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Avec Boris Becker, Gottfried von Cramm est sans doute le plus grand joueur de tennis qu’ait jamais produit l’Allemagne. Mais la comparaison s’arrête là. Issu d’une famille aristocratique, Gottfried était grand, mince, élégant – personne n’aurait eu l’idée de le surnommer « Boum-Boum », comme on l’a fait avec Becker. Une nouvelle biographie raconte sa vie brillante et tumultueuse, marquée par ses démêlés avec le régime nazi. En ressort « l’image d’un homme étonnamment proche du stéréotype du noble chevalier brandissant une raquette à la place de l’épée », note dans Die Zeit Andrea Petković, elle-même joueuse de tennis professionnelle. Von Cramm était un sportif discipliné, qui s’entraînait cinq heures par jour avant d’aller le soir écumer les bars et les clubs du Berlin effervescent des années 1920 en compagnie de ses amis de la haute société – il prenait soin toutefois de ne pas boire d’alcool et de rentrer avant minuit. Son fair-play légendaire lui valut quelques déboires : en finale de la Coupe Davis 1935, il fit rejouer une balle de match en sa faveur, au motif que l’arbitre n’avait pas vu qu’il avait effleuré la balle avec sa raquette. L’Allemagne perdit finalement la rencontre… Ce genre d’attitude n’était évidemment pas pour plaire aux dignitaires nazis, d’autant que von Cramm refusait de soutenir le régime. Ils prirent le prétexte de ses liaisons avec des hommes (il était bisexuel) pour le faire emprisonner sept mois en 1938. « Cela peut sembler insensé, mais, une fois libéré, à cause de cette condamnation, les grands tournois internationaux lui fermèrent leurs portes », rapporte Petković. Qu’importe : ce qui comptait pour lui, c’était d’offrir au monde « l’image d’une autre Allemagne, d’une “bonne” Allemagne ».
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« Je suis toujours à la recherche de façons inhabituelles de raconter des histoires ; et pour cause, la plupart d’entre elles ont déjà été racontées », confiait Damon Galgut dans un long entretien à The Johannesburg Review of Books en juin dernier. Dans The Promise, le Sud-Africain examine l’héritage toxique de l’apartheid en retraçant le déclin d’une famille blanche, des années 1980 à nos jours. La promesse faite à la mère mourante, Rachel Swart, de léguer à la fidèle domestique noire, Salomé, la maisonnette qu’elle habite dans leur propriété sera-t-elle tenue ? L’auteure Kate Sidley commente dans The Sunday Times : « À mesure que l’Afrique du Sud naît à la démocratie, le pouvoir et l’influence de cette famille diminuent inexorablement. Le conflit, la culpabilité et la réparation sont au cœur de l’histoire : celle du pays et celle des Swart. » Keith Bain, du Daily Maverick, voit dans The Promise une satire de la « blanchité », concept issu des théories postcoloniales. Selon lui, Galgut « se glisse dans la peau d’une famille sud-africaine et explore avec autant de génie comique que de profond désespoir la folie qui sous-tend une culture de privilèges ». Sur le site d’information New Frame, l’universitaire Robyn Bloch salue pour sa part la façon « magistrale » dont l’auteur manie ironie et allégorie. L’écrivain David Attwell se montre tout aussi élogieux sur le site LitNet : « C’est un livre dont l’esprit, l’honnêteté et le génie lui garantiront une place importante dans la fiction sud-africaine. » Le roman « triomphe véritablement » grâce à sa narration cinématographique, ajoute-t-il. Cette saga familiale a remporté un franc succès au-delà de l’Afrique du Sud, avec la remise à Londres du prestigieux Booker Prize en novembre dernier.
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La place occupée par Internet dans le quotidien d’une bonne partie de la population mondiale a considérablement augmenté avec la pandémie de Covid-19. Dans un « essai digne du plus grand intérêt », selon Il Tempo, Mauro Barberis, professeur de philosophie du droit à l’Université de Trieste, aborde la Toile comme un milieu habité par les hommes et en propose donc une écologie. Donnant de « précieuses informations pour éviter l’asservissement au “dieu unique de la technologie” », selon La Repubblica, Barberis met notamment en garde contre la ludification, qui tend à envahir tous les champs de la vie. Identifiée comme « une des dépendances les plus inquiétantes suscitées par Internet », l’idée que tout est jeu cache une « éthique sournoise » où la performance individuelle prévaut sur la dimension sociale, explique le Corriere della Sera. Aussi, pour se prémunir contre la virtualisation de toutes nos expériences, la détox numérique est de mise. Une véritable gageure à l’heure où Mark Zuckerberg annonce le futur lancement du métavers de Facebook, un monde virtuel accessible grâce à des casques de réalité virtuelle.
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Petit livre d’une réfugiée afghane de 17 ans, « Ma plume ne se brise pas » nous décrit de l’intérieur la crise migratoire. L’auteure y relate sa fuite d’Afghanistan en 2019 avec ses cinq frères et sœurs et leurs parents, puis leur internement dans un camp de migrants sur l’île grecque de Lesbos. Ce texte à hauteur d’adolescente a frappé le site d’information Popaganda, qui évoque un « témoignage incisif et captivant, directement adressé aux sociétés occidentales ». À la lumière d’une lampe de poche, Parwana Amiri relate un quotidien fait d’insécurité et de privations, où des enfants vivent depuis des années sans accès à l’éducation. L’édition grecque du magazine Marie Claire salue ce « récit courageux, plein de colère, et bien sûr émouvant, sur la plus grande barbarie des dernières décennies ».
La jeune fille considère son livre comme « un pont entre le camp et le reste du monde » : publiée d’abord en ligne en anglais, sa parole a franchi les murs du camp pour être traduite en grec et publiée dans cette seule langue. On comprend que ce livre ait touché un pays bouleversé par le récent afflux migratoire. Le quotidien de centre gauche Efimerida Ton Syntakton célèbre « une route vers la catharsis ».
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« Ce livre serait un pur plaisir de lecture s’il s’agissait d’une fiction », note le quotidien espagnol La Vanguardia. Hélas, Los muertos y el periodista n’est pas un roman mais une enquête signée du journaliste d’investigation Óscar Martínez. Depuis une quinzaine d’années, il couvre pour le journal El Faro tout ce qui se produit de plus sordide au Salvador – règlements de comptes entre gangs rivaux, corruption de la classe politique, crimes maquillés par la police. Dans son dernier livre, il revient sur une affaire qui le hante : l’assassinat de trois frères – ses indics, d’ex-membres de gang – dont les corps ont été retrouvés mutilés dans un champ de canne à sucre. Le plus jeune, Rudi, n’était qu’un adolescent de 14, 15 ou 16 ans – lui-même ne savait pas son âge. Un jour où Martínez lui avait demandé de lui raconter un souvenir heureux de son enfance, il lui avait répondu : « Comment ça ? » Il ne connaissait pas l’adjectif « heureux », constate amèrement le journaliste.
« Le résultat est digne du Parrain, mais sans Coppola ni Hollywood. Juste la pauvreté, les maisons en tôle, la boue, les aveux, les descentes de police et les affreux tueurs qui finissent par être eux-mêmes assassinés », observe l’édition mexicaine d’El País. En marge de l’enquête, Martínez déploie une réflexion sur le métier de journaliste et ses enjeux, notamment dans des pays aussi marqués par la violence que le sont ceux d’Amérique centrale. « Il bat en brèche certains clichés en matière de journalisme narratif, pointe la revue colombienne El Malpensante. Selon lui, il ne s’agit pas de “prêter sa voix à ceux qui n’en ont pas”, comme on le rabâche dans les ateliers d’écriture, mais de raconter une histoire solide, d’écouter toutes les voix impliquées et de vérifier les faits jusqu’à l’épuisement ».
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Henrik Williams, un des chercheurs d’une équipe interdisciplinaire suédoise qui avait fait une découverte ayant secoué le milieu des runologues il y a deux ans, défend sa thèse controversée dans un livre. Selon celle-ci, les quelque 760 signes gravés au IXe siècle sur la pierre de Rök, considérés comme la plus longue inscription runique au monde, ne feraient pas référence aux exploits guerriers d’un roi, comme on le pensait jusqu’à présent, mais à une catastrophe climatique survenue trois siècles plus tôt. Avec cette pierre de près de 4 mètres de haut, dressée au sud de Stockholm, des Vikings auraient tenu, entre autres, à exprimer leur inquiétude face à l’éventualité d’un nouveau cataclysme du genre. Un état d’esprit qui les « rapprocherait du nôtre », plaide l’éditeur.
Plutôt sceptique au départ, le quotidien Dagens Nyheter finit par être séduit par cette interprétation, qui convoque aussi le Ragnarök, l’apocalypse nordique. « La patience du lecteur est parfois mise à rude épreuve lorsque l’auteur fournit, page après page, un torrent de références à la littérature en vieux norrois et en vieil anglais. » Mais « de tous les détails, et malgré les objections et les points d’interrogation, émerge lentement une image à la fois crédible et évocatrice ». Dans d’autres journaux, des historiens tiquent. Tel Lars Lönnroth, spécialiste de la littérature médiévale, qui, dans Svenska Dagbladet, raille les « étranges manœuvres » entreprises pour tenter d’étayer une théorie « inventive » qui « malheureusement ne s’appuie sur rien ». À y perdre son norrois.
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Fernando Morais, journaliste, militant de gauche et ancien député, connaît Luiz Inácio Lula da Silva, seul président brésilien d’origine ouvrière, de longue date. Plusieurs biographies de l’homme politique existent déjà, mais dans celle que vient de signer Morais, note Ricardo Balthazar dans la Folha de São Paulo, « l’ex-président s’expose comme jamais auparavant car il se livre à une personne de confiance ». L’auteur a suivi Lula pendant dix ans et recueilli pas moins de cent soixante-dix heures d’entretiens, dont a été tiré ce premier volume. « L’un des nombreux intérêts du livre est de montrer la transformation graduelle du leader syndical en l’un des grands noms de la politique brésilienne », note Chico Alves sur le site UOL. Morais y compare notamment les deux emprisonnements de Lula : par le régime militaire en 1979, quand il présidait le syndicat des métallurgistes avant de fonder un an plus tard le Parti des travailleurs (PT) ; l’autre, en 2018, dans le cadre de l’opération anticorruption Lava Jato, impliquant la société pétrolière publique Petrobras. Un tiers de l’ouvrage porte sur ses cinq cent quatre-vingts jours de prison à Curitiba. Morais y reproduit douze des 3 500 lettres écrites par Lula pendant sa détention, ainsi que plusieurs articles de presse sur l’enquête Lava Jato pour dénoncer « avec entêtement une couverture médiatique partiale », souligne Thomas Traumann dans Poder 360. L’ex-ouvrier métallurgiste a été remis en liberté en novembre 2019, avant d’être blanchi par le Tribunal suprême brésilien en avril 2021. En tête des sondages, Lula, âgé de 76 ans, est le grand favori du scrutin présidentiel qui se tiendra au Brésil en octobre 2022, face au président actuel Jair Bolsonaro. Une précampagne musclée, qui explique le succès en librairie de cette biographie parue en novembre 2021.
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Pour une île dont les deux tiers sont montagneux, on aurait pu s’attendre à ce qu’elle abrite une population de marcheurs ou de grimpeurs-nés. C’est tout le contraire : on ne s’intéresse à ces sports d’extérieur que depuis très récemment à Taïwan. Mais qu’en est-il du reste du monde ? Pourquoi et à partir de quelle époque part-on « à l’assaut » des sommets ? Cela fait longtemps que le sujet travaille Tung Wei-yen, un passionné de randonnée et d’alpinisme qui vient de signer un ouvrage hybride – et joliment illustré – mêlant littérature, histoire des idées et données scientifiques. Derrière ce travail documenté, on peut lire en filigrane « le peu d’intérêt que les Taïwanais ont pour le rapport de l’être humain à la nature », comme le souligne la revue littéraire Open Book. Aussi l’auteur propose-t-il des clés pour comprendre comment le concept a évolué au fil du temps, d’une montagne-sanctuaire dans le taoïsme, à une montagne interdite sous la loi martiale de Tchang Kaï-chek, puis, de nos jours, à une montagne « prête à consommer ».
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Pour participer à une dégustation de vin à Paris, le couple avait loué trois jets privés, dont deux ont fait le trajet à vide. L’épouse s’est offert un diamant rose à 15 millions de dollars. Ils se déplaçaient en Rolls et descendaient dans des hôtels de luxe. Pour une réussite, c’en était une. Entre autres faits d’armes, Desmond Shum et Whitney Duan ont construit la plateforme logistique de l’aéroport de Pékin, arrosant au passage le patron des douanes, qui a demandé et obtenu des bureaux somptueux avec salle de banquet, bar de karaoké, terrains de tennis et cinéma. Désormais aux États-Unis, Desmond Shum décrit sans fard le monde auquel il a intimement participé, le tourbillon grisant et dangereux des relations entre argent et pouvoir en Chine.
Né à Shanghai en 1968 pendant la Révolution culturelle, il a émigré à Hongkong avec ses parents en 1978. Après un séjour dans une université américaine, il a été recruté par une firme de capital-investissement à Hongkong. Il y développa un précieux réseau de relations avec les milieux d’affaires américains et chinois. C’était aussi un bel homme, très grand, athlète de compétition. Il attira l’attention de Whitney, une « entrepreneuse indépendante d’esprit », comme il la décrit. Whitney était une amie proche de Zhang Peili, l’épouse du Premier ministre de l’époque, Wen Jiabao. Et Zhang était elle-même une femme d’affaires de grande envergure, qui amassa une fortune gigantesque. « Naviguer à ce niveau dans les relations humaines en Chine était un art si complexe que Whitney avait besoin, pour mener à bien ses projets, d’une personne en qui elle pouvait avoir une confiance totale, écrit-il. Aligner nos objectifs était sa conception de l’amour. »
Leur ascension couvre les années 1990 et 2000. Elle était largement liée aux services qu’ils rendaient à Zhang : « Nous étions comme les poissons qui nettoient les dents des crocodiles ». Par son intermédiaire ils se lièrent avec diverses personnalités de premier plan. Comme Li Peiying, qui dirigeait la holding possédant les aéroports de la capitale et fut exécuté en 2009 pour corruption : « Il parlait trop […]. Le Parti communiste chinois a son code d’omerta. » Il y avait aussi le bras droit du président Hu Jintao, Ling Jihua, et son fils Ling Gu, tous deux également tombés en disgrâce. Le dernier est mort dans un accident suspect au volant de sa Ferrari en 2012, en compagnie de deux jeunes personnes dévêtues. Le papa, lui, a été emprisonné à vie en 2016, de même que Sun Zhengcai, autre relation du couple, une étoile montante du Parti.
Desmond et Whitney avaient côtoyé Xi Jinping avant son accession au pouvoir en 2012, ce qui n’a pas empêché leur situation de se dégrader, jusqu’à sentir franchement le roussi. Le couple a divorcé en 2015. Desmond a prudemment quitté la Chine, emmenant son fils. Restée à Pékin, Whitney a disparu en septembre 2017 – probablement placée en détention sans motif officiel. Elle a resurgi récemment, mais seulement par téléphone, pour enjoindre à Desmond de ne pas publier son livre. Il faut dire qu’il n’est pas tendre envers le régime. Il raconte que, pour la construction de l’aéroport de Pékin, il a mis trois ans pour recueillir l’approbation écrite de pas moins de 150 agences et ministères qui se bouffaient le nez. Un jour, il dut arranger en urgence une opération du cœur pour un gros bonnet qui était allé jouer aux casinos de Las Vegas. Il évoque les services sexuels qu’il a dû rendre à l’occasion. Il nomme un hôtel pékinois dans lequel, chaque nuit, trois ou quatre ministres sont courtisés par des entrepreneurs dans des salons suffisamment isolés les uns des autres pour qu’ils ne puissent pas se rencontrer. Il montre surtout que la gigantesque campagne anticorruption menée par Xi (on estime que plus de 1 million d’officiels ont été destitués et diversement châtiés) a pieusement épargné nombre d’« aristocrates rouges », qu’il présente comme « une espèce à part ». Dont Zhang Peili et Wen Jiabao. « La réalité est que le principal objectif du Parti est de servir les intérêts des fils et des filles de ses [anciens] révolutionnaires. Ce sont eux les principaux bénéficiaires. Ils forment le nœud du pouvoir économique et politique ».
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La Haine de la musique, de Pascal Quignard, romancier, essayiste, mais aussi musicien, « peut surprendre », prévient le portail culturel russe Colta, tant on n’attend pas d’un auteur dont « les livres sont littéralement imprégnés de musique » un réquisitoire contre celle-ci. Quignard s’y interroge sur « les liens qu’entretient la musique avec la souffrance sonore ». Bien sûr, « sa haine est proche de l’amour », convient le site. Paru en France en 1996 chez Calmann-Lévy, l’essai, constitué de dix traités, vient d’être traduit dans la langue de Pouchkine. C’est d’ailleurs le douzième ouvrage de Quignard qui paraît en Russie, où l’écrivain a son public. Le livre mêle « l’essai infiniment profond et sensible et la confession à la limite de ce qui est admis, dans une prose ciselée », salue Colta. En convoquant de nombreux exemples de l’Antiquité, Quignard y développe l’idée d’une violence inhérente au geste musical dès ses origines. Telle la flûte confectionnée par Athéna pour imiter les cris des Gorgones, dont « le chant fascinait, paralysait et permettait de tuer à l’instant où la proie est figée de terreur ». On passe du chant des sirènes à l’audition utérine, de l’emploi de la musique dans les camps de concentration à son omniprésence intrusive dans les villes. Avec bonheur, si l’on peut dire.
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