WP_Post Object
(
[ID] => 132635
[post_author] => 48457
[post_date] => 2025-10-02 13:16:31
[post_date_gmt] => 2025-10-02 13:16:31
[post_content] =>
« Faire du net zéro carbone un succès exige que nous distinguions entre ce que nous désirons être vrai et ce qui est vrai », écrit Tim Gregory. Le jeune physicien nucléaire britannique explique en détail le fonctionnement de cette énergie et expose les mythes qui continuent de la grever. Les milliers de victimes de Fukushima ne sont pas dues aux radiations mais à l’évacuation de masse qui a suivi l’accident. La mortalité due au nucléaire équivaut à celle causée par les éoliennes et le solaire. La totalité des déchets nucléaires des réacteurs de la planète tiendrait dans un cube de trente mètres de côté. Surtout, il s’agit d’une énergie verte, en ce qu’elle n’émet presque pas de gaz carbonique. Tourner le dos au nucléaire après Tchernobyl a été la plus désastreuse décision des États en fait de politique énergétique. « On aurait évité l’émission de près de 29 gigatonnes de CO₂. La production de 900 centrales à charbon pendant 30 ans », commente Tone Langengen, du Tony Blair Institute for Global Change, dans la Literary Review. « Atteindre le net zéro serait peut-être possible sans le nucléaire, ajoute-t-il, mais celui-ci est bien plus viable et bien moins coûteux, sur le plan économique et environnemental. » Pour Tim Gregory, « décarboniser le monde avec l’énergie nucléaire devrait être le programme Apollo du XXI e siècle ». Il plaide en faveur des surgénérateurs, qui transforment les déchets en combustible, et pour les petits réacteurs modulaires, qui peuvent être construits plus vite et sont plus flexibles que les centrales nucléaires.
Le livre plaît moins au journaliste Dorian Lynskey, qui dans The Guardian, tout en saluant le talent de vulgarisateur de Gregory, dénonce son « optimisme effréné ».
[post_title] => Le nucléaire, l’énergie verte de demain
[post_excerpt] =>
[post_status] => publish
[comment_status] => open
[ping_status] => open
[post_password] =>
[post_name] => le-nucleaire-lenergie-verte-de-demain
[to_ping] =>
[pinged] =>
[post_modified] => 2025-10-02 13:16:32
[post_modified_gmt] => 2025-10-02 13:16:32
[post_content_filtered] =>
[post_parent] => 0
[guid] => https://www.books.fr/?p=132635
[menu_order] => 0
[post_type] => post
[post_mime_type] =>
[comment_count] => 0
[filter] => raw
)
WP_Post Object
(
[ID] => 132629
[post_author] => 48457
[post_date] => 2025-10-02 13:13:45
[post_date_gmt] => 2025-10-02 13:13:45
[post_content] =>
Sergio Leone a souvent déclaré qu’Il était une fois en Amérique était son meilleur film. Ce n’est pas un film de gangsters, disait-il, mais « un film sur le temps, la mémoire et le cinéma ». Méditation sur l’enfance, le souvenir et l’amitié, réflexion, aussi, sur la trahison, l’échec et le rêve américain, qui ne reste souvent qu’un rêve, il est en même temps un hommage à la littérature américaine (Chandler, Dos Passos, Hammett, Hemingway, Fitzgerald) qui fascinait Leone, et plus encore au film noir et au cinéma en général. « Il était une fois en Amérique, observait-il, est un film autobiographique à deux niveaux : ma vie personnelle et ma vie de spectateur des films américains. »
Le film est basé sur un livre intitulé The Hoods, récit autobiographique d’un ancien gangster juif new-yorkais qui écrivait sous le nom de Harry Grey. Un petit gangster qui avait travaillé sous les ordres de Frank Costello à l’époque de la prohibition – on est loin des légendes du banditisme juif que furent Meyer Lansky, Bugsy Siegel et Dutch Schultz. Entre le moment, au milieu des années 1960, où Leone découvrit l’ouvrage, et celui où le film fut projeté pour la première fois, en 1984, près d’une vingtaine d’années s’écoula au cours de laquelle il déploya des efforts obstinés pour concrétiser son idée de porter cette histoire à l’écran, déclinant même une proposition de tourner Le Parrain. Lorsque le film sortit en salle, il n’en avait pas réalisé d’autre depuis treize ans.
L’histoire de la conception, de la préparation et du tournage d’Il était une fois en Amérique fait l’objet d’un très riche chapitre de la biographie de Leone par Christopher Frayling, publiée en 20001. Piero Negri Scaglione y consacre un livre entier, largement basé sur des entretiens avec une série de personnes qui ont pris part à l’aventure. Le titre reprend une des phrases les plus célèbres du dialogue. « Qu’as-tu fait durant toutes ces années ? » est ce que Fat Moe demande à son ami d’enfance David Aaronson, surnommé « Noodles » (Nouilles), lorsqu’il le voit resurgir après 35 ans d’absence dans le bar qu’il tient, où ils se sont connus lorsqu’ils étaient adolescents et qui servit plus tard de quartier général à la bande de truands que formaient Noodles et quatre amis.
Le film raconte la complicité des cinq garçons, devenue celle de quatre jeunes hommes après qu’un d’entre eux a été tué par le chef d’une bande rivale ; la passion douloureuse et sans avenir de Noodles pour Deborah, la sœur de Fat Moe – et son amitié violente pour Max, l’autre forte personnalité du groupe, qu’il finit par trahir en le dénonçant à la police pour un simple transport d’alcool, afin de lui éviter de se faire tuer lors d’un cambriolage de banque particulièrement téméraire. Ceci entraîne apparemment la mort de Max et de ses deux autres amis, et Noodles doit fuir loin de New York pour échapper aux commanditaires de la bande.
La plupart des anecdotes contenues dans The Hoods apparaissent dans le film, mais complétées par des développements inédits et dotées d’une signification et d’une portée nouvelles, parce qu’elles s’insèrent à présent dans une histoire conçue comme une « fable pour adultes ». Le récit fait des allers-retours constants entre trois époques : 1922, le moment où la bande se forme, 1933, année de leurs derniers exploits peu avant la fin de la prohibition, et 1968, qui voit Noodles revenir à New York et retrouver Max, en réalité encore vivant. Il a épousé Deborah et, devenu sénateur, il est sur le point d’être accusé de corruption. Se sachant fini et menacé d’être assassiné, il lui demande le service de le tuer, lui offrant ainsi l’occasion de se venger de celui qui l’a trompé, lui a pris son argent, la femme qu’il aimait et 35 ans de son existence. Noodles s’y refuse. Certains critiques ont suggéré que la partie de l’histoire se déroulant en 1968 est en réalité un rêve fait par Noodles sous l’emprise de l’opium qu’on le voit fumer dans la première et la dernière séquence – une interprétation que Leone n’exclut pas, sans pour autant la cautionner.
Ce scénario sophistiqué est le produit d’un travail collectif. À la suite de plusieurs rencontres avec Harry Grey, Leone, après avoir sollicité Leonardo Sciascia, puis le scénariste Ernesto Grimaldi, confia un travail de rédaction à Norman Mailer, qui produisit un texte inutilisable. Il se tourna alors vers quatre collaborateurs. Piero Negri Scaglione reconstitue avec patience la longue suite d’esquisses de scénarios, de « traitements » et de scripts qui finit par donner lieu à l’histoire telle que nous pouvons la voir, en s’employant à attribuer à chacun ce qu’on lui doit. C’est Max qui fait revenir Noodles à New York : cette idée, qui a véritablement fait démarrer la mise au point du scénario, est par exemple à mettre au crédit de Franco Arcalli (décédé en 1978). L’atmosphère « proustienne » du film et la logique de l’enchaînement des épisodes sont l’apport d’Enrico Medioli, scénariste de Luchino Visconti, pour lequel il avait écrit une adaptation d’À la recherche du temps perdu. Leonardo Benvenuti et Piero De Bernardi, qui avaient souvent travaillé ensemble, couvrirent plus particulièrement la partie consacrée à l’enfance. Franco Ferrini fut chargé de polir le scénario. Approché en raison de sa connaissance du yiddish parlé dans le milieu juif new-yorkais, l’auteur des dialogues en anglais, Stuart Kaminsky, réécrivit cinq fois l’ensemble, en faisant une série de suggestions dont certaines furent retenues.
Peu après avoir découvert le livre de Harry Grey, Leone apprit que les droits d’adaptation à l’écran étaient détenus par un producteur nommé Dan Curtis. Celui-ci, après avoir refusé à plusieurs reprises de les céder, finit par les vendre à Alberto Grimaldi, qui les céda à son tour au jeune producteur Arnon Milchan à la demande de Leone, suite à un différend avec Leone. Celui-ci affirma plus tard qu’il portait sur une question d’argent, mais il semble qu’en réalité Grimaldi était farouchement opposé au maintien d’une scène qu’il trouvait choquante, alors que Leone l’estimait indispensable : celle dans laquelle Noodles, lorsque Deborah lui annonce son intention de partir faire carrière à Hollywood, ivre de dépit et pris d’un accès de rage autodestructrice, la viole brutalement dans le taxi qui les ramène du restaurant au bord de l’océan où ils venaient de dîner absolument seuls, dans un décor qu’on dirait sorti de Gatsby le Magnifique.
La liste des acteurs envisagés pour les principaux rôles comprend quasiment tout Hollywood. Au départ, l’idée était de faire interpréter les principaux personnages aux trois moments de l’histoire par des acteurs différents. À l’époque où Leone était en rapport avec un producteur français, les noms de Gérard Depardieu et de Jean Gabin furent ainsi cités pour incarner respectivement Max jeune et âgé. Cette piste fut finalement abandonnée. Joués par des adolescents dans les séquences se passant en 1922, Noodles, Max, Deborah et plusieurs personnages secondaires sont interprétés par les mêmes comédiens dans les scènes situées en 1933 et 1968. Ce changement d’approche fut rendu nécessaire par la volonté de Robert De Niro, choisi pour incarner Noodles, d’interpréter son personnage aux deux âges. Le choix de De Niro se révéla particulièrement heureux. Entre lui et Leone, la connivence fut immédiate. Formé aux techniques de l’Actors Studio, il parvient à évoquer avec subtilité les facettes d’une personnalité difficile à saisir et se glisse de manière très convaincante dans la peau d’un sexagénaire. Pour Max, Leone voulait un visage neuf. Ce fut celui de James Woods, à qui ce film offrit son meilleur rôle. Impressionné par De Niro, et se sentant en compétition avec lui, il laissa la tension créée par cette situation nourrir celle qui existait entre leurs deux personnages. Les beaux visages d’Elizabeth McGovern (Deborah) et Tuesday Weld (Carol, la maîtresse de Max) sont souvent filmés en très gros plans, dans le style du cinéma muet.
Pour définir l’esthétique du film, Leone avait rassemblé une documentation considérable. On retrouve dans les images des échos des toiles d’Edward Hopper, des illustrations de Norman Rockwell et des photos des quartiers populaires de New York au début du XXe siècle par le journaliste danois Jacob Riis. On perçoit d’abondantes références à des scènes d’autres films, notamment d’Orson Welles, de Charlie Chaplin et de toute une série de films noirs. Le tournage fut une opération complexe. Le quartier juif de Lower East Side ayant profondément changé, les scènes censées s’y passer furent tournées à Brooklyn, de l’autre côté du Manhattan Bridge. Une grande partie des éléments de décor furent fabriqués à Rome et transportés à New York en bateau. De nombreuses scènes furent tournées à Cinecittà, d’autres à Venise et au lac de Côme, celle où la bande apprend la fin prochaine de la prohibition en Floride, plusieurs à Montréal et dans le New Jersey. La gare d’où Deborah part pour Los Angeles, supposée être le Grand Central de New York, est en réalité la gare du Nord de Paris.
Sergio Leone et une bonne partie de son équipe parlaient mal l’anglais, ils communiquaient avec les acteurs avec l’aide d’interprètes et par gestes. Comme il en avait l’habitude, Leone, lorsqu’il ne tournait pas en son direct et dans les moments de pause, faisait diffuser la musique du film sur le plateau, pour aider les acteurs à se mettre en condition. Écrite par son compositeur attitré, Ennio Morricone, elle contribue de manière essentielle à créer l’atmosphère du récit. Il en émane une impression de grande mélancolie, accordée au mélange de tristesse et de beauté qui sourd du film, en dépit de la violence dont se montrent capables les jeunes hommes immatures qu’il met en scène.
Ennio Morricone raconta un jour au réalisateur Giuseppe Tornatore ce que furent pour lui les longues années de préparation d’Il était une fois en Amérique. « Leone était content d’avoir réussi à exprimer certains thèmes […] mais continuait à être agité de doutes. Souvent, il m’appelait et plus souvent encore il venait chez moi. » (À cette époque, ils habitaient à quelques minutes à pied l’un de l’autre.) Après avoir parlé au compositeur, Leone se sentait rassuré, mais jamais pour longtemps : « Il ne parvenait pas à se libérer de ses doutes, il en éprouvait sur tout, et aussi sur lui-même. » La veille de la présentation du film au Festival de Cannes de 1984, il écrivait dans Il Corriere della Sera que sa réalisation avait été de loin « l’expérience cinématographique la plus personnelle et profonde » de sa carrière.
Acclamé par la critique à Cannes dans une version longue de 229 minutes (celle préparée par Leone en faisait 269, quatre heures et demie), le film, contre la volonté de Leone, ne fut projeté aux États-Unis que dans une version mutilée de 139 minutes, remontée dans l’ordre chronologique. Ce bouleversement de la construction l’appauvrissait terriblement, la suppression de nombreuses scènes clés le rendait incompréhensible et il fut éreinté par la critique. Cette version a disparu. Il en existe aujourd’hui une de 251 minutes très proche de la version originale, reconstituée grâce aux efforts de Martin Scorsese. Sergio Leone est décédé en 1989 d’une crise cardiaque à l’âge de 60 ans, sans avoir commencé à tourner le film sur le siège de Leningrad qu’il projetait de réaliser. Sept ans auparavant, les médecins avaient diagnostiqué chez lui une anomalie cardiaque. On lui avait conseillé d’éviter le stress. Mais peu de temps après, il s’engagea dans un litige avec son producteur et Hollywood au sujet d’Il était une fois en Amérique. Sa mort précoce renforce le caractère testamentaire de son film le plus remarquable.
[post_title] => Le rêve américain de Sergio Leone
[post_excerpt] =>
[post_status] => publish
[comment_status] => open
[ping_status] => open
[post_password] =>
[post_name] => le-reve-americain-de-sergio-leone
[to_ping] =>
[pinged] =>
[post_modified] => 2025-10-03 08:31:44
[post_modified_gmt] => 2025-10-03 08:31:44
[post_content_filtered] =>
[post_parent] => 0
[guid] => https://www.books.fr/?p=132629
[menu_order] => 0
[post_type] => post
[post_mime_type] =>
[comment_count] => 0
[filter] => raw
)
WP_Post Object
(
[ID] => 132590
[post_author] => 48457
[post_date] => 2025-09-25 14:33:18
[post_date_gmt] => 2025-09-25 14:33:18
[post_content] =>
Pratique immémoriale, l’esclavage est béni par le Coran et les hadiths et a constitué un trait essentiel de la civilisation musulmane depuis les origines. Justin Marozzi, déjà auteur de deux livres sur l’histoire de l’islam, se concentre ici sur l’esclavage arabe et turc. Parlant l’arabe, il a pu interviewer d’anciens esclaves qui décrivent le maintien de cette tradition au Mali et en Mauritanie, jusqu’en 2024. Le roi Hassan II avait une cohorte d’esclaves pour ses services domestiques et sexuels. Marozzi cite le clerc saoudien Sheikh Saleh al-Fawzan, présenté comme un « grand savant » sur les sites islamiques, qui déclarait au début des années 1980 : « L’esclavage fait partie de l’islam. Il fait partie du jihad, et le jihad persistera tant que l’islam perdurera. » Un marché d’esclaves a été décrit en Libye en 2017 et l’on sait que Daesh, s’appuyant sur les textes sacrés, a organisé un trafic d’esclaves yézidis. Pour autant, Marozzi « prend soin de ne pas faire de son livre une polémique anti-islam », écrit Gerard Russell dans le Financial Times. Si le commerce des esclaves dans le monde musulman a été d’ampleur comparable à la traite des Noirs organisée par les Européens, il s’en distingue par plusieurs aspects. Il ne concernait pas que des Noirs et n’était pas incompatible avec l’accession d’esclaves à un haut statut social, davantage même que dans l’Antiquité grecque. La moitié des grands vizirs étaient d’anciens esclaves.
[post_title] => L’esclavage en terre d’islam
[post_excerpt] =>
[post_status] => publish
[comment_status] => open
[ping_status] => open
[post_password] =>
[post_name] => lesclavage-en-terre-dislam
[to_ping] =>
[pinged] =>
[post_modified] => 2025-09-25 14:33:55
[post_modified_gmt] => 2025-09-25 14:33:55
[post_content_filtered] =>
[post_parent] => 0
[guid] => https://www.books.fr/?p=132590
[menu_order] => 0
[post_type] => post
[post_mime_type] =>
[comment_count] => 0
[filter] => raw
)
WP_Post Object
(
[ID] => 132587
[post_author] => 48457
[post_date] => 2025-09-25 14:31:07
[post_date_gmt] => 2025-09-25 14:31:07
[post_content] =>
« Je suis obsédé par l’origine des fortunes et le fonctionnement du capitalisme », déclare au journal de son pays El Milenio l’écrivain mexicain Guillermo Arriaga, ravi de voir queles 15 000 exemplaires imprimés de son épais roman ont été écoulés avant même de venir en librairie. Ce roman, cela fait vingt-cinq ans qu’il le construit, après l’échec d’un scénario de film sur le même thème. Le récit, qui s’égrène sur plus d’un siècle, se déroule dans un territoire frontalier où se jouent des conflits entre Mexicains, Américains et Apaches. C’est un roman choral, à six voix. Au centre, le succès emblématique de Henry Lloyd, un homme d’affaires américain pour qui la fin justifie tous les moyens. Il y a Jack Barley, qui à 11 ans se fraye un chemin dans la vie en commettant des meurtres. Il y a Rodrigo, un jeune Mexicain qui vit dans un ranch au Texas et qui affronte les Apaches dans un contexte violent. « C'est une étude, en quelque sorte au ras du sol, de la façon dont le capitalisme s’est développé », dit Arriaga. Le roman aborde aussi le thème peu connu des esclaves noirs fuyant les États-Unis pour le Mexique, où l’esclavage avait été aboli, s’installant dans l’État de Coahuila. C’est « un narrateur unique, écrit l’écrivain Gabri Rodenas sur le portail littéraire espagnol Zenda. Le roman captive le lecteur dès la première page et ne le lâche plus. Les personnages sont fascinants. Les chapitres, courts, invitent à poursuivre la lecture. Les histoires, hypnotiques, brutales et magistralement écrites, attisent le désir d’avancer. »
[post_title] => Un roman choral, brutal et hypnotique
[post_excerpt] =>
[post_status] => publish
[comment_status] => open
[ping_status] => open
[post_password] =>
[post_name] => un-roman-choral-brutal-et-hypnotique
[to_ping] =>
[pinged] =>
[post_modified] => 2025-09-25 14:31:08
[post_modified_gmt] => 2025-09-25 14:31:08
[post_content_filtered] =>
[post_parent] => 0
[guid] => https://www.books.fr/?p=132587
[menu_order] => 0
[post_type] => post
[post_mime_type] =>
[comment_count] => 0
[filter] => raw
)
WP_Post Object
(
[ID] => 132584
[post_author] => 48457
[post_date] => 2025-09-25 14:28:24
[post_date_gmt] => 2025-09-25 14:28:24
[post_content] =>
L’intelligence artificielle (IA)... Elle rend des services spectaculaires dans une myriade de domaines où elle supplante – et de loin – les capacités humaines moyennes. Pourtant, de là à en faire quelque chose de quasi divin qui pourrait tordre le coup à l’humanité, il y a un pas que Arvind Narayanan et Sayash Kapoor invitent à ne surtout pas franchir, en explicitant les raisons qui poussent certains des concepteurs d’IA eux-mêmes, mais aussi des grands penseurs du futur comme Yuval Noah Harari ou feu Henry Kissinger, à hurler à la fin du monde.
Les premiers, explique Trevor Quirk dans The Hedgehog Review, sont animés de basses motivations commerciales. S’ils agitent tant « le risque existentiel », c’est pour « survendre les capacités de l’IA et minimiser ses faiblesses tout en détournant les regards des risques plus immédiats que suscite cette imposture ». Sam Altman, le boss d’OpenAI (Chat GPT), clame ainsi à tout-va que l’IA a déjà atteint un point de non-retour et qu’il s’effraye lui-même de ce qu’elle pourrait devenir. En effet certains dangers semblent bien réels : le patron d’Anthropic, Dario Amodei, prédit que d’ici quelques années la moitié des jobs « cols blancs subalternes » pourraient avoir disparu. Pour Sam Altman, il faudra par conséquent redistribuer fiscalement les immenses profits générés par l’IA voire mettre en place le fameux « revenu universel », si souvent invoqué. Mais les citoyens deviendraient alors totalement dépendants d’un État auquel ils n’apporteraient plus grand-chose et qui serait inéluctablement tenté (peut-être sur les conseils de l’IA) de prendre toutes les rênes en main… Pas formidable pour la démocratie !
C’est bien ce que craignent aussi certains grands penseurs du futur. Mais ceux-là, protestent nos auteurs, ne comprennent pas grand-chose à la nature ni au fonctionnement de l’IA. Or celle-ci, pour le moment du moins, « se contente de reproduire et d’automatiser nos capacités organisatrices et cognitives, quoiqu’à des niveaux de généralité plus élevés », écrit encore Trevor Quirk. Autrement dit, quand on regarde sous le capot, on ne trouve que des réseaux de neurones artificiels – un empilage, en couches successives, de fonctions mathématiques affectées d’une pondération constamment ajustée pour permettre au modèle de progresser (« apprendre »). Une machinerie donc, mais qui brasse, de plus en plus vite, des données de plus en plus nombreuses, qui génèrent de plus en plus de probabilités et des prédictions de plus en plus fiables. Rien de magique. Mais propulsées par des rendements (y compris financiers) en croissance quasi exponentielle, les performances de l’IA pourraient/devraient franchir un jour ou l’autre ce seuil que le futurologue Ray Kurzweil, super-fan de l’IA et par ailleurs gourou technologique chez Google, appelle « singularité » : une fusion de l’intelligence artificielle et humaine, phénomène d’ampleur messianique qui devrait intervenir en 2045 (il ne précise pas quel mois ; s’il est encore en vie, il sera dans sa 98e année). Incidemment, le « problème technique » que constitue la mort pourrait alors se voir réglé avec l’aide de super nanobots intelligents injectables et de l’immortalisation numérique des consciences. Les alarmistes redoutent en revanche qu’un « désalignement » entre les priorités de l’IA et celles de l’humanité conduise à la mise au rancart de cette dernière. Un pessimisme eschatologique pas forcément injustifié : le processus mécanique de progression quantitative de l’IA déboucherait alors sur un saut qualitatif et deviendrait incontrôlable (après tout, la vie sur terre ne pourrait-elle avoir découlé de l’assemblage progressif de molécules de base inertes ?)… En attendant, l’humanité à bel et bien un problème avec l’IA : les seules personnes compétentes et encore en mesure de juguler son évolution dépendent d’elle pour leur gagne-pain.
[post_title] => Pourquoi le serpent de l’IA se mord la queue
[post_excerpt] =>
[post_status] => publish
[comment_status] => open
[ping_status] => open
[post_password] =>
[post_name] => pourquoi-le-serpent-de-lia-se-mord-la-queue
[to_ping] =>
[pinged] =>
[post_modified] => 2025-09-25 14:28:25
[post_modified_gmt] => 2025-09-25 14:28:25
[post_content_filtered] =>
[post_parent] => 0
[guid] => https://www.books.fr/?p=132584
[menu_order] => 0
[post_type] => post
[post_mime_type] =>
[comment_count] => 0
[filter] => raw
)
WP_Post Object
(
[ID] => 132581
[post_author] => 48457
[post_date] => 2025-09-25 14:25:59
[post_date_gmt] => 2025-09-25 14:25:59
[post_content] =>
Commentant trois livres parus sur le bien nommé Big Bang, Sean Carroll, un physicien théoricien américain qui est aussi philosophe des sciences, profite de l’occasion pour, si l’on ose dire, remettre les pendules à l’heure. Voici donc en quelques mots ce qu’il vous faut savoir sur notre univers et ce que vous pouvez dire à vos enfants. La Voie lactée (ô sœur lumineuse) contient environ 200 milliards d’étoiles. On compte à peu près 1 000 milliards de galaxies dans l’univers observable, « distribuées de manière presque uniforme dans l’espace ». Les galaxies s’éloignent les unes des autres : l’univers est en expansion. Et cette expansion s’accélère. En remontant le temps, nous atteignons vers -13,8 milliards d’années une « configuration » chaude et dense, dont nous observons les résidus dans un rayonnement venant de partout dans le ciel. C’est le modèle du Big Bang (en italiques dans le texte). Ce modèle est bien compris et « presque universellement accepté par les cosmologistes contemporains » (le mot « presque » n’est pas en italiques). En revanche, l’événement que représente le Big Bang (en italiques) n’est qu’un « moment hypothétique », lors duquel « la température et la densité sont supposées avoir été infinies ». À vrai dire, poursuit Carroll, « nul ne sait si un tel événement a eu lieu. Pour être honnête, ce ne fut sans doute pas le cas. La plupart des physiciens pensent que cela signale plutôt une rupture de la théorie » (de la relativité générale conçue par Einstein). « La prédiction de quantités physiques infiniment grandes est probablement le signe que nous ne disposons pas de la bonne compréhension théorique. »
Pour tenter de rendre compte de l’accélération de l’expansion, les physiciens ont inventé une hypothétique « énergie sombre », laquelle entre en résonance avec la « matière sombre » (ou matière noire, invisible), dont aucune particule connue ne fait partie mais dont l’existence est démontrée en raison de l’attraction qu’elle exerce sur les galaxies et les rayons de lumière. Il en résulte un « tableau » dans lequel 25 % de l’énergie de l’univers vient de la matière sombre et 70 % de l’énergie sombre. La matière « ordinaire », celle que nous connaissons, compte pour du beurre (5 %). Bien sûr, il est possible que le nombre d’univers soit lui-même infini. Voilà, vous savez tout.
[post_title] => Mais dans quel monde vivons-nous ?
[post_excerpt] =>
[post_status] => publish
[comment_status] => open
[ping_status] => open
[post_password] =>
[post_name] => mais-dans-quel-monde-vivons-nous
[to_ping] =>
[pinged] =>
[post_modified] => 2025-09-25 14:26:00
[post_modified_gmt] => 2025-09-25 14:26:00
[post_content_filtered] =>
[post_parent] => 0
[guid] => https://www.books.fr/?p=132581
[menu_order] => 0
[post_type] => post
[post_mime_type] =>
[comment_count] => 0
[filter] => raw
)
WP_Post Object
(
[ID] => 132575
[post_author] => 48457
[post_date] => 2025-09-25 14:22:30
[post_date_gmt] => 2025-09-25 14:22:30
[post_content] =>
L’expression « guerre froide » est apparue en 1945 sous la plume de George Orwell dans un article sur la bombe atomique. Utilisée pour la première fois dans le sens qui nous est familier en 1947 par le financier et politicien américain Bernard Baruch, elle fut popularisée la même année par le journaliste Walter Lippmann, qui l’employa comme titre d’une série d’éditoriaux puis d’un livre qui les rassemblait. Elle désigne à la fois l’état de tension et de rivalité entre les États-Unis et l’URSS dans les décennies qui ont suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale et la période de près d’un demi-siècle durant laquelle ces rapports conflictuels ont largement façonné le paysage international. L’abondante littérature sur cet épisode historique est majoritairement en langue anglaise et souvent américaine : en Union soviétique, le concept de « guerre froide » n’était pas utilisé.
Au cours des derniers mois, deux livres sont venus enrichir notre connaissance de cet épisode historique. Leurs auteurs, Sergey Radchenko et Vladislav Zubok, sont l’un et l’autre des historiens russes travaillant dans le monde anglo-saxon. Nourris par l’étude approfondie des archives soviétiques, se distinguant par l’attention particulière dont y fait l’objet le comportement des leaders de l’URSS, leurs ouvrages aident à comprendre le point de vue qu’on avait sur la question de l’autre côté du rideau de fer. Les deux historiens se rejoignent en particulier pour contester que le premier objectif des leaders soviétiques, en soutenant certains régimes et des insurrections armées un peu partout dans le monde, ait été de répandre le communisme sur la planète, comme beaucoup en étaient persuadés aux États-Unis. À leurs yeux, la politique internationale de l’URSS était pour l’essentiel basée sur des considérations impérialistes de la forme la plus traditionnelle, renforcées par un fort sentiment d’infériorité à l’égard des États-Unis. Le livre de Zubok, le plus récent, vise davantage le grand public1. C’est une brillante synthèse qui résume et met en perspective tous les moments-clés de cette longue histoire, du partage de l’Europe lors de la conférence de Yalta à la fin de la Seconde Guerre mondiale, à la chute du mur de Berlin en 1989 et l’éclatement de l’URSS (dans un livre précédent, Zubok attribuait celui-ci moins aux pressions extérieures qu’aux faiblesses structurelles de l’économie soviétique et, surtout, aux erreurs de politique économique de Mikhail Gorbatchev). Le récit très enlevé enchaîne à un rythme soutenu les péripéties les plus marquantes de la guerre froide : le « long télégramme » de George Kennan formulant la politique de « l’endiguement » de l’URSS, le plan Marshall d’aide financière à l’Europe occidentale, le blocus de Berlin en 1948-1949 et le pont aérien mis en place pour le contrer, la création de l’OTAN, l’invasion de la Hongrie par les troupes soviétiques en 1956, la course aux armements nucléaires dans les années 1960, la crise de Berlin de 1961 et celle des missiles de Cuba en 1962, la répression du printemps de Prague en 1968, l’Ostpolitik allemande et les succès de la politique de la détente durant les années 1970, les premiers accords de limitation des armements et la conférence d’Helsinki de 1975 sur la paix et la sécurité en Europe, le retour des tensions au début des années 1980, la crise des euromissiles et l’initiative américaine de la « guerre des étoiles ». Zubok évoque aussi les nombreuses ramifications de la guerre froide dans le monde et les conflits locaux qui lui furent associés à un titre ou un autre : la guerre de Corée et celle du Vietnam, les guérillas et les renversements de régime en Amérique latine, les guerres de libération nationale en Afrique et les multiples troubles au Moyen-Orient.
Présentée à l’Ouest comme le combat de la démocratie libérale contre le totalitarisme, la guerre froide était décrite par les Soviétiques comme le produit de la lutte entre l’impérialisme capitaliste et le monde socialiste. Une idée qui court tout au long du livre est que l’idéologie ne pesait pas d’un poids égal des deux côtés ; contrairement à ce qui est souvent affirmé, elle jouait un rôle plus important dans les motivations américaines. « La cause de la guerre froide, soutient Zubok, est la décision américaine de bâtir et maintenir un ordre libéral mondial, non un plan de l’Union soviétique pour répandre le communisme en Europe. » L’affirmation contenue dans la première partie de la phrase est assurément exagérée. Mais la seconde partie énonce une vérité trop souvent négligée. À Yalta, Staline défendait moins le communisme que, dans un esprit nationaliste, les ambitions territoriales de la puissance qui avait recueilli l’héritage de l’Empire russe. Dans le même esprit, si les Soviétiques ont voulu être présents au Moyen-Orient, remarque Zubok, c’était « pour y être », d’une manière qui leur assure une présence et une influence comparables à celles des États-Unis. De manière générale, souligne-t-il, on ne comprend rien au comportement de l’URSS tout au long de la guerre froide si l’on fait abstraction de l’énorme besoin de reconnaissance dont il était l’expression : reconnaissance comme ennemi puissant à redouter, mais aussi comme partenaire capable de traiter d’égal à égal avec les États-Unis et de diriger le monde avec eux.
Lecteur de Thucydide, Zubok rappelle qu’à l’origine des guerres, il y a toujours « la peur, l’honneur et l’intérêt » : « Guerres, crises et luttes de gangs ont quelque chose en commun : elles sont le produit de l’intérêt, mais aussi de fortes émotions, de l’arrogance et de la peur. Les deux côtés veulent projeter une impression de dureté, de supériorité, de crédibilité. Les deux côtés craignent de perdre s’ils ne frappent pas les premiers. » Ceci peut se traduire par des comportements infantiles. En décidant de faire exploser en 1961 la « Tsar Bomba » de 50 mégatonnes (la plus puissante bombe nucléaire jamais construite), « c’est comme si Nikita Khrouchtchev s’était engagé avec les Américains dans une querelle de bac à sable entre des enfants : “Tu as davantage de jouets que moi, mais le mien est plus gros” ». Il savait bien, pourtant, qu’aucun missile n’était à même de transporter un tel monstre jusqu’aux États-Unis.
Cette anecdote et plusieurs du même type illustrent deux leçons qui émanent du récit de Zubok. La première est l’importance des facteurs psychologiques, même dans un domaine aussi contraint par les données objectives (géographiques, historiques, économiques) que la géopolitique. Les portraits de Staline, Nikita Khrouchtchev, Leonid Brejnev et Mikhaïl Gorbatchev (dépeint comme un idéaliste maladroit) qu’on trouve dans le livre sont à cet égard très éclairants. La seconde leçon est le rôle inévitablement joué dans l’Histoire par la contingence et le hasard. À plusieurs moments de son récit, Zubok évoque la possibilité que les choses aient pu tourner différemment. Il fait aussi partie de ceux qui considèrent que si la crise de Cuba n’a pas débouché sur un affrontement nucléaire, c’est largement grâce à un coup de chance : ni Kennedy ni Khrouchtchev n’en voulaient, mais ils ne contrôlaient qu’imparfaitement les chaînes de commandement et les probabilités d’une erreur de communication étaient élevées.
Depuis quelques mois, pour une série de raisons évidentes – la guerre en Ukraine, les menaces d’annexion de Taïwan par la Chine et la guerre commerciale féroce entre ce pays et les États-Unis –, il est beaucoup question dans la presse et les médias d’une « nouvelle guerre froide ». Dans les dernières lignes de son livre, Vladislav Zubok se demande dans quelle mesure il n’aurait pas dû intituler celui-ci « La première guerre froide ». « Le temps le dira », conclut-il prudemment. Sans qu’il le fasse remarquer, on peut tenir une chose pour certaine : dans l’hypothèse où une nouvelle période de guerre froide viendrait à s’ouvrir, celle-ci prendra nécessairement une autre forme que celle qui s’est clôturée au début des années 1990. Le monde de la première moitié du XXIe siècle est sensiblement différent de celui de la seconde partie du XXe. Les grands blocs sont en partie les mêmes, mais les rapports de force entre eux ont changé. La Chine s’est hissée au premier rang. Sur les plans économique, financier, technologique et énergétique, ces blocs sont par ailleurs liés par une série d’interdépendances qui ne caractérisaient pas les relations des États-Unis et de l’URSS à l’époque où ils dominaient le monde. De nouveaux acteurs de poids (Inde, Brésil) sont de surcroît apparus sur la scène internationale, dont l’émergence a modifié l’équilibre mondial.Rien ne serait plus vain et dangereux, souligne d’un autre côté Zubok, que de compter sur la capacité des gouvernements à ne pas répéter les erreurs d’autrefois. Parce que l’Histoire n’obéit pas à des règles immuables, mais aussi parce que, voudraient-ils tirer des leçons de ce qu’elle enseigne malgré tout, les dirigeants d’aujourd’hui et de demain ne seraient pas à même de les appliquer : « Les nouvelles élites démocratiques, tout comme les nouveaux autocrates, sont condamnés à avancer sur le même terrain miné, dans une demi-ignorance, victimes de l’incertitude, animés par la peur, l’arrogance, l’égoïsme et une vision myope du passé. Ainsi que le faisait remarquer un diplomate chevronné : “Presque tous les gouvernements opèrent au jour le jour, en naviguant à vue, réagissant sur la base d’informations inadéquates à des événements en dehors de leur contrôle, qui dépendent d’ordres du jour fixés par les autres”. »
[post_title] => La guerre froide, vue de Moscou
[post_excerpt] =>
[post_status] => publish
[comment_status] => open
[ping_status] => open
[post_password] =>
[post_name] => la-guerre-froide-vue-de-moscou
[to_ping] =>
[pinged] =>
[post_modified] => 2025-09-26 08:12:29
[post_modified_gmt] => 2025-09-26 08:12:29
[post_content_filtered] =>
[post_parent] => 0
[guid] => https://www.books.fr/?p=132575
[menu_order] => 0
[post_type] => post
[post_mime_type] =>
[comment_count] => 0
[filter] => raw
)
WP_Post Object
(
[ID] => 132537
[post_author] => 48457
[post_date] => 2025-09-18 15:33:46
[post_date_gmt] => 2025-09-18 15:33:46
[post_content] =>
« Quand vous êtes mort, vous ne savez pas que vous êtes mort. Ce n’est douloureux que pour les autres. Il en va de même quand vous êtes bête », dit l’humoriste anglais Ricky Gervais. Dans son nouveau livre, son compatriote le journaliste et essayiste Stuart Jeffries s’intéresse à la fois à la question de ce que Robert Musil appelait la « bêtise intelligente » (le « quand vous êtes bête » s’appliquant aux esprits les plus forts) et à la bêtise que l’on pourrait qualifier de structurelle, celle qui désigne des modes d’agir et de penser répertoriés, et mobilise des collectivités humaines. « Le secret du démagogue, disait par exemple le satiriste viennois Karl Kraus, est de sembler aussi bête que son public, afin que ces gens puissent se croire eux-mêmes aussi intelligents que lui. » Surprise surprise, la tête de Turc de l’auteur est Donald Trump, « qui a légitimé la détestation des experts et valorisé des gens qui ne savent pas grand-chose », déclare-t-il à l’Irish Examiner. Il pose de bonnes questions, souligne le journal irlandais, telles que : « un animal peut-il être bête ? » ou « pourquoi les responsables nazis traduits devant le tribunal de Nuremberg avaient-ils un QI élevé ? », « le génie génétique pourrait-il éliminer la bêtise ? » et « pour commencer, qu’est-ce exactement que la bêtise ? ». Jeffries risque une analogie avec la théorie de l’évolution : « la bêtise évolue, mute et ainsi évite l’extinction ». Notre époque connaît « un pic de bêtise ; peut-être pas le pic, mais un pic ».
Dans The Guardian, son collègue Sam Leith, tout en rendant hommage à ce livre « bien informé et souvent très drôle », se demande quand même « s’il est vraiment possible que la bêtise puisse faire l’objet d’une histoire ayant un sens » et constate l’impuissance de l’auteur à bien définir le monstre. Si bien que « sa discussion se balade dans tous les champs de ses diverses significations sans jamais ériger de véritable frontière ».
[post_title] => La bêtise a le vent en poupe
[post_excerpt] =>
[post_status] => publish
[comment_status] => open
[ping_status] => open
[post_password] =>
[post_name] => la-betise-a-le-vent-en-poupe
[to_ping] =>
[pinged] =>
[post_modified] => 2025-09-18 15:33:48
[post_modified_gmt] => 2025-09-18 15:33:48
[post_content_filtered] =>
[post_parent] => 0
[guid] => https://www.books.fr/?p=132537
[menu_order] => 0
[post_type] => post
[post_mime_type] =>
[comment_count] => 0
[filter] => raw
)
WP_Post Object
(
[ID] => 132534
[post_author] => 48457
[post_date] => 2025-09-18 15:31:15
[post_date_gmt] => 2025-09-18 15:31:15
[post_content] =>
Nous avons déjà évoqué à plusieurs reprises la question de l’inflation inconsidérée des diagnostics de troubles mentaux (voir notre compte-rendu du livre de Suzanne O’Sullivan, en mars 2025). À en juger par les critiques publiées, l’ouvrage du psychiatre britannique Alastair Santhouse est peut-être le plus abouti sur cette question délicate, qui interpelle la société dans son ensemble, le corps médical et les pouvoirs publics. Santhouse exerce son métier depuis un quart de siècle dans deux hôpitaux londoniens. Il constate une forte évolution de la psychiatrie. Il y a des progrès, en ce sens que certaines affections graves sont mieux traitées et que la compassion à l’égard des patients s’est développée. Mais justement, la compassion ne s’est-elle pas aussi dévoyée ? « La tendance actuelle est que si une personne dit souffrir d’un désordre mental, elle va invariablement trouver quelqu’un pour le lui confirmer. » Surtout bien sûr dans le secteur privé. Ainsi, « dans presque tous les cas où un patient vient me voir après avoir demandé à un organisme privé d’explorer un possible diagnostic de TDAH (trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité), il en a obtenu confirmation ». Résultat ? « Le fait de concentrer nos efforts vers les troubles bénins détourne des ressources déjà limitées des cas plus sérieux », résume le docteur John Quin sur le site The Quietus. « En essayant d’être bienveillants et ouverts, nous avons sans le vouloir nui aux individus et à la population. »
L’évolution est renforcée par l’intérêt des firmes pharmaceutiques, qui visent le plus grand nombre. Le problème de base est bien l’évolution de la société. « Les traitements, naguère prescrits sur la base de consultations approfondies, sont maintenant orchestrés par les tendances sociales, sur la base de la demande des patients », résume Jackie Law sur le site Bookmunch. « Dans notre désir de nous attacher une étiquette diagnostique censée expliquer une partie de notre expérience, écrit Santhouse, nous étroitisons le concept de “normal”, limitons le sens de ce que nous sommes, de notre façon de vivre notre vie, et réduisons notre conception de l’humanité dans toutes ses infinies variations individuelles. »
[post_title] => Est-il encore possible d’être normal ?
[post_excerpt] =>
[post_status] => publish
[comment_status] => open
[ping_status] => open
[post_password] =>
[post_name] => est-il-encore-possible-detre-normal
[to_ping] =>
[pinged] =>
[post_modified] => 2025-09-18 15:31:16
[post_modified_gmt] => 2025-09-18 15:31:16
[post_content_filtered] =>
[post_parent] => 0
[guid] => https://www.books.fr/?p=132534
[menu_order] => 0
[post_type] => post
[post_mime_type] =>
[comment_count] => 0
[filter] => raw
)
WP_Post Object
(
[ID] => 132529
[post_author] => 48457
[post_date] => 2025-09-18 15:26:22
[post_date_gmt] => 2025-09-18 15:26:22
[post_content] =>
Cornamenta d’Horacio Castellanos Moya est une nouvelle pièce de la saga littéraire centrée sur la famille Aragón, à travers laquelle l’auteur explore l’histoire violente et chaotique de son pays, le Salvador, dans les années 1970. Le roman suit Clemente Aragón, un homme marié et respecté dans la société salvadorienne, qui s’embarque dans une aventure avec Blanca, l’épouse d’un général et ami proche. Cette infidélité, combinée à des appels mystérieux et au suicide étrange d’un catcheur membre des Alcooliques Anonymes que Clemente coordonne, le plonge dans une paranoïa croissante.
L’histoire se déroule lors d’un week-end de février 1972, période marquée par une vague de protestations, d’intrigues et de conspirations enclenchée par la fraude électorale du gouvernement militaire. À travers le destin de la famille Aragón, Castellanos Moya dépeint la dérive d’une nation en proie à un conflit sans fin. « Un roman court mais intense, amusant et magnifiquement écrit », juge Ángel Peña sur le portail espagnol The Objective. « L’humour est présent dès le titre », ajoute-t-il (les « cornes » du cocu). « La tragédie et la comédie vont de pair, explique Castellanos Moya. L’humour, l’ironie et la satire allègent la dureté de la vie, permettent d’affronter la sordidité et la cruauté, de résister à un quotidien absurde et violent. » L’histoire fait bien sûr écho à la situation actuelle.
Dans une interview donnée en mai 2025 à la BBC News Mundo, Castellanos Moya juge qu’au Salvador la démocratie a pris fin en 2019, lorsque Nayib Bukele a remporté les élections, écrasant les deux partis qui dominaient la scène politique depuis trois décennies. « Les institutions n’ont plus aucun sens, car c’est un parti autocratique qui contrôle tout. »
« Nous vivons à l’ère des anxiolytiques », confie-t-il par ailleurs à Ángel Peña. « L’anxiété touche aussi bien les personnes qui ont vécu des situations traumatisantes à un moment donné de leur vie que celles qui sont accros à l’écran de leur appareil électronique. Dans mon cas, le fait d’avoir grandi dans une société politiquement polarisée et violente n’est pas étranger à ma façon de comprendre le monde. »
[post_title] => Il est dangereux de faire cocu un général
[post_excerpt] =>
[post_status] => publish
[comment_status] => open
[ping_status] => open
[post_password] =>
[post_name] => il-est-dangereux-de-faire-cocu-un-general
[to_ping] =>
[pinged] =>
[post_modified] => 2025-09-18 15:29:41
[post_modified_gmt] => 2025-09-18 15:29:41
[post_content_filtered] =>
[post_parent] => 0
[guid] => https://www.books.fr/?p=132529
[menu_order] => 0
[post_type] => post
[post_mime_type] =>
[comment_count] => 0
[filter] => raw
)