D’une page à l’autre, entre les bruissements des feuillets lentement tournés, le silence de la lecture se fait de plus en plus pesant pour qui se plonge dans les visions offertes – en noir et blanc ou en couleurs – par ce livre de photos. Calme ici. Là-bas fracas, cris, larmes, douleur, peur et pire : silence de mort. Parfois des rires d’enfants, un geste de résistance, le ronronnement de la vie malgré tout. C’est la guerre, tentaculaire, cacophonique, vue à travers le prisme de huit regards. Tous différents, ils ont cependant un point commun, énoncé dans le titre même de ce livre-catalogue, puissant concentré de l’exposition visible jusqu’au 31 décembre 2022 au musée de la Libération de Paris-musée du général Leclerc-musée Jean Moulin : Femmes photographes de guerre.
Elles sont huit, donc, « sélectionnées pour leur travail d’une qualité indiscutable, récompensé par des prix prestigieux, souligne Sylvie Zaidman, directrice du musée et commissaire de l’exposition. Par la force de leurs images, elles ont chacune laissé leur empreinte sur la mémoire des conflits dont elles ont témoigné. » Elles, ce sont Gerda Taro et Lee Miller, nées au tout début du XXe siècle, qui ont rapporté des clichés de la guerre d’Espagne pour l’une et de la fin de la Seconde Guerre mondiale pour l’autre ; Christine Spengler, Françoise Demulder, Catherine Leroy et Susan Meiselas, enfants des années 1940 qui ont fait leurs débuts sur les fronts de la guerre froide – Vietnam, Cuba, Angola, Nicaragua... ; et enfin leurs cadettes Carolyn Cole et Anja Niedringhaus, entrées dans le métier avec les conflits des années 1990 et 2000 – Yougoslavie, Irak, Afghanistan...
Trois générations de femmes photojournalistes, soixante-quinze ans de guerres : le livre, enrichi de biographies, donne à voir l’évolution du statut de ces chasseuses d’images au sein d’un métier qui fut exclusivement masculin jusque dans les années 1920. En 1992 encore, « il aura fallu six semaines à Anja Niedringhaus, et une lettre chaque jour à son chef de la European Pressphoto Agency, pour être enfin autorisée à couvrir la guerre des Balkans », relate l’historienne de la photo Anne-Marie Beckmann.
C’est dire le courage pugnace de ces femmes qui, toutes jeunes, se démènent pour partir témoigner de la guerre, qui connaissent la peur, parfois la détention, les blessures et pire (Gerda Taro et Anja Niedringhaus sont mortes en mission). Il arrive aussi qu’elles doivent batailler pour vendre des clichés qui contrarient les attentes de leur employeur : ainsi l’image devenue iconique de cette Palestinienne implorant un milicien chrétien, prise en 1976 à Beyrouth par Françoise Demulder, a failli ne jamais être publiée ; ou ces photos de Susan Meiselas, critiquée pour son introduction de la couleur.
« Comment montrer la violence, la sauvagerie, la mort ? Faut-il choisir la crudité, quitte à choquer, ou contourner la brutalité par une approche plus esthétique ? » Ces interrogations, comme le relève Sylvie Zaidman, sont au cœur du travail de ces photographes. Leurs réponses fluctuent car la perception même de la guerre ne cesse d’évoluer. Quand Gerda Taro, en 1937, montre une républicaine espagnole à l’entraînement et quand Lee Miller, en 1944, photographie le calme héroïque des chirurgiens d’un hôpital de campagne, la guerre a un sens. Trente ans plus tard, elle devient, du Vietnam à l’Irak, un objet de révolte, d’empathie pour toutes les victimes militaires et civiles.
Alors vient la question : en quoi le regard d’une femme photographe est-il différent de celui de ses confrères ? Une attention à la souffrance, un refus du spectaculaire, une capacité à suggérer l’horreur, peut-être. Catherine Leroy suit au plus près un GI luttant à chaque pas contre l’enlisement, tandis que Christine Spengler tourne son objectif vers un petit Cambodgien qu’elle a photographié riant aux éclats et qui à présent pleure son père tué. Susan Meiselas, elle, capte au Salvador les traces de la terreur semée par les escadrons de la mort. Quant aux deux visages aux yeux clos poudrés de blanc et saisis en gros plan par Carolyn Cole, ils sont admirables, jusqu’à l’instant où l’on comprend que cette image est celle d’un charnier au Liberia.
Auteur d’une « Histoire de la Russie soviétique de 1917 à 1929 » en 14 volumes, le très britannique Edward H. Carr comparait l’historien à un pêcheur en eaux troubles : « Les faits sont comme des poissons nageant dans un océan aux profondeurs souvent inaccessibles ; ce que l’historien attrape dépend pour une part du hasard, mais surtout de la zone dans laquelle il choisit de pêcher et du matériel qu’il utilise – ces deux facteurs étant bien sûr déterminés par le type de poissons qu’il veut attraper. D’une manière générale, l’historien attrape le type de faits qu’il recherche. »
Les historiens qui prétendent faire œuvre objective seront tentés de rejeter cette vision des choses ou d’en minimiser l’impact. D’autres, au contraire, affichent et revendiquent leur parti pris. Ainsi de Ian Morris, lui aussi britannique. L’auteur de Pourquoi l’Occident domine le monde… pour l’instant 1 prend l’exemple du Brexit pour montrer qu’à l’ère de la mondialisation la géographie continue de jouer un rôle fondamental dans le déroulement de l’Histoire. Il vient de publier un livre au titre un brin provocateur, « La géographie comme destin. La Grande-Bretagne et le monde : dix mille ans d’histoire » 2. Le Brexit, pense-t-il démontrer, est « simplement le dernier coup d’un jeu qui dure depuis huit mille ans ». Il y a déjà eu, d’après lui, une demi-douzaine de Brexit depuis que les îles Britanniques ont pour la première fois « rejoint l’Europe », lors du bien oublié concile de Whitby, en 664. Dans The Times, Simon Jenkins, auteur d’une « Brève histoire de l’Angleterre » 3, applaudit : « Le commerce n’est pas un pacificateur tout-puissant. Les nations comptent. Voyez l’Afghanistan et l’Ukraine. » Mais, sur War on the Rocks, un site texan spécialisé dans les questions de sécurité, un jeune historien de Harvard, Andrew Ehrhardt, remet Ian Morris à sa place : ce dernier se rend coupable de « déterminisme géographique » et de surcroît « tombe dans le piège de l’histoire universelle ». Deux péchés d’un coup pour ce hardi pêcheur, coupable de lancer ses lignes un peu trop loin.
Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage, et dans le monde des historiens il y a de quoi faire. Les déterminismes que l’on prend plaisir à dénoncer sont légion : ici géographiques, là économiques, technologiques, institutionnels, religieux, inégalitaires, environnementaux, climatiques… Autres cas pendables : non seulement l’histoire « universelle », mais l’histoire « globale », la « big history » (dont Ian Morris se réclame également), l’histoire « scientifique », l’histoire « totale », l’histoire « immédiate »... Sans parler de l’histoire ouvertement idéologique, nationaliste, marxiste, décoloniale, révisionniste… et bien sûr de l’histoire populaire, destinée au plus grand nombre.
Inversant la perspective, Richard Cohen – encore un Anglais – s’emploie à illustrer une forme de déterminisme qui sous-tend tous ces partis pris, celle qu’expose la métaphore du pêcheur. Tout historien n’a-t-il pas son prisme déformant, lié à sa propre histoire, à ses racines, à sa personnalité, à ses convictions, à ses préjugés ? Ce qui « détermine » l’historien, écrit Morris, c’est bien « le type de poissons qu’il veut attraper ».
Cette évidence avait déjà été soulignée par Edward Gibbon, l’immortel auteur d’Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain : « Tout homme de génie qui écrit l’Histoire y diffuse, peut-être inconsciemment, le caractère de son propre esprit. » Éditeur, journaliste et essayiste, Cohen n’est pas un universitaire. Il rue dans les brancards sans complexe. Si tout regard d’historien est biaisé (pas forcément pour le pire), pourquoi réserver ce titre aux professionnels ? L’Histoire n’est-elle pas aussi forgée par les romanciers, dramaturges, journalistes, reporters, photographes, peintres, documentaristes, scénaristes et artistes de tout poil ? Et jusqu’aux faussaires, petits maîtres ou chefs d’État ? Laissons aux historiens le privilège de rechercher la rigueur, même illusoire ; et ouvrons largement la porte aux voix susceptibles de nous aider à « sentir », serait-ce à tort, ce qu’il en était de vivre alors.
« Je ne connais qu’une preuve de l’existence de Dieu, mais elle est irréfutable : c’est l’existence du substantif allemand Sachlichkeit. Qui peut-il désigner d’autre ? » D. P.
Sachlichkeit est un nom allemand évoquant une faculté d’objectivité, de pragmatisme, de détachement émotionnel qui permet de se concentrer efficacement sur les problèmes à résoudre.
Aidez-nous à trouver le prochain mot manquant :
Existe-t-il dans une langue un mot désignant le bon moment de la journée pour lancer une malédiction ?
À sa sortie, en 2009, le polar « Refroidissement » avait connu un succès de bon aloi, bien rangé parmi ses congénères à suspense qui font le bonheur des librairies. Son auteur, le traducteur et diplomate tchèque Michael Žantovský, dépeignait un monde dans lequel les relations entre la Russie et l’Otan se tendaient tellement que Moscou cessait de fournir du gaz et du pétrole à l’Europe tandis que ses chars écrasaient les démocrates biélorusses. « C’est un roman d’espionnage digne des meilleurs du genre, et pleinement d’actualité », jugeait alors le site Neviditelný pes. Treize ans plus tard, c’est encore le moins que l’on puisse dire : « Refroidissement » s’est mué en best-seller depuis l’invasion de l’Ukraine par les Russes. Même trajectoire pour d’autres livres du classement, exhumés eux aussi à la faveur de l’actualité : deux essais de Tony Judt parus en tchèque en 2019 et 2020, mais datant pour certains textes du début des années 1990. « Pour le dire vite, notait le quotidien Dnes en 2019, l’historien et écrivain britannique explique que l’optimisme et la foi dans la démocratie qui prévalaient à la fin de la guerre froide sont sans fondement. Près de dix ans après sa mort, on le sait, ou du moins on le soupçonne. » Et trois ans plus tard, il semble ne plus y avoir de doute pour les lecteurs qui plébiscitent ces théories pessimistes, comme le prouve le succès à retardement de l’essai du journaliste tchèque d’origine russe Alexandr Mitrofanov sous-titré « Pourquoi la Russie d’aujourd’hui est ce qu’elle est et pourquoi elle ne peut pas être autrement ». Une deuxième édition actualisée de ce livre sorti en 2021 vient de paraître. Mais les librairies ne font pas que dans le recyclage. Et la guerre n’a pas eu raison de la mainmise des jeunes auteures tchèques sur les meilleures ventes. Pour représenter cette génération multiprimée, nous retrouvons Kateřina Tučková et Karin Lednická avec deux romans ancrés dans l’Histoire (le communisme pour l’une, la Seconde Guerre mondiale pour l’autre) et la campagne tchèque (la Moravie chez Tučková, la Silésie chez Lednická). Les femmes (deux livres d’Elena Ferrante figurent aussi dans le classement) laissent la quatrième place à un homme, Stanislav Biler, lauréat du Magnesia Litera 2021, avec, là encore, un roman sur la campagne tchèque. Il y raconte l’histoire d’un enseignant qui se retranche dans un village pour échapper à la complexité du monde. Un thème qui, en cette période d’incertitude, parle aux lecteurs tchèques.
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Selon la légende, au VIe siècle, un garçonnet surnommé Kentigern surprit une bande de voyous en train de lancer des pierres sur des rouges-gorges. Quand un oiseau tomba au sol, il le recueillit et pria. Quelques instants plus tard, le rouge-gorge revint à la vie et s’envola. Cette parabole évoque l’un des quatre miracles attribués par les hagiographes à saint Kentigern, premier évêque de Glasgow, surnommé affectueusement par les Écossais « saint Mungo ». C’est ainsi que se prénomme le tendre et fragile héros du nouveau roman de Douglas Stuart, Young Mungo, paru en avril dernier. Mungo Hamilton, 15 ans, le dernier né d’une fratrie de trois enfants, vit dans un quartier défavorisé de Glasgow. Sa famille est protestante, et son frère aîné, Hamish (« Ha-Ha »), est le chef d’une bande d’adolescents qui volent et intimident les catholiques du voisinage. Sa sœur Jodie, à peine plus âgée que Mungo, entretient une relation toxique avec un professeur de l’école. Ha-Ha et Jodie s’acquittent tant bien que mal du rôle de parents de substitution de leur jeune frère : leur père est mort depuis longtemps ; leur mère, « Mo-Maw », est alcoolique et s’absente parfois pendant des semaines. Le roman se situe au début des années 1990, dans cette métropole écossaise dévastée par la politique de Margaret Thatcher. « C’est un endroit sans espoir, fait d’industries démantelées, de toxicomanie et de misère qui se transmet de génération en génération », note The Washington Post. Designer de mode à New York, Douglas Stuart, qui a grandi dans les banlieues pauvres de Glasgow, s’inspire pour ce roman de son enfance. C’est d’ailleurs à Glasgow, une décennie plus tôt, que l’auteur campait son premier roman, Shuggie Bain¹, lauréat du Booker Prize en 2020. Dans cet environnement rude et hostile, Mungo va vivre son éveil sexuel. Les chapitres les plus émouvants racontent la romance naissante de l’adolescent avec James, un jeune catholique qui élève des pigeons voyageurs. Leur relation sera hélas contrariée par des forces plus véhémentes « que l’animosité opposant les Montaigu aux Capulet », souligne The New York Times : « d’une part, la haine entre protestants et catholiques, de l’autre, l’homophobie de leurs pères et de leurs frères ». L’intrigue se développe en suivant deux lignes parallèles : « Avant janvier » et « Après mai ». L’avant, c’est l’éclosion de la relation entre Mungo et James. L’après, une partie de pêche au bord d’un loch à laquelle participent Mungo et deux étranges individus, dont Mo-Maw a fait la connaissance lors d’une réunion des Alcooliques anonymes et qui se révéleront être d’anciens détenus. « Le résultat est un roman qui progresse vers deux crises simultanément : ce qui s’est passé avec James à Glasgow et ce qui pourrait arriver à Mungo dans la nature écossaise », détaille The Washington Post. Le romancier « rapproche ces deux lignes temporelles telles les lames d’une paire de ciseaux » et crée ainsi une tension qui imprègne le texte de la première à la dernière page. De l’avis des commentateurs, Douglas Stuart passe avec Young Mungo du statut de romancier prometteur à celui d’écrivain accompli. Le roman s’est rapidement retrouvé en tête de la liste des best-sellers publiée par The Sunday Times, côté britannique, et dans celle du Los Angeles Times, côté américain. « Peu de romanciers ont connu une ascension aussi rapide, mais la fulgurance du succès de Stuart cache des années de lutte », rappelle The Washington Post. De fait, le manuscrit de Shuggie Bain avait été rejeté par des dizaines d’éditeurs avant d’être reconnu à sa juste valeur. « Stuart écrit magnifiquement et témoigne d’un formidable sens de la poésie dans l’évocation du trivial et de l’ordinaire », convient The New York Times. « Ce roman vous cisaille avant de vous recoudre. Puis, quelques pages plus loin, une nouvelle entaille », note pour sa part The Los Angeles Times. Stuart, estime le quotidien californien, n’est jamais mièvre ni misérabiliste. Toutefois, s’étonne The Critic, « le livre semble étrangement timide sur la question du sexe. Pourquoi ne pas appeler une queue une queue ? Surtout quand on voit à quel point certaines scènes de violence peuvent être explicites ». Le magazine britannique estime toutefois qu’il serait injuste « d’ergoter sur des détails aussi minimes » : « Il s’agit bien d’une grande fiction digne de Dickens ; les personnages ont de l’épaisseur, et l’émotion affleure en permanence. »
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Qu’est-ce qui pousse une psychiatre en vue, experte judiciaire dans plusieurs faits divers retentissants, à écrire sur la bêtise ? Heidi Kastner s’est fait connaître en 2008 en Autriche à l’occasion de l’affaire Josef Fritzl, cet homme qui avait séquestré sa fille pendant vingt-quatre ans et lui avait fait plusieurs enfants. Son domaine, n’est-ce pas plutôt le mal ? En bonne platonicienne, elle estime que les deux phénomènes sont souvent liés : on commet souvent l’irréparable par simple bêtise, et celle-ci, à l’en croire, serait responsable de bien plus de dégâts dans l’histoire humaine que toutes les armes et tous les virus réunis. « La stupidité, ce n’est pas d’être incapable de calculer cinq fois douze, mais d’entreprendre une action dommageable pour tout le monde, explique-t-elle à Die Zeit. En règle générale, les actions stupides ne sont pas orientées vers l’avenir – ou, si elles le sont, elles ne le sont qu’à très court terme. » Dans son livre, sorti fin 2021 et qui, en avril, en était déjà à son huitième tirage, Kastner constate que si la bêtise n’a sans doute pas augmenté ces dernières années, les réseaux sociaux lui ont offert une chambre d’écho inédite : auparavant, la stupidité restait cantonnée à un cercle restreint. « Aujourd’hui il est possible, quelle que soit sa position, de trouver des personnes partageant les mêmes idées et de se sentir fort au sein du groupe. »
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En 1910 – c’est avéré –, Lénine passe deux mois à Copenhague. Il y participe à un congrès de l’Internationale ouvrière, puis fait des recherches en bibliothèque sur le mouvement coopératif danois. Leif Davidsen s’est saisi de cet épisode pour livrer un roman d’aventures mêlant histoire, amour et politique. « Un récit épique qui s’étend du pays des cow-boys, avec ses bandits et ses Indiens, à celui des Russes bolcheviques en passant par Copenhague, véritable repaire d’espions, de prostituées et de fêtards », résume le quotidien Politiken. Un soir, Vladimir Ilitch Oulianov marche en direction de la pension où il loue une chambre lorsqu’il est agressé par deux inconnus. Celui qui se fait déjà appeler Lénine ne doit sa survie qu’à l’intervention d’un jeune Danois, qui met en fuite les hommes de main du tsar Nicolas II. Oskar Madsen est un dur à cuire de 22 ans, qui a passé les trois dernières années outre-Atlantique sous l’uniforme de la cavalerie américaine. Lénine et lui se parlent en allemand. Une relation de confiance se noue. Le Russe s’en souviendra. Pour l’heure, Oskar quitte la capitale danoise pour rendre visite à sa sœur à la campagne et découvre l’homosexualité. Des démêlés avec la justice précipitent son départ. Il regagne l’Amérique puritaine où il devient shérif dans les grandes prairies du Montana et s’amourache d’une femme resplendissante. Sa voie semble désormais tracée. Jusqu’à un appel à l’aide reçu en 1917. À Petrograd, l’ex-Saint-Pétersbourg, Lénine se méfie de tout le monde. Il a besoin du Danois pour sa protection rapprochée. Oskar devient son garde du corps personnel et, partant, un témoin direct de l’histoire mondiale. Révolution faite, il le suit à Moscou alors que la terreur bolchevique s’installe. « Le roman de Davidsen se fonde sur des recherches impressionnantes », ce qui lui confère « une vraie authenticité » même si son héros est fictif, remarque Berlingske. L’auteur « parvient de manière élégante et divertissante à tisser un fil rouge » entre les divers épisodes et lieux de son intrigue. Pour Jyllands-Posten, « les nombreux lecteurs de Davidsen retrouveront là tout ce qu’ils apprécient dans son écriture ». Notamment sa connaissance de la Russie, où il travailla comme journaliste pour la radio publique danoise à l’époque soviétique. Lenins Bodyguard est le huitième ouvrage qu’il campe dans ce pays depuis 1988. Si les précédents, entre polars et romans d’espionnage, sont plus contemporains, ce dernier-né n’est pas sans lien avec l’actualité, pointent plusieurs journaux. Achevé avant l’invasion de l’Ukraine, il est « tristement opportun, car il raconte aussi l’histoire récente, tragique et traumatisante de la Russie », juge Politiken. « Lénine était l’homme qui avait changé le monde d’un seul coup, et comme Vladimir Poutine aujourd’hui, pas pour le meilleur », commente Weekendavisen. Et l’hebdomadaire d’ajouter : « Le lecteur s’agace presque que les agents du tsar n’aient pas réussi à liquider Lénine en 1910. La faute à notre héros, Oskar Madsen. »
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En août 2021, l’Italie pleurait la disparition de Gino Strada, personnalité phare du milieu humanitaire et fondateur de l’ONG Emergency, créée en 1994 pour soigner les victimes de la guerre et de la pauvreté. Issu d’un milieu ouvrier et militant, Gino Strada s’était formé à la chirurgie d’urgence. Amené par son métier à intervenir dans des zones de conflit aux quatre coins du monde, il soutient dans cet ouvrage posthume que « la guerre est du terrorisme autorisé, une injustice absolue, une violation irrémédiable de tous les droits ». Il y revisite « sa vie de chirurgien de guerre, l’expérience directe et dévastatrice de la violence, […] le sens et l’esprit d’Emergency et de son activisme », explique Carlo Rovelli dans le Corriere della Sera. « Tout le monde devrait connaître ce livre, on devrait le faire lire dans les écoles », poursuit-il. Même son de cloche dans Il Manifesto, où cette lecture est qualifiée d’« urgente » et de « nécessaire ». Le quotidien s’attarde sur les « réflexions radicales sur la guerre et le droit à la santé » qui « réduisent en miettes toute rhétorique belliqueuse, tout récit nationaliste, tout interventionnisme démocratique ». À l’heure où la guerre fait rage en Ukraine, l’inébranlable pacifisme de l’auteur prend une résonance particulière, qui explique peut-être en partie la place de ce titre parmi les meilleures ventes italiennes depuis sa parution.
Après les festivités du bicentenaire de la révolution de 1821, les Grecs commémorent le centenaire de la « catastrophe d’Asie Mineure », épisode tragique tout aussi fondateur. En 1919, les troupes grecques envahissent l’Empire ottoman pour réunir les deux rives et réaliser le vieux rêve d’une Grande Grèce. La campagne est bientôt suivie en 1921 d’une déroute désastreuse face à Mustafa Kemal, entraînant la mort de centaines de milliers de civils, et de l’incendie de Smyrne, en 1922. Point final aux projets expansionnistes hellènes, cette année voit aussi et surtout 1,5 million de réfugiés chrétiens débarquer dans un État de 4 millions d’habitants. À l’occasion de ce triste anniversaire, « La catastrophe d’Asie Mineure. 50 questions et réponses » est resté en tête des ventes ce printemps. De fait, ce choc colossal – démographique, politique, culturel – n’en finit pas de hanter la Grèce contemporaine. Rappelant l’influence de ce cataclysme, l’édition grecque du Huffington Post titre : « Nous sommes tous des descendants de la catastrophe d’Asie Mineure. » Sur le site Internet de Skai, grande chaîne de télévision privée, on remarque que la catastrophe représente « pour l’hellénisme le plus grand désastre qu’il ait connu en trois mille cinq cents ans », chassant des rives orientales de l’Égée un peuple établi là depuis Homère… La responsabilité de la débâcle fait toujours débat. Le site d’actualité culturelle Athinorama souligne que la décision d’attaquer l’Empire ottoman fut le fait d’Elefthérios Venizélos, la grande figure libérale qui l’emporta sur les royalistes, alors opposés à son bellicisme. L’ouvrage, écrit par deux historiens spécialistes des relations internationales, incarne selon le Huffington Post « une exhortation claire à fuir les dissensions nationales, responsables entre autres de la catastrophe ». Ce best-seller met la presse grecque d’accord grâce à une neutralité de ton qui se fait rare dans les livres relatifs à ce traumatisme. En dernière analyse, ajoute Skai, « regarder la catastrophe en face est la meilleure manière de rendre hommage à ceux des nôtres qui sont passés par les affres de cette époque ». Pour Athinorama, le livre invite plus généralement à « réfléchir à la figure de l’homme providentiel qui exige foi et soumission ». Selon les deux auteurs eux-mêmes, l’événement aurait aussi permis à la Grèce de rebondir. Ils rappellent que, au-delà de la tragédie, « l’incorporation de ces 1,5 million de réfugiés fut la plus grande réussite de la Grèce moderne, plus grande encore que ses victoires à la guerre, plus grande que son entrée dans l’Europe. »
La dernière fois que je me trouvai en face d’une carte d’Asie à très grande échelle, c’était à Calcutta où je cherchais en vain un bateau susceptible de me ramener en Europe après six ans passés aux Indes ; la carte couvrait toute la paroi d’un studio et, une fois de plus, elle me fascinait. Baignant dans la chaleur d’avril, Calcutta suintait de partout : mes hôtes étant partis pour les hauteurs de Kalimpong, j’étais seule, pouvant rêver tout mon saoul devant ce continent massif où les coloris verts, bruns, orange et jaunes indiquaient des déclivités ou des altitudes que j’avais eu le privilège de goûter, d’éprouver de par tout mon être. Mon corps, souvent las mais toujours enthousiaste, se souvenait à sa manière lui aussi. La carte murale qui me dominait de si haut rappelait combien l’immense s’impose à ceux qui parcourent Tibet ou Turkestan ; ce symbole d’un continent n’éveillait plus en moi d’aussi lancinants désirs que par le passé, car j’ai quelque peu assouvi les plus impérieux de mes besoins de voir. Partie cinq fois vers l’Asie, n’avais-je pas, contrairement à toutes les prédictions, conquis de haute lutte ces pays dont il m’avait semblé nécessaire de fouler le sol et de respirer l’air empoussiéré ? Les paysages les mieux gravés en moi, fixés par l’acidité du temps, étaient ceux qui avaient « encadré » une difficulté intérieure, un obstacle vaincu en moi-même. Là, au nord de Calcutta, une tache sombre près de Gangtok évoquait le début de ma toute récente escapade de quinze jours au Tibet avec la charmante et nerveuse Beryl : malgré le manque de traces dans la neige fraîche, nous avions voulu faire la petite traversée de sept kilomètres qui va du Nathu La au Jelep La – deux cols qui mènent du Sikkim à Lhassa et par où les caravanes viennent troquer leur laine contre des étoffes, du sucre et du pétrole. Au sortir d’une gorge sauvage aux parois avalancheuses, au lieu de nous trouver en vue de la cabane, nous étions arrivées dans une petite combe plantée de pins charmants où nous nous enfoncions jusqu’aux hanches dans la neige molle. Nous ne savions pas quelle direction prendre, et nous nous épuisions en tentatives faites au hasard. Souriants selon leur habitude, leurs chapeaux de feutre fixés sur la tête au moyen de leurs longues tresses, nos coolies se reposaient, attendant que nous ayons fait des traces qu’ils puissent suivre sans trop de difficulté. Inutile de leur dire que nous étions au bout de notre latin car ils n’en savaient pas plus que nous, et ils avaient déjà abandonné leurs recherches infructueuses. La situation était comique : nous n’étions guère qu’à deux kilomètres de la cabane, nous entendions au loin les sonnailles de mules invisibles qui devaient suivre la grande piste internationale, il ne nous restait qu’à gagner le bord de cette riante combe, mais cela dans la bonne direction, et si possible au-dessus du sentier jusqu’ici introuvable. Il fallait en finir, la nuit venait et, comme un tulle encore transparent, la neige commençait à tomber. À bout de souffle, Beryl s’était assise sur un tronc, ayant fermé son parasol inutile par temps couvert (son teint de blonde exigeait des précautions radicales, car le soleil tibétain est déjà très dangereux à 14 000 pieds d’altitude). Je fis encore une tentative, me promettant que ce serait la dernière. Après plusieurs « enfoncées » épuisantes, j’adoptai une nouvelle technique, regrettant à chaque instant de ne pas avoir les muscles abdominaux de la limace ou du serpent, rampant tant bien que mal sur les avant-bras et sur les jambes. Je crois que ce sont là les 75 mètres qui m’ont coûté le plus d’efforts de toute ma vie. Sur cette carte qui m’incitait à la rêverie, il y avait, bien plus haut que le Sikkim, l’œil bleu du Koko Nor qui me regardait et, non loin de là, je repérais Tangar, la dernière ville chinoise avant le Tsaidam morne et désolé. Tangar! où nous étions sortis des fortifications en une file indienne composée de l’imperturbable Peter, de nos quatre chameaux et de nos deux poneys ; nous avions passé la Porte de l’Occident pour sortir, avions traversé le pont de Tanjai. Combien mon cœur battait alors devant l’inconnue double qui s’offrait à nous : celle des obstacles jalonnant une clandestine traversée transasiatique, et l’inconnue d’une camaraderie entre Peter et moi ! Ne serait-il pas mille fois plus intelligent d’être sage, de faire demi-tour, de ne pas s’exposer à tant de risques, de ne pas vivre tant de mois tourmentée par l’inquiétude ? Cependant je crois que rien n’égale en intensité certains moments que j’ai vécus seule : oublierai-je jamais le Sari Tor et ses 4 990 mètres d’altitude, sommet isolé dans la chaîne des Tien Shan d’où je voyais à l’est les cieux de Chine, à l’ouest ceux de Russie, ces derniers déjà connus, les autres parés de tous les charmes qu’on attribue à l’inatteignable ? Mais à Calcutta ce jour-là, le lieu qui me fit rêver le plus longtemps, ce fut Khodjeili, au cœur de ce désert qui forme le Turkestan russe. Non pas que ce hameau ait été particulièrement riche en dangers ou en beautés rares, mais parce que là, malgré moi-même, j’avais pris une décision qui me coûta des larmes tant j’étais lâche. C’était en plein hiver sibérien et la mer d’Aral toute proche avait gelé quatre jours auparavant : la navigation étant interrompue, il m’était devenu impossible de rejoindre par cette voie-là le chemin de fer de Russie qui devait me ramener à Berlin. Je venais de descendre l’Amou-Daria (le fleuve fameux que les Grecs de Bactriane avaient appelé Oxus). À notre droite, c’était l’immensité plate du désert des Sables rouges ; à gauche, l’immensité du désert des Sables noirs qui s’étale entre l’Oxus et la Caspienne. Un peu en amont, à l’intérieur des terres, somnolait l’oasis de Khiva, dont la production cotonnière était venue s’amonceler en sacs sur la berge proche de moi. À bord du bateau-mouche sur lequel je me trouvais, mes six compagnons de voyage – tous des hommes – avaient décidé d’hiverner à Khodjeili, leur voyage vers le chemin de fer étant irrémédiablement interrompu. Quant à traverser les Sables noirs tout proches, personne n’y songeait, des brigands ayant dévalisé les deux dernières caravanes qui s’y étaient aventurées. Notre petit bateau à moteur allait, il est vrai, repartir vers le sud, remontant lentement le grand fleuve beige que nous avions pris quelque dix jours à descendre, nous échouant parfois sur de pâles bancs de sables mouvants. Retracer mes pas me semblait quasiment impossible, et d’ailleurs le fleuve risquait de geler d’un jour à l’autre. Passer quatre mois dans ce pays perdu pour y attendre la débâcle des glaces me paraissait tout aussi saugrenu. Il ne me restait donc qu’à traverser le Kizil Koum, le désert des Sables rouges, ce qui représentait un voyage de 500 à 600 kilomètres. Pour cela, il fallait trouver des chameaux, chose difficile car ils avaient, paraît-il, tous été réquisitionnés par la lointaine république soviétique du Kazakhstan. Mon hésitation fut de courte durée : puisque je ne voulais pas hiverner sur place et pas davantage retracer mes pas, je continuerais droit vers le nord malgré mon peu d’argent et mon manque de renseignements. Dehors les rives du fleuve étaient recouvertes d’une croûte de glace ; les rares bateliers ou pêcheurs de la région portaient d’immenses bottes de feutre, des vêtements ouatinés et d’épais bonnets de fourrure à longues oreillères pendantes. Cette terre pâle et vide semblait figée dans l’immensité. Parfois, sur l’autre rive, une carriole sortait d’une fente de la falaise pour avancer silencieusement vers le passeur, une carriole avec deux grandes roues propres à naviguer dans le sable profond. Le froid était tel que les ailes de mon nez se collaient : il semblait que l’air lui-même allait se coaguler d’un seul coup. La chaude cabine de notre vieux rafiot me parut le lieu le plus désirable de l’Asie. Servie sur la table, une soupe au poisson fumait, tandis que j’annonçais au capitaine ma décision de continuer droit au nord. Malgré les difficultés du rationnement – c’était en 1932 – il me procura deux poissons séchés et deux miches de pain. Il me conseilla de gagner sur l’autre berge un village distant de quelque quinze kilomètres. Au moment de devoir la quitter, cette misérable mais accueillante cabine devenait le symbole du confort, de la chaleur qui me ferait sans doute défaut pendant deux ou trois semaines… symbole de la sécurité qu’on éprouve à vivre dans un groupe où l’entraide n’est pas un mot vide de sens. Le capitaine semblait comprendre ma décision, l’encourager même : je ne pouvais plus lui laisser voir combien j’avais peur de partir dans ce vide jaune et craquant de froid. Jamais le geste d’épauler mon rucksack ne me parut si difficile et si contraire à mon désir de rester au chaud. Le quart d’heure qui s’écoula à attendre le passeur me vit la proie d’une hésitation maladive. Mais une fois sur la rive, cassant ici la glace pour embarquer d’un pied plus sûr, puis sur l’autre rive marchant à la rencontre d’un véhicule pouvant me mener au hameau tête de ligne du désert à traverser… une fois l’action commencée, je me sens mieux. La griserie de découvrir du nouveau exerce une fois de plus son prestige, cette incomparable griserie qui envoie comme un coup de fanfare dans les veines, alors que le sang enfin réchauffé semble courir en chantant : « Réussir, réussir, aux audacieux la réussite sourira peut-être ! » Sur cette nouvelle rive il n’y avait rien, ni cahute, ni entrepôts, ni maison, rien que le désert… rien qu’un homme solitaire vêtu d’une peau de mouton, un musulman accroupi, touchant parfois le sable de son front, un homme qui priait, tourné vers un inoubliable couchant balafré de couleurs sanglantes.
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