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L’exploitation du Congo par le roi Léopold II de Belgique, entre 1885 et 1908, est connue comme l’une des pires périodes de la colonisation européenne en Afrique. Les statues du monarque belge sont régulièrement aspergées de peinture rouge par des militants en rappel des atrocités commises. Or, le colonialisme « prétendument civilisateur » n’était souvent pas si différent de ce qui se passait sous Léopold II, avance l’hebdomadaire britannique The Economist. La construction du chemin de fer Congo-Océan par l’État français en est un exemple flagrant.
Dans son nouveau livre In the Forest of No Joy, l’historien américain James P. Daughton fait état de ces travaux aussi titanesques que coûteux en vies humaines. Réalisée entre 1921 et 1934, la voie ferrée Congo-Océan relie Brazzaville au port de Pointe-Noire, sur la côte Atlantique. Comme d’autres chemins de fer construits à l’époque, elle servait à acheminer les ressources coloniales vers la métropole. Dans ce « récit magistral, bien qu’implacablement sombre, poursuit The Economist, Daughton met en évidence le fossé entre les intentions des bureaucrates coloniaux, dont certains sem­blaient sincèrement convaincus qu’ils sortaient les Africains de la pauvreté, et la sinistre réalité qu’ils ont instaurée ». L’administration coloniale au Congo français prétendait ainsi recruter des volontaires rémunérés, alors que ses agents forçaient les Africains à travailler sous la menace des armes. Enchaînés par le cou, les hommes devaient parcourir plusieurs centaines de kilomètres jusqu’aux chantiers, « comme les esclaves un siècle auparavant ». Entre 23 000 et 60 000 travailleurs africains y trouvèrent la mort, selon différentes estimations. Comme l’écrit Daughton, en treize ans, « plus d’hommes et de femmes périrent sur le Congo-Océan qu’en quatre-vingts ans de construction des pyramides de Gizeh », rapporte The Wall Street Journal

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Relatés dans de courts entrefilets de la presse locale, ces décès passent presque inaperçus. Pourtant, une fois additionnés, les chiffres sont glaçants. Le nombre de piétons fauchés sur les routes aux États-Unis a augmenté de 50 % en dix ans. En 2019, 6 205 piétons ont trouvé la mort sous les roues d’un véhicule, l’équivalent d’un Boeing 747 s’écrasant chaque mois. Comment expliquer cette anomalie américaine, qui n’est pas observée dans d’autres pays riches ?
Le livre d’Angie Schmitt, ancienne rédactrice du portail Streetsblog, est le premier à rendre compte de cette épidémie silencieuse qui, comme le Covid-19, frappe les Américains de façon inégale, rapporte The New York Review of Books. « Les piétons à faibles revenus, les piétons noirs et hispaniques, les piétons âgés et les piétons handicapés présentent une surmortalité. » Schmitt met en évidence plusieurs facteurs contribuant à ce « désastre », notamment l’usage toujours plus important de voitures, et en particulier de SUV, dont la carrosserie plus haute et massive rend les collisions davantage mortelles. L’auteure pointe également la planification des villes, en particulier celles de la Sun Belt (les États du Sud-Ouest), dont les larges artères n’ont tout simplement pas été conçues pour être empruntées par des piétons. 

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« Parmi les nombreuses histoires de l’Espagne qui restent à racon­ter, celle de ses “angoisses colo­niales” est peut-être l’une des plus méconnues, surtout en ce qui concerne l’Afrique du Nord », estime Luz Gómez García dans le quotidien espagnol El País. Aussi la critique se félicite-t-elle de la parution d’A mi querido Abdelazizde tu Conchita, un ouvrage qui jette un nouvel éclairage sur la période du protectorat espagnol au Maroc (1912-1956). Les auteurs, Josep Lluís Mateo Dieste, anthropologue, et Nieves Muriel García, spécialiste des études de genre, ont exploité un vaste fonds d’archives inédites : des lettres, des cartes postales et des télégrammes interceptés entre 1936 et 1956 par la Délégation des affaires indigènes (DAI), située à l’époque à Tétouan, dans le nord du Maroc. La raison de leur interception par l’administration coloniale ? Il s’agissait de la correspondance amoureuse échangée entre des hommes maro­cains et des femmes espagnoles. Or, d’après une circulaire interne de la DAI, ces amours subversives risquaient de saper le « prestige espagnol au Maroc ». Chaque document exhumé par les auteurs est d’ailleurs frappé de la lettre « R », qui, comme ils l’apprendront au cours de leur enquête, signifiait pour les agents coloniaux « Rareza », c’est-à-dire « bizarrerie » en français. Quelque 130 de ces « bizarreries » sont reproduites dans l’ouvrage, accompagnées d’une analyse du contexte sociopolitique qui a conduit à la répression des relations intimes entre colonisateurs et colonisés. « Même si à la lecture de ces lettres nous avons parfois l’impression de profaner l’intimité des femmes qui les ont écrites, il nous reste la consolation de compatir à leur angoisse et à leur désespoir, de leur être reconnaissants pour l’occasion unique qu’elles nous offrent de regarder cette époque depuis une position privilégiée : à travers leurs yeux et à partir de leur propre vie », conclut Ángeles Ramírez dans le semestriel Revista de estudios Internacionales Mediterráneos.

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Ma vie en rouge et blanc d’Arsène Wenger est sorti en même temps en France et en Angleterre à l’automne 2020. Dans notre pays, l’ouvrage, sans passer tout à fait inaperçu, n’a pas donné lieu à un tohu-bohu médiatique. En Angleterre, non seulement il s’est glissé dans la liste des meilleures ventes, mais des publications aussi prestigieuses que The Guardian, The London Review of Books et The Times Literary Supplement lui ont consacré des articles fouillés.

Il est vrai que Wenger a surtout connu la gloire outre-Manche, où pendant deux décennies il a entraîné le club de football londonien d’Arsenal. Aucun entraîneur français n’a un plus beau palmarès que lui en Premier League, « la ligue sportive la plus regardée au monde », comme le rappelle Will Frears dans The London Review of Books. Ses débuts n’avaient pourtant rien eu de bien spectaculaire. Wenger avait beau avoir déjà entraîné l’équipe de Monaco et remporté avec elle un championnat et une coupe de France, en Angleterre, il était pour ainsi dire inconnu : « Arsène who ? », titrait The Daily Mirror à son arrivée à Londres, en 1996. On ne peut pas vraiment dire que ses premiers mois furent convaincants. En décembre 1997, plus d’un an après sa prise de fonctions, ses joueurs, après une défaite à domicile, se faisaient siffler par leurs propres supporters et « personne alors ne se serait soucié que leur entraîneur soit limogé », note Nick Hornby dans The Guardian.

Sauf que ce match fut le dernier d’Arsenal à l’ancienne, cette équipe jusqu’ici mal aimée et considérée comme abominablement ennuyeuse. Presque du jour au lendemain, elle se mua en machine à gagner et développa un style de jeu aussi séduisant qu’efficace : « La composition de l’équipe ne changea pratiquement pas, et pourtant elle ne perdit aucun autre match de championnat avant de l’emporter en mai. Elle ne perdit pas non plus un seul match de la coupe d’Angleterre cette saison-là. Il y eut ensuite un autre doublé championnat et coupe en 2002, puis une autre coupe, et enfin la fameuse saison d’invincibilité de 2003-2004 », rapporte Hornby. Ce fan d’Arsenal confesse qu’« aucun autre homme que Wenger n’a aussi directement fait [son] bonheur ».

La presse anglaise admet de façon quasi unanime que l’ouvrage est décevant. Certes, Wenger y évoque de façon touchante son enfance alsacienne dans un village qui comptait trois forgerons et plus de chevaux que de tracteurs. Certes, il relate quelques anecdotes, comme lorsqu’il a banni les barres de Mars dont se goinfraient ses joueurs après les matchs. Mais que de questions sans réponse ! Hornby en dresse une longue liste. Parmi elles, certaines sont délicates : pourquoi, par exemple, n’a-t-il jamais remporté de coupe d’Europe, compte tenu des joueurs dont il disposait ? Et quelles étaient ses relations avec ses rivaux, notamment l’entraîneur portugais José Mourinho, sa bête noire ? Celui-ci n’est jamais mentionné dans le livre, si ce n’est à la fin, dans un tableau qui récapitule le bilan de Wenger face aux autres entraîneurs. Face à Mourinho ? Une victoire tous les dix matchs. 

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Personne d’autre que la grande écrivaine Dido Sotiriou (1909-2004) n’aurait pu écrire Elektra, biographie romancée d’une héroïne de l’antifascisme hellénique. Née en 1912, torturée et assassinée par la Gestapo en 1944, à seulement 32 ans, Elektra Apostolou comptait parmi les amis proches de l’écrivaine communiste et partageait ses combats. En 1961, avant que ne tombe la chape de plomb des colonels, Sotiriou rappelait au public grec cette existence exemplaire. Republié en 2014 au plus fort de la crise économique et qualifié par la revue Artic de « modèle d’inspiration pour les nouvelles générations et les combats actuels », ce texte est enfin traduit en français.

La romancière n’occulte rien du caractère entier de sa camarade, militante, partisane du droit des femmes, assoiffée de vie et prête à tous les sacrifices pour défendre ses idées. Née dans une famille bourgeoise, elle rejoint, à la fin de l’adolescence, le mouvement communiste et y occupe des fonctions clés dès les années 1930. Déportée sous la dictature de Metaxás (1936-1941), elle devient responsable de la propagande du Parti pendant l’Occupation et se révèle une organisatrice redoutable. Aussi court que sa vie tragique, le roman de Sotiriou redonne, selon le site d’information TVXS, un visage à cette « personnalité inoubliable de la Résistance ».

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«De nombreuses figures littéraires redoutent le spectre du biographe », écrit David Remnick dans The New Yorker. Considéré comme le dernier géant des lettres américaines, Philip Roth était, lui, particulièrement sujet à « l’anxiété biographique », note le rédacteur en chef du magazine new-yorkais. « Il y a une forme de prédation dans le fait de raconter l’histoire d’un autre : Roth s’est débattu avec ce thème tout au long de sa carrière, souligne Remnick. Et jusqu’à sa mort, en 2018, il a dépensé beaucoup d’énergie à courtiser des biographes, espérant qu’ils raconteraient son histoire d’une manière qui ne nuirait pas à son art ni à sa postérité. »

Ce thème est déjà présent dans L’Écrivain des ombres (Gallimard, 1981), premier du cycle de neuf romans liés par le même narrateur, Nathan Zuckerman, le double fictionnel de Roth. Dans Exit le fantôme (Gallimard, 2009), Nathan Zuckerman est atteint d’un cancer de la prostate. « Pourtant, sa plus grande inquiétude ne concerne ni son impuissance, ni son incontinence, ni la détérioration de sa mémoire immédiate. Il craint par-dessus tout la tyrannie du biographe », relève Remnick.

Roth avait aussi écrit des Mémoires. Dans Les Faits. Autobiographie d’un romancier (Gallimard, 1990), il relate sa jeunesse à Newark, son premier mariage désastreux et ses débuts d’écrivain. Patrimoine. Une histoire vraie (Gallimard, 1992) est le récit du déclin de son père, atteint d’une tumeur au cerveau. Quant à « Notes pour mon biographe », c’est un texte de près de 300 pages qui réfute point par point les Mémoires de sa seconde femme, l’actrice Claire Bloom, « Quitter une maison de poupée »1. Elle y décrit Roth en homme brillant, mais aussi versatile, infidèle, distant, parfois odieux. Les amis de Roth l’ont dissuadé de publier sa diatribe ; il l’a néanmoins conservée pour son futur biographe.

Vers la fin de sa vie, le romancier se met en quête de celui-ci. Il sollicite Hermione Lee et Judith Thurman, deux biographes hors pair, qui déclinent par manque de temps. Ross Miller, le neveu du dramaturge Arthur Miller, accepte la mission et obtient de l’écrivain un accès complet à ses écrits et documents personnels, à ses amis et à sa famille. Mais au bout de quelques années, la relation s’étiole ; Roth finit par ne plus faire confiance à Miller. L’accord prend fin en 2009, l’année où Roth arrête d’écrire.

Enfin, en 2012, Blake Bailey, réputé pour ses biographies de Richard Yates et John Cheever, devient le biographe officiel de Roth. Une fois l’accord conclu, l’écrivain formule ainsi ses attentes : « Je ne veux pas que vous me réhabilitiez. Rendez-moi simplement intéressant. » Comme avec Miller, Roth s’investit beaucoup dans le travail de Bailey : il lui offre un accès quasi illimité à ses archives personnelles, se prête à des entretiens quotidiens de six heures. « Il s’est livré à son biographe comme il se livrait auparavant dans ses livres, insiste Remnick. Il s’est mis à nu comme il l’a toujours fait. »

Après avoir alimenté la chronique littéraire pendant plusieurs années, Philip Roth: The Biography, une somme de plus de 900 pages, paraît le 6 avril 2021, trois ans après la mort du romancier. L’ouvrage suscite dans un premier temps des critiques enthousiastes – l’essayiste Cynthia Ozick le qualifie de « chef-d’œuvre narratif » dans The New York Times – et semble promis à devenir un best-­seller. Mais « des nuages sombres s’amoncellent », relate Andrew Anthony dans The Guardian. Dans The New Republic, Laura Marsh dépeint Roth comme un tyran misogyne et un revanchard obsessionnel. La critique littéraire n’épargne pas le biographe, qui est, selon elle, « particulièrement à l’écoute des doléances de Roth et remet rarement en question ses principes moraux ».

Puis, coup de tonnerre, Blake Bailey est accusé d’agressions sexuelles par d’anciennes étu­diantes et une directrice d’édition. Bailey dément, mais son éditeur et son agent le lâchent2. Le livre est retiré du marché, au grand étonnement de tous, y compris de ses détracteurs. Un « effacement » de l’ère post-#MeToo qui en dit long sur le conflit générationnel entre les plus et les moins de 40 ans qui fait rage dans le milieu de l’édition anglo-saxon, commente Andrew Anthony. Il poursuit : « Ironiquement, c’est désormais le biographe qui a besoin d’être réhabilité. » Pour autant, « ce livre mérite d’être lu plutôt que retiré du marché pour de nombreuses raisons, pas toutes édifiantes. […] L’une d’elles est qu’il nous en dit long sur son sujet, mais aussi sur son auteur ».

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Le 27 juillet 1794 est surtout connu comme le 9 thermidor de l’an II dans le calendrier républicain. C’est la chute de Robespierre, l’un des grands tournants de la Révolution française, puisqu’il marque la fin de la Terreur et le début de la république dite « thermidorienne », plus conservatrice. L’historien britannique Colin Jones retrace cette journée particulière, presque quart d’heure par quart d’heure, abandonnant la structure par chapitres et lui préférant une succession de scènes parfois courtes, précédées d’une simple mention de l’heure et du lieu (par exemple : « 11 heures : palais et jardin des Tuileries »). À en croire Jones, « il n’y a peut-être pas une autre journée dans tout le XVIIIe siècle [à propos de laquelle] les sources soient si riches et si nombreuses ».

L’ensemble est divisé en cinq parties, qui rappellent, note John Adamson dans la Literary Review, les cinq actes de la tragédie française classique. « De fait, la dimension tragique du livre est essentielle à son objectif révisionniste. » Par la suite, Robespierre fut déshumanisé par ses vainqueurs, lesquels ne présentaient pourtant que peu de différences idéologiques avec lui. « Dans le drame de Jones, poursuit Adamson, Robespierre n’est pas exonéré des excès du régime. Mais on lui rend son humanité et il acquiert une sorte de grandeur imparfaite. »

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Si la mère du narrateur est omniprésente dans À la recherche du temps perdu, la figure du père, elle, brille par sa quasi-­absence. Elle est « l’angle mort » de la Recherche, estime dans Die Zeit le traducteur Jürgen Ritte, cofondateur et vice-­président de la Société Marcel-Proust allemande, se réjouissant de voir paraître une biographie d’Adrien Proust signée du critique littéraire Lothar Müller. « Aucune lettre du père au fils ne nous est parvenue jusqu’ici, rappelle Ritte, et quelques-unes seulement du fils au père. » Il est évident que le futur écrivain vécut dans l’ombre de ce père, bien plus célèbre que lui de son vivant. Issu d’une famille assez modeste de province, Adrien devint « fondateur d’une organisation préfigurant l’OMS, membre de l’Académie de médecine, inspecteur général du système de santé français, représentant de la France à des conférences internationales, éditeur et auteur de nombreux écrits spécialisés ou de vulgarisation, professeur d’hygiène, médecin en chef de l’Hôtel-Dieu ». Une brillante carrière dont Müller retrace les étapes et qu’il estime caractéristique de l’importance sociale et politique prise par la médecine à la fin du xixe siècle. Adrien Proust eut le plaisir de voir son fils marcher dans ses pas et devenir lui-même médecin. Pas Marcel, bien sûr, mais son frère cadet, Robert.

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Si vous tenez ce magazine entre vos mains, vous avez sans doute les deux pieds dans l’automne et ses feuilles mortes. Peut-être que, à l’instar de la personne qui rédige cette chronique, vous songez au temps qui passe. Souvenez-vous. À un moment de nos vies, la fin de l’été était synonyme de nouveaux copains et de cahiers pleins de l’odeur rafraîchissante des pages blanches. Nos principales angoisses se focalisaient sur la peur de faire tomber un plateau à la cantine ou d’aller en cours de sport parce qu’on ne savait pas (on ne saura jamais) faire la roue. Bref, une promenade de santé comparée à ce qui nous attendait une fois atteint l’âge adulte.

De fait, outre notre persistant manque de tonus musculaire, c’est le bout du rouleau collectif que nous devons affronter en octobre 2021. Trois confinements, neuf mois de couvre-feu, la perspective d’une campagne présidentielle et un été passé à contempler les gouttes de pluie se fracasser contre nos carreaux ont pu avoir raison des plus optimistes d’entre nous. Soyons réalistes, la seule « histoire dont vous êtes le héros » à laquelle nous ayons envie de participer à l’heure de la reprise est celle que nous proposait en 2018 l’écrivaine américaine Ottessa Moshfegh avec son livre intitulé Mon année de repos et de détente (Fayard, 2019). Elle y mettait en scène une héroïne qui hibernait dans son appartement pendant un an, séparée du monde par un rideau de somnifères et l’intégralité des films avec Whoopi Goldberg. Enfin un programme séduisant. Si vous êtes, vous aussi, tenté par l’acquisition massive de tranquillisants en pharmacie ou d’une carte de fidélité dans une boutique de CBD – dont le nombre ne devrait d’ailleurs pas tarder à dépasser celui des boulangeries –, rappelez-vous qu’il n’existe pas de meilleur refuge qu’une librairie par temps de déprime.

On déambule entre les tables, l’œil glisse sur les couvertures alignées jusqu’à accrocher un nom, un mot, une image. Et puis un jour, un petit miracle opère à la faveur d’une couverture bleu Pacifique et d’un titre étonnant : Au temps des requins et des sauveurs (Gallimard, 2021). Au dos du livre, on nous promet Hawaii, l’océan et des anciens dieux. Bref, suffisamment de choses pour oublier le gris du bitume, les impossibles voyages et nos envies de sieste infinie. Il s’agit du premier roman de Kawai Strong Washburn. Il y raconte l’histoire du jeune Nainoa, sauvé de la noyade par des requins lorsqu’il était âgé de 7 ans. Le destin de sa famille en est bouleversé. L’auteur a passé les dix-huit premières années de sa vie sur l’archipel d’Hawaii, et il nous y entraîne avec ce récit où se mêlent des voix, des expériences et des sentiments contradictoires. L’aspiration au merveilleux côtoie la rudesse de la vie quotidienne, et l’ombre des mythes celle des querelles adolescentes. C’est une poésie âpre qui nous prend par la main pour ne plus nous lâcher, un miroir le long d’un chemin tracé avant lui par Toni Morrison ou l’auteure hawaïenne Lois-Ann Yamanaka. On est tour à tour chacun des personnages, tantôt miraculé, tantôt en quête de salut, le visage fouetté par les vagues du Pacifique ou derrière les barreaux d’une prison du continent.

Washburn a peaufiné son manuscrit pendant dix ans avant de le voir édité. Dans une interview accordée à l’édition américaine de Vanity Fair, il évoquait son choix de narration à la première personne : « Beaucoup de livres que j’ai aimés par le passé étaient rédigés de la sorte. Je crois que, quand c’est fait de la bonne manière, cela vous amène à vivre une autre réalité. » C’est ce qu’il parvient à faire à un moment où nous en avons fort besoin. Une chronique n’a pas vocation à se transformer en critique littéraire. Elle peut cependant nous rappeler que, parmi toutes ses potentialités, il est une chose que la littérature sait toujours faire : sauver notre rentrée.

— Floriane Zaslavsky est sociologue.
Elle a publié avec la journaliste Célia Héron Dernier Brunch avant la fin du monde (Arkhê Éditions, 2020).

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En 2020 disparaissait, après quarante ans, la revue Le Débat. En France, les lamentations ont déferlé tandis que les fondateurs, Marcel Gauchet et Pierre Nora, expliquaient pourquoi ce temple de la pensée libérale de gauche ne pouvait que fermer : effondrement du business model des revues généralistes ; indifférence des médias et des universités ; et surtout une société, assénait Nora, qui avait perdu « la curiosité à horizon encyclopédique » au profit de l’hyperspécialisation qu’encourage Internet et qui entretenait « avec les exigences de la haute culture un rapport de moins en moins familier ». Presque seul dans ce concert attristé, Mediapart osait évoquer la « fossilisation » de la revue et ses « angles morts ».

À l’étranger, cette fin a rencontré un silence radio. « La disparition du Débat n’a pas fait l’objet d’une seule mention dans une revue majeure aux États-Unis », écrit Christopher Cald­well dans un article publié en mars 2021 par The New York Times, qui est l’exception confirmant la règle. La gauche française, explique-t-il, n’est plus celle du Débat ; elle défend désormais les « politiques identitaires ou de justice sociale », voire la « dictature » des droits de l’homme et des civil rights.
Marcel Gauchet écrivait déjà, en 2007, que la souveraineté de l’individu était en passe de détrôner celle du peuple. Il s’était retrouvé taxé d’ultraconservatisme par ses pairs.

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