, que se développe le sentiment trompeur de pouvoir reléguer au second plan « le charisme et l’autorité d’un enseignant parlant avec passion debout devant ses élèves » et que les autorités y trouvent une excuse pour faire des économies et « sous-investir dans l’enseignement humain ».
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« Ils m’ont dit que j’allais mourir » est la première phrase du dernier livre du grand écrivain argentin Martín Caparrós. Confronté depuis trois ans à un diagnostic de sclérose latérale amyotrophique, il entreprend à 67 ans de faire le point sur son passé.
Sur plus de 650 pages, dans de courts chapitres, l’auteur passe en revue sa vie, son histoire familiale – son arrière-grand-mère polonaise assassinée à Treblinka, son grand-père espagnol emprisonné par Franco –, ses nombreux amours et ses œuvres, plus nombreuses encore. Il aborde à la fois la progression de sa maladie et son passé de nomade : militant révolutionnaire pendant la dictature argentine, il a dû s’exiler en France puis en Espagne. Grand voyageur, il a vécu à Paris et à New York puis à Buenos Aires pour finalement s’installer à Madrid. Les deux récits se lisent ensemble, mais, comme l’huile et l’eau, ne semblent pas se mélanger, écrit Daniel Ulanovsky Sack dans Letras Libres.
Il se voulait plutôt écrivain que journaliste, mais il fallait bien vivre. Il s’est toujours senti plus romancier que témoin de la réalité. Apprécié pour ses chroniques singulières, c’est en 2011 qu’il est finalement reconnu comme écrivain lorsqu’il remporte le prix Herralde du roman pour Los Living (Anagrama, 2011).
Plus de 30 livres plus tard, avec Antes que nada, il s’attaque à une autre forme de démesure : raconter sa vie et comprendre comment il meurt. Ilse retrouve l’enfant qu’il était et d’une certaine manière qu’il est toujours et se cache derrière sa moustache-étendard. Mopi est le surnom qu’on lui donnait enfant, on le lui donne toujours. La voix qui s’exprime est moins celle de l’écrivain vénéré ou de « Martín Caparrós, chroniqueur global en espagnol » (peut-être le journaliste qui écrit le mieux dans cette langue), que la voix sincère du jeune Mopi, écrit le journaliste Paco Cerdà dans El País. Le livre est dédicacé « à ceux qui m’ont aimé, non pour qu’ils se souviennent mais pour qu’ils apprennent à m’oublier ».
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Au lendemain de sa nuit de noces, la toute récente comtesse Greffulhe, chère à Proust, écrivait (comme tous les matins) à sa maman, mais cette fois pour se plaindre : « Ma mère, que de choses vous ne m’aviez pas dites ! » On était pourtant en 1878, et dans une France aux mœurs supposément plus avancées qu’ailleurs... L’Américaine Alexandra Vasti, professeure de littérature et autrice de romans historiques, qui a examiné avec soin la propagation de l’éducation sexuelle chez les Anglaises du XVIIIe siècle, note pourtant que celles-ci étaient relativement bien informées de ce que le poète S. T. Coleridge allait appeler « birds & bees » (i.e. les mystères de la reproduction – un euphémisme qui connaîtra le succès jusqu'à ce jour). Si les paysannes étaient renseignées dès leur plus jeune âge en observant ce qui se passait dans les basses-cours ou les prairies, les femmes de la bonne société urbaine pouvaient quant à elles consulter sous le manteau des ouvrages très documentés. Simplement, il leur fallait absolument cacher ce savoir jusqu’à leur nuit de noces incluse, sous peine d’être taxées d’impudicité.
L’héroïne d’Alexandra Vasti est une aristocrate délurée qui opère une librairie tournante clandestine d’ouvrages d’initiation, comme il en existait beaucoup en Angleterre au XVIIIe. Parmi les livres proposés on trouve évidemment le Tableau de l’amour conjugal de Nicolas Venette, une production française. Mais le plus célèbre, et de loin, de ces « sex ed books » a pour nom « Le chef-d’œuvre d’Aristote ». Il ne s’agit pourtant ni d’un livre d’Aristote, puisqu’il date de 1648, ni d’un chef-d’œuvre, mais d’une compilation d’écrits d’anatomie, de manuels à l’usage des sages-femmes et de bons conseils sur la contraception et autres aspects de « la vie conjugale ». L’ouvrage est complété de nombreuses planches descriptives qui n’ont pas peu contribué à son immense popularité. « Au milieu du XVIIe siècle circulaient en Angleterre et en Amérique plus d’éditions du “chef-d’œuvre” que de l’ensemble des livres de vulgarisation sexuelle ; il sera réimprimé – sans grands changements – jusqu’en 1930 », écrit Mary Fissel dans la Cleveland Review of Books. Ce livre était pourtant jugé si scandaleux que le nom même d’Aristote (auquel la légende attribuait d’extravagantes prouesses sexuelles) allait prendre dans le grand public une connotation sulfureuse. L’Église n’était pas en reste, car elle considérait que cette lecture avec ses descriptions très précises incitait non seulement à la licence mais aussi à s’interroger sur la conception virginale de Jésus. Aux États-Unis, le « chef-d’œuvre » tombera victime du Comstock Act (1873) qui prohibait la distribution par la poste fédérale d’ouvrages licencieux. Peut-être l’Honorable Comstock, inspecteur postal de son état, avait-il découvert avec effroi dans le Tableau de l’amour conjugal que trop « aisément l’amoureux poison s’introduit dans le cœur d’une pucelle ».
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