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Non classé Archives - Page 39 sur 817 - Books

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Au Japon on aime les romans et l’intelligence artificielle. Comment donc s’étonner que Tokyo Sympathy Tower, un roman de science-fiction largement consacré à l’AI, se soit récemment vu décerner l’ultra prestigieux prix Akutagawa. « C’est un ouvrage très distrayant et intéressant, et quasiment irréprochable », a dit le jury (comprendre : stylistiquement et techniquement impeccable). Oui mais voilà : du propre aveu de la jeune autrice, Rie Qudan, ChatGPT a fait plus qu’y tremper la patte, car au moins 5 % du texte aurait été directement copié-collé depuis le logiciel. Stupéfaction ! Indignation ! « L’utilisation de l’intelligence artificielle générative dans le domaine créatif est très contestable, ne serait-ce que parce que ces systèmes ont été entraînés sur un corpus colossal constitué des œuvres d’autres écrivains », s’étrangle Jordan Pearson dans Vice. Mais c’est vite oublier que des auteurs fameux ont trituré et recyclé des textes préexistants (Shakespeare, James Joyce, Borges et autres virtuoses de l’intertextualité), ou bien eu recours à des accessoires créatifs, comme Tristan Tzara et ses mots découpés dans des journaux et réassemblés, ou William Burroughs et ses pages pliées pour produire un nouveau texte, ou Georges Perec et ses artifices numérologiques ou typographiques… D’ailleurs les contraintes prosodiques de la poésie ne sont-elles pas déjà des sortes de proto-algorithmes ? Qui plus est, Rie Qudan fait une utilisation légitime de l’AI, puisqu’elle s’en sert pour montrer comment le langage émasculé produit par les modèles (« des mots flous et mous ») finissent par asphyxier tout jugement éthique et critique. Son roman est une dystopie sur le dévoiement de la justice dans un monde dominé par l’AI. On n’en sait pas plus pour l’instant, car il n’est pas traduit (les droits ont été acquis par Viking). ChatGPT pourrait s’en charger. Il pourrait même en faire la critique – une critique dans un style parfait, basée sur une documentation exhaustive, d’une objectivité en principe garantie, et gratuite par-dessus le marché. Manquant peut-être tout de même un peu d’originalité. Pour l’instant du moins…

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Henry Kissinger, qui savait de quoi il parlait, disait de George Kennan qu’il avait défini la doctrine diplomatique de son temps plus que n’importe qui d’autre. C’est à la fois vrai et inexact. Kennan est l’auteur de deux textes qui eurent un impact profond sur la politique extérieure des États-Unis et, plus généralement, sur les relations internationales durant la seconde moitié du XXe siècle. Le premier est le fameux « long télégramme » (5000 mots) envoyé en 1946 de Moscou, par lequel il lançait l’alerte au sujet de la politique extérieure agressive de Staline. L’année suivante, il publiait dans la revue Foreign Affairs, en le signant « X » pour ne pas compromettre le gouvernement, un article dans lequel il formulait le concept qui allait servir de principe directeur à la politique américaine envers l’Union soviétique durant plusieurs décennies : le « containment » (endiguement). Dans son esprit, cette stratégie, voie intermédiaire entre l’abdication face aux volontés expansionnistes de la Russie et un affrontement direct pouvant mener à la guerre, devait être mise en œuvre par des moyens politiques, diplomatiques et économiques. Mais ce n’est pas ainsi qu’elle fut appliquée, et tout le reste de sa très longue vie (il est mort en 2004, un mois après son 101e anniversaire), il contesta l’interprétation en termes essentiellement militaires qui fut faite de ses recommandations. 

Kennan joua un rôle important dans l’élaboration du plan Marshall d’aide à la reconstruction de l’Europe occidentale, ainsi que dans le lancement des opérations secrètes de la CIA (ce qu’il considéra par la suite comme son erreur la plus grave). Mais il estimait indispensable le maintien d’un dialogue avec l’URSS. Préoccupé, comme ses amis les physiciens Robert Oppenheimer et Freeman Dyson, par le risque de guerre atomique, il ne cessa de dénoncer la course aux armements et de plaider en faveur du désarmement nucléaire. À l’instar de Walter Lippmann, le très respecté journaliste qui, l’ayant mal compris, l’avait attaqué, il s’opposa à la « doctrine Truman » mise en œuvre par le secrétaire d’État Dean Acheson, voulant que les États-Unis combattent les mouvements soutenus par Moscou partout dans le monde. Plus tard, après avoir quitté la diplomatie active pour une carrière de « scholar », il critiquera dans le même esprit l’engagement américain au Vietnam. Davantage que par une idéologie communiste qu’il estimait condamnée à s’effondrer tôt ou tard, la politique étrangère soviétique en Europe lui apparaissait déterminée par la psychologie collective russe et une vision géopolitique présente depuis l’époque des tsars. Pour cette raison, lorsque l’URSS éclata, il mit en garde contre les conséquences d’une extension de l’OTAN à l’Est.  

Sur le plan politique, George Kennan était difficile à classer. Apprécié de personnalités du Parti démocrate telles que J.F. Kennedy et son conseiller Arthur Schlesinger, il comptait parmi ses amis proches un homme qui se définissait comme réactionnaire (l’historien d’origine hongroise John Lukacs) et, en Europe, des figures notoires de la pensée libérale, le philosophe Isaiah Berlin et la directrice du Zeit Marion Dönhoff. Confiant dans les institutions démocratiques plus que dans le jugement populaire, il aurait volontiers confié le gouvernement à une élite éclairée. La démocratie lui semblait dans tous les cas le produit de conditions historiques très particulières et toute tentative de l’imposer par la force dans des pays aux traditions différentes de celles de l’Occident était à son estime vouée à l’échec. Convaincu que « le gouvernement américain est techniquement incapable de concevoir et mettre en œuvre à long terme une politique cohérente à l’égard de régions éloignées du territoire national », il fut un de ceux qui s’élevèrent contre l’intervention américaine en Irak. Plutôt que de sermonner sur les droits de l’homme, disait-il aussi, mieux vaut prêcher par l’exemple. De tempérament, Kennan était assurément conservateur. Nostalgique de l’Amérique profonde du Midwest telle qu’il l’avait connue enfant dans le Wisconsin, il était sentimentalement et presque mystiquement lié à la Russie de Tolstoï et de Tchekhov, un auteur qu’il révérait et dont il a longtemps rêvé d’écrire une biographie. Affirmant qu’il aurait préféré vivre au XVIIIou au XIXe siècle, il se sentait mal à l’aise dans son époque. Beaucoup d’aspects de la modernité et de la société américaine le rebutaient. Il détestait l’automobile, abhorrait la publicité, se désolait du matérialisme de ses compatriotes, de leur superficialité, de leur individualisme, de leur passion pour les affaires et de leur indifférence à la destruction de l’environnement par l’industrialisation. 

De ses journaux intimes, édités par Frank Costigliola avant de rédiger sa biographie, ressort l’image d’un homme à la personnalité complexe, tourmenté, mélancolique, enclin à l’auto-examen et l’auto-apitoiement, cherchant du réconfort dans la compagnie des femmes, un trait qu’il expliquait par le traumatisme de la perte de sa mère lorsqu’il avait deux mois (The Kennan Diaries, 2014). Marié durant plus de 70 ans, il eut un certain nombre de liaisons (et d’innombrables rêveries d’aventures) qui le remplissaient d’une culpabilité torturante. Parlant couramment le russe et l’allemand, il maîtrisait le français, le norvégien, le polonais, le tchèque, le serbo-croate et le portugais. Nourrie de lectures abondantes, parmi lesquelles Gibbon, Tocqueville, John Quincy Adams et les romanciers russes occupent une place privilégiée, sa production d’écrivain est impressionnante : une histoire de la diplomatie américaine devenue un classique, des réflexions sur l’histoire de la Russie, la politique extérieure des États-Unis, les relations entre les deux pays et la question de l’armement nucléaire, deux livres sur les prémices de la Première Guerre mondiale, deux volumes de Mémoires. Sa prose est d’une grande tenue stylistique. Lorsqu’il évoque le décor et l’atmosphère des pays dans lesquels il s’est rendu, elle atteint une réelle qualité littéraire et poétique. 

Comme deux autres grands artisans de la politique extérieure des États-Unis, Henry Kissinger et Zbigniew Brzeziński, George Kennan fut à la fois diplomate et théoricien des relations internationales. Contrairement à eux, il n’exerça jamais de responsabilités politiques. Compte tenu de son caractère émotif, on n’a jamais songé à lui en confier et il s’en serait sans doute très mal acquitté. Outre son intelligence, ce qui le distinguait était une curieuse combinaison de réalisme et de romantisme. Voyant parfois plus loin que les autres, et juste avant tout le monde, il s’est aussi quelquefois trompé et a dans certains cas spectaculairement changé d’avis (sur la réunification de l’Allemagne, par exemple, idée qu’il a d’abord écartée avant de la défendre avec vigueur, pour finir par déplorer la manière dont elle s’est concrétisée). Mais la clairvoyance de ses analyses, la profondeur de ses vues et l’élégance de sa langue font que ses livres resteront une source d’inspiration. Interrogé par son premier biographe (John Gaddis) au sujet de ce qu’il faudrait souligner dans sa nécrologie, il mettait à son crédit sa constante indépendance d’esprit et le fait d’avoir été honnête toute sa vie.   

Pour aller plus loin :

Lien vers « le long télégramme » :

https://nsarchive2.gwu.edu/coldwar/documents/episode-1/kennan.htm

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L’altière figure du philosophe Miguel de Unamuno continue de fasciner les Espagnols. L’auteur du Sentiment tragique de la vie inspire le romancier à succès Luis García Jambrina. Enseignant de littérature à l’université de Salamanque, dont Unamuno fut le recteur, Jambrina imagine qu’en 1905 le philosophe s’était transformé en Sherlock Holmes pour enquêter sur le meurtre d’un notable de province. Trois ouvriers agricoles sont accusés, mais étaient-ils les coupables ? Unamuno est aidé par Teresa, une jeune anarchiste avec laquelle le chrétien monogame entretient une relation ambiguë. Teresa, c’est aussi le titre d’un ouvrage du philosophe, qui était également romancier et poète, dans lequel il mélange ces trois genres. Un ouvrage dont Jambrina, justement, prépare une édition savante. Car « Le premier cas d’Unamuno » est bien plus qu’un simple polar. C’est un livre à entrées multiples, « une œuvre hybride », écrit dans El País le journaliste et romancier Juan Carlos Galindo. L’enquêteur, sorte « d’anti-héros » sur qui plane l’ombre de Don Quichotte, est aussi le philosophe en quête de vérité, qui proclamait « la vérité avant la paix » (la vérité prime sur la paix). « Toute sa vie Unamuno a cherché la vérité, explique Jambrina, la vérité cachée par les mensonges ou falsifiée par les apparences. » C’est le deuxième livre qu’il consacre au philosophe ; le précédent était une enquête sur les conditions suspectes de sa mort, en pleine guerre civile, le 31 décembre 1936. Un autre personnage hante ces deux ouvrages : Salamanque, que Jambrina fait revivre à trente ans de distance : « La ville m’intéresse comme quelque chose de plus qu’une toile de fond. »

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Un livre de Kant aurait bien du mal à se hisser sur une quelconque liste de best-sellers : la Critique de la raison pure, son magnum opus, compte plus de 700 pages et il est souvent difficile d’y avancer à plus de cinq pages par heure. De quoi décourager même le lecteur le plus persévérant. Un ouvrage sur Kant, en revanche, ne rencontrera pas nécessairement les mêmes difficultés. Prenez « Le ciel étoilé au-dessus de moi ». Sorti début février outre-Rhin, il s’est aussitôt retrouvé parmi les meilleures ventes. Ses auteurs, le philosophe israélien Omri Boehm et l’écrivain germano-autrichien Daniel Kehlmann y discutent de Kant dont on fête cette année le tricentenaire de la naissance. Boehm a déjà consacré plusieurs essais à l’austère philosophe qui, en près de quatre-vingts années d’existence, ne quitta jamais sa ville natale de Königsberg et mourut sans doute vierge. Kehlmann, lui, est surtout romancier. Mais avant de devenir un auteur star, il avait entrepris d’écrire une thèse sur le sublime chez Kant. « Bien sûr, un recueil d’entretiens ne saurait suivre un ordre systématique. Les grands thèmes sont cependant abordés », note Frank Hertweck sur le site de la Südwestrundfunk (SWR). Il est question de la vie de Kant, de sa place dans l’histoire de la philosophie tout comme de ses grandes idées. Esprit du temps oblige, nos deux causeurs abordent la question du racisme de certains écrits. Kehlmann y répond de manière assez radicale : les passages incriminés seraient l’œuvre d’un vieillard sombrant dans la démence, tout comme, du reste, toute son œuvre anthropologique.

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Pour comprendre (un peu) ce qui fait courir le dictateur russe, il est indispensable de se plonger dans la littérature de l’eurasianisme. Née dans les années 1920 mais plongeant ses racines loin dans le passé de la Russie, cette doctrine semble en effet imprégner les cerveaux du Kremlin et de la hiérarchie militaire et policière. Déjà avancée à plusieurs reprises, parfois relativisée, cette thèse est solidement étayée par la publication en anglais de plusieurs textes fondateurs et de deux ouvrages éclairants. Dans un long article publié dans The New York Review of Books, le spécialiste d’études slaves Gary Saul Morson en fait la synthèse.

Quand l’armée russe s’empara de la Crimée en 2014, Angela Merkel, qui parle russe, dit à Obama que le président russe lui semblait « évoluer dans un autre monde ». Sans peut-être qu’elle le sût, sa formule faisait écho à un article d’un des deux principaux fondateurs de l’eurasianisme, Piotr Savitsky. Publié en 1922, il est intitulé « Deux mondes ». La Russie, soutient-il, doit comprendre qu’elle n’appartient pas à la civilisation européenne. Les Russes sont un peuple de la steppe, laquelle s’étend de la Hongrie à la Mandchourie. Ils sont les frères des Mongols et autres ressortissants de l’Asie centrale, les « Touraniens ». La conquête mongole fut pour eux une bénédiction, car elle les isola des Européens, dont le caractère « océanique » s’oppose au caractère « continental » des Eurasiates. Pour les peuples de la steppe, le seul régime qui vaille est un absolutisme radical, fondé sur une « idéocratie », brillant contraire de la démocratie, assimilée au désordre. Les autres théoriciens fondateurs de l’eurasianisme développent les mêmes thèses, qu’ils appuient volontiers sur des théories scientifiques plus ou moins extravagantes : le célèbre linguiste Nikolaï Troubetskoï, le spécialiste des Mongols Lev Goumilev, un antisémite obsessionnel, et plus récemment Alexandre Douguine, dont les livres « emplissent les librairies » et dont les idées « saturent les médias ». Douguine a appelé à la conquête du Donbass des mois avant qu’elle se produise et pousse aujourd’hui à la guerre totale en Ukraine, un pays honni car il a trahi la cause eurasianiste.

[post_title] => Dans la tête de Poutine [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => dans-la-tete-de-poutine [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2024-02-29 14:18:17 [post_modified_gmt] => 2024-02-29 14:18:17 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=129092 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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Il trône depuis 47 semaines sur la liste des best-sellers du New York Times et se serait vendu à plus d’un million d’exemplaires. Il compte pourtant plus de 500 pages, dont 40 de références, et est réputé de lecture difficile. Cela se conçoit, dans ce pays où la longévité a sensiblement régressé ces dernières années, même sans tenir compte du Covid. L’auteur a fait de brillantes études de médecine avant de partir chez McKinsey puis de fonder une clinique où il vend cher ses conseils en matière de longévité. 

Son message de base est relativement simple et plein de bon sens. Il se résume en quelques mots. Il s’agit de chercher les moyens de vivre le plus longtemps possible en bonne santé. Nos quatre ennemis principaux, les « quatre cavaliers » (de l’Apocalypse), sont la maladie cardiaque, le cancer, Alzheimer (et autres maladies neurologiques dégénératives) et les dysfonctionnements métaboliques, au premier rang desquels le diabète. Et voici les quatre remèdes clés : l’exercice, l’alimentation, le sommeil et la santé émotionnelle. L’exercice en tête : « Je considère désormais l’exercice comme le remède le plus puissant. »

Rien que de très consensuel jusque-là. Mais l’éminent cardiologue Eric Topol, lui aussi auteur de best-sellers sur la médecine, s’étonne sur son blog de voir Attia préconiser la prise régulière de rapamycine, qui certes accroît la longévité de diverses espèces animales, mais est un immunosuppresseur. Il s’étonne aussi de lire son conseil de se faire prescrire une imagerie corporelle totale pour déceler d’éventuels départs de cancer : c’est très cher et risque d’entraîner une série d’angoisses et d’interventions inopportunes. Il regrette d’avoir à constater que le « package » des préconisations prodiguées par Attia et ses collègues dans leur clinique est réservé à des gens très riches. 

Une critique plus sévère encore émane d’un urgentiste affilié au célèbre Kaiser Permanente, qui dépend d’une fondation à but non lucratif. Tout en recommandant la lecture du livre, s’exprimant sur LinkedIn, Graham Walker précise que le coût total des mesures proposées par Attia s’élève à 150 000 dollars par an, ce qui écarte « la grande majorité des Américains ». C’est là selon lui le principal biais du clinicien : il s’adresse à une clientèle fortunée et sous-estime l’ampleur des déterminants socioéconomiques, dans une société où un travailleur sur quatre n’a pas accès aux congés maladie payés et où un sur quatorze n’a pas d’assurance maladie. Il observe aussi qu’en dépit de son insistance sur la prévention, Attia exprime une confiance exagérée dans l’efficacité de certaines molécules : « Un médicament qui réduit efficacement le niveau du cholestérol ne semble pas pour autant réduire l’incidence des attaques cardiaques, des AVC et des décès. »

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Maria Callas demeure un mythe. Près d’un demi-siècle après sa mort, en 1977 à Paris à l’âge de 53 ans, son aura est intacte et brille même davantage. Avec le temps, un aspect de sa personnalité mis en avant de son vivant tend en effet à s’estomper. Elle n’était pas toujours commode, ni insensible à la notoriété, et elle s’est laissé tenter par les plaisirs de la jet-set internationale. Mais on comprend mieux à présent combien l’image d’une diva capricieuse et tyrannique, jamais en reste d’un scandale et amoureuse du luxe, était largement le produit d’inventions des journalistes. 

La légende de la Callas, aujourd’hui, repose sur la combinaison de deux éléments. Tout d’abord un talent exceptionnel : même ceux qui ne sont pas prêts à voir en elle « la plus grande chanteuse d’opéra du XXsiècle, voire de tous les temps » (qualifications sans beaucoup de sens) reconnaissent qu’elle avait quelque chose d’unique et d’incomparable, qui jette sur les interprétations des cantatrices contemporaines l’ombre des siennes, inoubliables. Ensuite ce qu’il est convenu d’appeler son « destin tragique » : sa vie sentimentale malheureuse et surtout l’interruption précoce de sa carrière suite à la détérioration de sa voix pour des raisons jamais totalement élucidées, mais dans lesquelles l’usure engendrée par un travail acharné et l’enchaînement sans répit de rôles très exigeants a certainement joué un rôle.     

Des milliers de livres, d’articles, de reportages et de documentaires ont été consacrés à la Callas. Parmi les ouvrages publiés à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance, en 2023, celui de Fabio Dal Corobbo a pour caractéristique de se concentrer sur son art. C’est un monument d’érudition à l’italienne farci de références, de noms et de longues citations. Au fil de l’analyse des représentations et des enregistrements, et du récit de ses rapports avec les chanteurs et les chefs d’orchestre, on saisit la nature de ce qui faisait sa singularité artistique. 

La voix de la Callas n’a cessé de donner lieu à des gloses et des interrogations.  Immédiatement reconnaissable – une ou deux mesures suffisent –, elle exerce un effet d’envoûtement et il est commun d’entendre dire qu’on ne peut pas l’écouter sans frissonner. Les musicologues peinent à définir sa tessiture. Était-elle une mezzo-soprano ou une soprano colorature ? Une soprano dramatique ou lyrique ? Sa voix de base se situait dans une position intermédiaire de soprano dramatique colorature. Mais un travail opiniâtre lui permit de l’étendre dans le grave comme dans l’aigu, pour finir par couvrir trois octaves. C’est une performance moins rare qu’on le dit parfois. Ce qui la distinguait était plutôt sa très forte intensité et, surtout, son timbre très particulier : un timbre voilé, sombre, qu’elle qualifiait elle-même de « presque noir » et que Fabio Dal Corobbo n’hésite pas à appeler « gothique ». On a dit que cette voix était laide. Elle n’avait assurément pas la pureté cristalline, l’homogénéité et le velouté de celle d’autres cantatrices. Parfois décrite comme une voix « grecque » ou « orientale », elle pouvait être rauque, stridente et sauvage. Et elle s’est progressivement dégradée. Mais, sauf dans les toutes dernières années, elle n’a jamais perdu sa puissance expressive.   

Maria Callas a très peu chanté Mozart, un peu davantage les opéras français, et Wagner et Beethoven à ses débuts seulement, en italien. Elle n’a jamais touché au lied, ni à la musique sacrée. Mais son répertoire couvrait tout l’opéra italien, des grands auteurs de bel canto (Bellini, Donizetti), qu’elle a contribué à arracher de l’oubli où ils étaient tombés, au vérisme de Puccini et Mascagni, en passant par les grands opéras romantiques de Verdi. Un trait commun des œuvres de ces compositeurs est que leur rôle-titre est le plus souvent celui d’un personnage de femme trompée, trahie, abandonnée, frappée par le sort : Norma, Lucia di Lammermoor, Aïda, La Traviata, Tosca, Madame Butterfly. Dans ces rôles, Maria Callas donnait toute la mesure de son formidable talent dramatique. 

Sur scène, elle avait des gestes d’une grande sobriété, en petit nombre et assez stéréotypés. C’est dans l’expression du visage que passait l’émotion et, surtout, dans la voix, à un degré qui a fait dire qu’elle devenait littéralement les héroïnes qu’elle incarnait. Comme elle a joué tous ces rôles bien avant d’être elle-même délaissée par l’homme de sa vie (le milliardaire Aristote Onassis), on a pu soutenir qu’en les choisissant elle avait pressenti son destin. N’est-ce pas aller trop loin ? Plus juste est l’observation selon laquelle se trahit dans l’intensité de ses interprétations la tension qu’engendrait chez elle la recherche éperdue de la perfection. Une quête permanente qui la conduisait à ne jamais chanter deux fois de la même façon et contribuait à conférer à chacune de ses prestations, si extraordinaire qu’elle fût, un caractère de précarité et de fragilité qui renforçait encore l’émotion qu’on ressentait en l’écoutant. 

Un des chapitres les plus éclairants du livre de Fabio Dal Corobbo est celui qu’il consacre au cycle de cours qu’elle a donnés à la Juilliard School de New York en 1971 et 1972. En public, elle y dispensait à de jeunes chanteurs des conseils techniques et livrait des observations sur la psychologie des personnages qui frappent par leur pertinence. Elle appelait aussi ses élèves à faire preuve d’humilité : « Souvenez-vous, nous sommes au service de personnes meilleures que nous : les compositeurs. » Dans les nombreux entretiens qu’elle a donnés, sa correspondance et ses souvenirs, Maria Callas se montre une personne plus intelligente, sensible, modeste et touchante qu’on l’a accusée d’être. Peu cultivée en dehors de la musique, elle possédait de celle-ci une connaissance profonde et éprouvait pour elle une totale dévotion. « Chanter pour moi, écrit-elle dans une note mise en exergue de son livre par Fabio Dal Corobbo, n’est pas un acte d’orgueil, mais seulement une tentative d’élévation vers ces Cieux où tout est harmonie. » Elle vivait pour la musique. Quand elle n’a plus pu chanter, elle a perdu le goût de l’existence.  

Pour en savoir plus

Diplômé en lettres classiques et en histoire, Fabio Dal Corobbo a soutenu en 2019 une thèse en musicologie sur Maria Callas, d’où son livre est tiré. 

En français, une excellente introduction est la biographie de René de Ceccatty : Maria Callas (Gallimard Folio, 2009). 

Deux nouvelles biographies détaillées sont parues, l’une en anglais, The Callas Imprint par Sophia Lambton (The Crepuscular Press, 2023), l’autre en allemand, Maria Callas: Die Stimme der Leidenschaft par Eva Gesine Baur (C.H. Beck, 2023). 

Sur Maria Callas à la Juilliard School : Callas at Juilliard: The Master Classes (Amadeus Press, 2003). 

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Le groupe Actissia étant mis en liquidation, notre numéro de janvier-février (« Faut-il restituer l’art africain ? ») est aussi le dernier.

Books trouvera-t-il un nouveau sauveur, ou les moyens de renaître une seconde fois, sous une forme ou sous une autre ?

Vous pouvez adresser un message à 

Une soixantaine de personnalités ont signé notre appel à soutien, que voici :

Farid Abdelouahab, écrivain et historien

Claude Askolovitch, journaliste et écrivain

Jacques Attali, économiste et écrivain

Olivier Barrot, journaliste et écrivain

Olivier Bétourné, éditeur

Lucien Bianco, historien

Laurent Binet, écrivain

Pascal Blanchard, historien

Michel Blay, historien et philosophe des sciences

Mikkel Borch-Jacobsen, historien

Elvire de Brissac, romancière

Gérald Bronner, sociologue

Belinda Cannone, écrivain

Christophe Charle, historien

Catherine Clément, philosophe

Jérôme Clément, fondateur et ancien président d’Arte, écrivain

Sylvain Cypel, journaliste

Boris Cyrulnik, psychiatre et éthologue

Antoine Danchin, biologiste

Christophe Deloire, journaliste

Jean-Philippe Domecq, écrivain

Annie Ernaux, écrivaine

Sylvie Fainzang, anthropologue

Caryl Férey, romancier

Eric Fottorino, journaliste

Michel Foucher, géographe

Dan Franck, romancier et scénariste

Alain Genestar, journaliste

François Gèze, éditeur

Sophie Gherardi, journaliste

Bernard Granger, psychiatre

Christian Grataloup, géographe 

Frédéric Gros, philosophe

Nathalie Guérin, thérapeute

Cécile Guilbert, essayiste et romancière

Pierre Haski, journaliste

Nathalie Heinich, sociologue

Pierre Jacquet, économiste

Jean-Noël Jeanneney, historien

Jean de Kervasdoué, économiste de la santé

Eric La Blanche, auteur et écrivain

Rémi Labrusse, historien

José-Manuel Lamarque, journaliste

Alexandra Lapierre, romancière

Hervé Le Bras, démographe

Jean-Pierre Le Goff, sociologue

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Danièle Linhart, sociologue

Philippe Meyer, journaliste et écrivain

Gérard Mordillat, romancier et cinéaste

Priscilla De Moustier, présidente de Wendel-Participations

Anne Nivat, journaliste et écrivaine

Francoise Nyssen, éditrice

Denis Olivennes, chef d'entreprise et essayiste

ORLAN, plasticienne

Véronique Ovaldé, romancière

Robert Michel Palem, neuropsychiatre

Daniel Pennac, romancier

Anne Perrot, économiste

Michelle Perrot, historienne

Natacha Polony, journaliste

Jérôme Prieur, essayiste et cinéaste

Bruno Racine, haut fonctionnaire et écrivain

Robin Renucci, directeur du théâtre de La Criée, comédien 

Philippe Rey, éditeur

Angelo Rinaldi, écrivain et critique littéraire

Mustapha Saha, sociologue et poète

Steven Sampson, écrivain et critique littéraire

Maurice Sartre, historien

Dominique Schnapper, sociologue et politologue

Alain-Gérard Slama, essayiste et historien

Sylviane Tarsot-Gillery, haute fonctionnaire

Pierre-Henri Tavoillot, philosophe

Emmanuel Todd, historien et anthropologue

Jean Viard, sociologue et éditeur

Olivier Weber, écrivain et grand reporter

Michel Winock, historien

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Attisé par la vogue de la pensée « woke » et des études décoloniales, le mouvement en faveur de la restitution à leur terre d’origine des œuvres d’art pillées par les puissances coloniales, qui s’était endormi après un beau feu de paille entre les années 1960 et les années 1980, a repris de plus belle. Les arguments frappants fusent de toutes parts, certains convaincants, d’autres moins. D’un côté, on ne peut que souscrire au point de vue naguère superbement exprimé par le Sénégalais Amadou-Mahtar M’Bow, alors directeur général de l’Unesco : « Les peuples victimes de ce pillage parfois séculaire n’ont pas seulement été dépouillés de chefs-d’œuvre irremplaçables : ils ont été dépossédés d’une mémoire qui les aurait sans doute aidés à mieux se connaître eux-mêmes, certainement à se faire mieux comprendre des autres. » D’un autre côté, on ne peut qu’adhérer à l’argument invoqué en haut lieu en Europe et ailleurs, selon lequel les grands musées comme le British Museum ou le Louvre ont une vocation à l’universalité, confirmée par les foules qui les visitent.

La complexité de ce sujet sensible n’appelle pas de solution simple ; on doit s’attendre à des avancées et à des retours en arrière, à une évolution au cas par cas. Un exemple déjà ancien vaut d’être médité. En 1977, les organisateurs d’un festival d’art africain à Lagos avaient pris pour emblème La Reine mère Idia, un célèbre masque en ivoire représentant la mère d’un roi béninois du XVIe siècle. Le British Museum, qui le détient, a refusé de le prêter – mais proposa aux responsables du festival d’en envoyer une copie. Ils se sentirent injuriés, et l’écrivain nigérian Wole Soyinka, qui faisait partie du comité d’organisation, suggéra qu’on mette sur pied « un corps expéditionnaire de spécialistes, comprenant des mercenaires si nécessaire, pour aller récupérer le trésor ». 

Cet incident fait curieusement écho à l’un des mots utilisés par M’Bow dans son adresse, rédigée l’année suivante : « irremplaçable ». Irremplaçable, vraiment ? Jusqu’à quel point ? Rappelons l’histoire des Chevaux de Saint-Marc. Il s’agit d’un quadrige sans doute d’origine grecque qui ornait l’hippodrome de Constantinople. Ayant participé au sac de la ville par les croisés, les Vénitiens les enlevèrent en 1204 et les placèrent sur une galerie au-dessus du porche de la basilique Saint-Marc. En 1797, Bonaparte emporte les chevaux ; devenu empereur, il les fait installer sur l’arc de triomphe du Carrousel. Après Waterloo, les chevaux sont restitués à Venise. Vous pouvez toujours les admirer au-dessus du porche de la basilique Saint-Marc – sauf que ce sont des copies. Les vrais sont à l’intérieur. Le quadrige qui orne toujours le Carrousel à Paris est aussi une copie. Qui s’en soucie ? Et faudrait-il que la Turquie, ou pourquoi pas la Grèce, réclame les originaux à Venise ? 

Sans doute certains originaux sont-ils irremplaçables. Mais la copie est aujourd’hui un savoir-faire abouti qui empêche le visiteur non spécialiste de voir la différence. L’exemple le plus spectaculaire est Lascaux IV, reproduction quasi parfaite de la grotte d’origine. Il y a là clairement une piste à explorer pour régler des différends et apaiser les esprits.  

— Olivier Postel-Vinay

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