WP_Post Object ( [ID] => 101433 [post_author] => 56414 [post_date] => 2021-04-21 08:43:18 [post_date_gmt] => 2021-04-21 08:43:18 [post_content] =>Le journaliste indien Ashutosh Bhardwaj a passé près de dix ans à arpenter les forêts du Bastar, dans l’État du Chhattisgarh, sous contrôle des insurgés maoïstes ou « naxalites ». Ce territoire est habité par des populations aborigènes, les Adivasis, victimes collatérales du conflit qui agite cette région depuis les années 1960.
Ashutosh Bhardwaj y a vu de ses propres yeux les corps mutilés de quelque 200 Adivasis, victimes des exactions de la police, de la milice Salwa Judum, proche du gouvernement, et parfois aussi des maoïstes eux-mêmes, rappelle Partha P. Chakrabartty sur le site d’information The Wire. Il en rend compte dans The Death Script avec une précision qui peut parfois paraître « excessive », mais qui procède d’un souci de rigueur.
« Il existe aujourd’hui de nombreux livres sur le “conflit naxalite”, cette expression qui évite de parler de guerre civile pour désigner les violences commises dans le centre de l’Inde depuis maintenant quelques décennies », observe Supriya Nair dans le quotidien Mumbai Mirror. Contrairement à la plupart d’entre eux, The Death Script n’est pas un document, « même s’il apporte des éléments factuels neufs et bouleversants », ajoute Nair, qui voit plutôt dans ce livre un « exorcisme ».
« Citoyen urbain de l’Inde moderne, hindou de haute caste », écrit-elle, l’auteur assume sa condition privilégiée pour faire entendre les voix des aborigènes (hors castes), des combattants maoïstes, parfois des miliciens – voix habituellement inaudibles dans les médias, restituées ici sous forme de fragments.
Comme le note encore Supriya Nair, Ashutosh Bhardwaj pointe la responsabilité de l’Indien des villes dans les violences perpétrées sur les Adivasis, dont les terres riches en minerais sont convoitées par les grandes sociétés du pays.
[post_title] => Le calvaire des Adivasis [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => le-calvaire-des-adivasis [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2021-05-07 12:43:57 [post_modified_gmt] => 2021-05-07 12:43:57 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=101433 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
WP_Post Object ( [ID] => 101430 [post_author] => 56414 [post_date] => 2021-04-21 08:42:16 [post_date_gmt] => 2021-04-21 08:42:16 [post_content] =>À la fin de la guerre d’Espagne, quand la Catalogne tombe aux mains des forces franquistes, Julián Fuster Ribó décide de fuir en URSS. Ce chirurgien barcelonais, affilié au Parti communiste, est alors séduit par le soutien que les Soviétiques ont apporté au camp républicain.
Mais quelques années d’exercice au sein de l’Institut de neurochirurgie de Moscou auront raison de ses illusions. Ses critiques du culte de la personnalité de Staline lui valent de se retrouver dans le collimateur la police politique. En janvier 1948, il est arrêté, interrogé, torturé et condamné pour « espionnage » et « propagande antisoviétique ». Il passera sept ans dans le camp de travail de Kengir, au Kazakhstan, avant d’être libéré en 1955.
Dans Cartas desde el Gulag, l’historienne Luiza Iordache Cârstea retrace l’itinéraire de Julián Fuster Ribó et évoque les 345 Espagnols qui, comme lui, furent envoyés au Goulag après avoir trouvé refuge en Union soviétique. Par l’entremise du fils de Fuster, l’auteure a eu accès à ses archives personnelles, notamment à des lettres adressées à une femme aimée dans lesquelles il décrit par le menu la rudesse de la vie concentrationnaire.
Étant donné la rareté des témoignages d’anciens détenus des camps soviétiques, l’historien Juan Avilés qualifie ces lettres de véritable « trésor ». Un trésor d’autant plus précieux que le médecin espagnol « a vu de ses yeux un épisode célèbre de l’histoire du Goulag : le soulèvement du camp de Kengir au printemps 1954 », souligne-t-il dans le magazine El Cultural.
Jusqu’à présent, l’un des seuls récits connus de cet événement était celui d’Alexandre Soljenitsyne. Dans son Archipel du Goulag, un certain « Fuster l’Espagnol » est mentionné en passant – le voilà désormais tiré de l’oubli.
[post_title] => Ces espagnols du Goulag [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => ces-espagnols-du-goulag [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2021-05-07 12:43:12 [post_modified_gmt] => 2021-05-07 12:43:12 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=101430 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
WP_Post Object ( [ID] => 101427 [post_author] => 56414 [post_date] => 2021-04-21 08:41:17 [post_date_gmt] => 2021-04-21 08:41:17 [post_content] =>Au fil des pages de Rummage, le lecteur tombe sur des chaussettes en laine de poils de chien, des parchemins du Moyen Âge recyclés en cerfs-volants ou en papier toilette, une autoroute dont le revêtement est composé de 2 millions d’exemplaires invendus de romans à l’eau de rose de la collection Harlequin.
Des « objets merveilleusement bizarres, sauvés de la décharge » par l’historienne Emily Cockayne pour « retracer l’évolution des pratiques en matière de consommation et de recyclage », résume Caroline Crampton dans The Spectator.
« Il n’y a, selon Emily Cockayne, pas de progrès linéaire, pas d’âge d’or où tout le monde triait automatiquement les déchets de la maisonnée et passait sa soirée à transformer des épées en socs de charrue parce que c’était la bonne chose à faire », relève Kathryn Hughes dans The Guardian. Dans l’Angleterre d’Henri VIII, qui se voulait celle de la surabondance, jeter était même un devoir.
[post_title] => Sauvés de la décharge [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => sauves-de-la-decharge [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2021-05-07 12:42:13 [post_modified_gmt] => 2021-05-07 12:42:13 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=101427 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
WP_Post Object ( [ID] => 101424 [post_author] => 56414 [post_date] => 2021-04-21 08:40:17 [post_date_gmt] => 2021-04-21 08:40:17 [post_content] =>Entre les années 1960 et le début des années 1990, les forces de sécurité sud-africaines ont édité une sorte de trombinoscope rassemblant les photos d’identité des opposants au régime de l’apartheid. Plus de 7 000 portraits figuraient dans ce qu’elles appelaient « l’album terroriste ».
« Officiellement, la police utilisait ce livret uniquement pour surveiller les personnes qui quittaient le pays sans autorisation. Mais, si votre photo y figurait, vous étiez considéré comme un terroriste », note l’historien sud-africain Jacob Dlamini dans The Terrorist Album. « Cet ouvrage passionnant montre à quel point l’album était un outil de pouvoir et de surveillance pour l’État », précise Bongani Kona dans le magazine américain The Baffler.
En 1993, quand il a senti sa fin approcher, le régime a détruit 44 tonnes de documents. Seuls trois exemplaires de l’album en ont réchappé. Certains policiers que Dlamini a rencontrés clament encore que ce livret, mis à jour tous les six mois, n’était qu’un aide-mémoire pour traquer les fugitifs. Mais il « faisait partie de l’offensive du régime contre ses opposants », note Kona. « Être considéré comme un terroriste par les forces de sécurité, c’était vivre dans l’ombre de la mort. Cela signifiait que vous pouviez périr dans une explosion, un mardi après-midi, avec votre paire de chaussures italiennes préférée aux pieds ». C’est ce qui est arrivé en 1982 à Ruth First.
L’universitaire exilée au Mozambique a reçu un colis piégé à son bureau. Sa photo était dans l’album.
[post_title] => Dans l’album photo [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => dans-lalbum-photo [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2021-05-07 12:41:46 [post_modified_gmt] => 2021-05-07 12:41:46 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=101424 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
WP_Post Object ( [ID] => 101421 [post_author] => 56414 [post_date] => 2021-04-21 08:39:18 [post_date_gmt] => 2021-04-21 08:39:18 [post_content] =>Les aéroports, les décharges, les camps de réfugiés, les terrains vagues sous les échangeurs autoroutiers, les espaces de rassemblements éphémères (comme la Theresienwiese, à Munich, où se tient l’Oktoberfest) : autant de lieux qui n’en sont pas, selon l’architecte et poétesse tchèque Anna Beata Háblová.
Dans son nouveau livre, elle emprunte à l’anthropologue français Marc Augé le concept de « non-lieu » pour parler de ces endroits négligés, laids, inhospitaliers que les citadins refusent de voir parce qu’ils les mettent mal à l’aise.
« Chaque chapitre commence par une histoire poétique, qui lie l’atmosphère d’un lieu au sort de l’un de ses habitants ou usagers. Et, une fois qu’elle a accaparé notre attention, l’auteure nous guide en urbaniste expérimentée pour nous proposer des solutions censées améliorer la situation sociale et environnementale », écrit la revue culturelle Artalk, spécifiant bien qu’il ne s’agit là en aucun cas de faire disparaître ce qui peut aussi être des espaces de vie communautaire, de créativité ou même des refuges pour les marginaux. Certes, ces zones sont le résultat d’une mauvaise conception urbaine, mais ils sont aussi les « derniers îlots de liberté dans des villes surcontrôlées », écrit Anna Beata Háblová.
[post_title] => Îlots de liberté [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => ilots-de-liberte [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2021-05-07 12:41:05 [post_modified_gmt] => 2021-05-07 12:41:05 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=101421 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
WP_Post Object ( [ID] => 101418 [post_author] => 56414 [post_date] => 2021-04-21 08:38:16 [post_date_gmt] => 2021-04-21 08:38:16 [post_content] =>Dans Bunker, le géographe américain Bradley Garrett part à la rencontre de ces gens qui construisent ou achètent des abris fortifiés. « Il s’intéresse aux états-Unis surtout, où le prepping, le fait de se préparer aux catastrophes et à la fin du monde, donne lieu à une véritable sous-culture, mais il se rend aussi en Australie, où la précarité écologique alimente le marché du bunker, ainsi qu’en Nouvelle-Zélande et en Thaïlande, destinations de repli préférées de l’élite », précise Will Wiles dans la Literary Review.
Dans le Dakota du Sud, il visite le plus grand ensemble de bunkers du monde. Construits pendant la Seconde Guerre mondiale pour y stocker des munitions, ces 575 igloos de béton semi-enterrés ont été transformés en 2016 par un homme d’affaires, Robert Vicino. Il a baptisé l’endroit « The xPoint », suggérant que c’est d’ici que l’humanité – ou ce qu’il en reste – prendrait un nouveau départ après la fin du monde.
Ce que vendent les « marchands d’angoisse » comme Vicino, ce ne sont pas des murs, si solides soient-ils, mais du temps, soutient Garrett. Plusieurs mois à l’abri de la catastrophe de la surface. Et certains des acheteurs « semblent impatients de pouvoir avoir un retour sur leur investissement souterrain », remarque Will Wiles.
[post_title] => Bien à l’abri [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => bien-a-labri [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2021-05-07 12:40:35 [post_modified_gmt] => 2021-05-07 12:40:35 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=101418 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
WP_Post Object ( [ID] => 101415 [post_author] => 56414 [post_date] => 2021-04-21 08:37:03 [post_date_gmt] => 2021-04-21 08:37:03 [post_content] =>Harmaguédon (Armageddon en anglais) est une déformation de l’hébreu Har Megiddo, « la montagne de Megiddo ». Dans le livre de l’Apocalypse, Harmaguédon est le lieu de l’ultime bataille entre les forces du bien et du mal. Voilà qui explique l’utilisation de ce mot pour parler de la fin du monde et l’afflux de touristes sur le site archéologique de Megiddo, situé à 90 kilomètres au nord de Jérusalem.
Cette colline, que les spécialistes fouillent depuis le début du xxe siècle, est le résultat de l’empilement d’une vingtaine de cités d’époques différentes. Fin connaisseur du site, l’archéologue et anthropologue américain Eric Cline s’intéresse dans Digging up Armageddon aux archéologues qui y ont travaillé. Il mêle « l’analyse détaillée des strates et des objets à l’excavation héroïque d’informations biographiques, d’anecdotes personnelles et de guerres intestines depuis la première campagne de fouilles de 1903-1905 », note le journaliste scientifique Andrew Robinson dans la revue Nature.
Le livre porte particulièrement sur la période 1925-1939, durant laquelle le chantier fut placé sous la responsabilité de l’Institut oriental de l’université de Chicago. Son directeur, l’égyptologue James Henry Breasted, et son mécène, le magnat John D. Rockefeller, étaient fascinés par les références bibliques qui relient le site au roi Salomon.
[post_title] => Sur les traces de Salomon [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => sur-les-traces-de-salomon-2 [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2021-05-07 12:39:56 [post_modified_gmt] => 2021-05-07 12:39:56 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=101415 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
En 1928, leur équipe croit avoir trouvé les écuries du roi mythique décrites dans les textes. « Mais, comme souvent en archéologie, le débat n’est pas clos », précise Robinson. À ce jour, quatre strates différentes ont été surnommées « cité de Salomon ».
WP_Post Object ( [ID] => 101412 [post_author] => 56414 [post_date] => 2021-04-21 08:35:54 [post_date_gmt] => 2021-04-21 08:35:54 [post_content] =>Coqueluche du cinéma indépendant américain, Charlie Kaufman passe pour avoir révolutionné l’art du scénario en créant des histoires complexes et métafictionnelles (Dans la peau de John Malkovich et Eternal Sunshine of the Spotless Mind). Il s’essaie à présent à la littérature avec Antkind.
Il raconte dans ce roman les tribulations de B., un critique de cinéma entre deux âges, prétentieux et dogmatique. Lorsque B. rencontre un vieillard qui a passé l’essentiel de sa vie enfermé chez lui à tourner un film en stop motion, il est persuadé d’avoir déniché la pépite qui lui apportera enfin la renommée. Hélas, le film est détruit dans un incendie. Le reste du roman – près de 600 pages – retrace les tentatives de B. pour reconstituer le film de mémoire.
« Quiconque a déjà vu un film de Kaufman se sentira ici en terrain familier », note le scénariste et romancier américain Matthew Specktor dans The New York Times. L’auteur ne se départit pas de son goût pour la métafiction, faisant de son protagoniste un pourfendeur acharné de ses propres films, et exploite un thème qui lui est cher : l’impossibilité de se fier à sa mémoire ou à sa perception de la réalité.
Si Matthew Specktor voit dans Antkind un livre à la fois « extrêmement bizarre » et « extrêmement réussi », le critique Kevin Power, lui, l’a trouvé pour le moins indigeste : « Il m’a fallu trois ou quatre ans pour lire le roman de Charlie Kaufman. Du moins c’est l’impression que j’ai eue », raille-t-il dans la Literary Review.
[post_title] => De mémoire [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => de-memoire [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2021-05-07 12:38:39 [post_modified_gmt] => 2021-05-07 12:38:39 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=101412 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
WP_Post Object ( [ID] => 101409 [post_author] => 56414 [post_date] => 2021-04-21 08:34:56 [post_date_gmt] => 2021-04-21 08:34:56 [post_content] =>Acclamé par la presse lors de sa parution en juillet dernier, Gli Affamati, premier opus d’un jeune Sicilien, est selon le critique du Corriere della sera Alessandro Beretta un « roman de formation cru et insolite, débordant de vie et dévoilant une réalité en équilibre entre perdition et salut ».
Le livre met en scène deux frères au destin poignant : Paolo, 22 ans, ouvrier du bâtiment dont le quotidien est rythmé par des explosions de violence servant d’exutoire à sa colère, et Antonio, 19 ans, à la recherche d’un emploi, qui vit dans l’ombre de son aîné. Livrés à eux-mêmes, ils s’agrippent l’un à l’autre depuis la mort de leur père, alcoolique et violent, que leur mère avait fui des années auparavant.
À Camporotondo, petit village imaginaire du Sud profond de l’Italie où l’ennui règne, ils tentent de se construire un avenir sur le fil du désespoir. Les journées, torrides, se répètent, les soirées aussi, mélange d’alcool, de drogue et de sexe. Jusqu’au jour où leur mère débarque…
Nadia Terranova n’hésite pas, dans La Stampa, à comparer ce récit sur la solitude, la pauvreté et la frustration à certains livres de Niccolò Ammaniti, chef de file du mouvement des Cannibales auquel l’auteur a justement consacré sa thèse. « Mattia Insolia n’a que 25 ans, mais il a déjà écrit un roman presque parfait dont la rage, bien que le mot ne soit pas prononcé, est indiscutablement le principal protagoniste, assure également Giulia Ciarapica dans le quotidien Il Foglio. Il nous le fait comprendre peu à peu, en construisant une histoire dévastatrice et magnifique car il écrit divinement bien. »
[post_title] => À la dérive [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => a-la-derive [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2021-05-07 12:37:50 [post_modified_gmt] => 2021-05-07 12:37:50 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=101409 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
WP_Post Object ( [ID] => 101406 [post_author] => 56414 [post_date] => 2021-04-21 08:33:57 [post_date_gmt] => 2021-04-21 08:33:57 [post_content] =>Situé à près de 5 000 mètres d’altitude, le plateau tibétain couvre une superficie équivalente à presque cinq fois la France. Il fait partie intégrante de la Chine. Sa partie occidentale, un peu plus de la moitié du territoire, est la Région autonome du Tibet, où les autorités ne tolèrent que rarement la venue de journalistes. La partie orientale se répartit entre quatre provinces chinoises.
La journaliste Barbara Demick, qui a longtemps dirigé le bureau du Los Angeles Times à Pékin, livre un récit bouleversant, fait de conversations avec des habitants de la petite ville de Ngaba, en bordure du plateau, dans la province du Sichuan. Déjà auteure d’un livre sur le siège de Sarajevo et d’un autre sur la vie quotidienne en Corée du Nord, elle pratique avec rigueur une forme de journalisme anthropologique ancré dans l’histoire longue.
En l’occurrence, Nagba a été le premier point de rencontre entre les Tibétains et le communisme. C’était dans les années 1930, quand les soldats de la Longue Marche, fuyant les forces nationalistes, affamés, pillèrent les monastères, brûlant livres et manuscrits et s’alimentant de peaux de tambour bouillies et de statuettes de Bouddha en beurre (d’où le titre du livre).
La deuxième rencontre avec le communisme, qui reste vive dans la mémoire des Tibétains, fut la terrible année 1958, où le régime de Mao leur imposa la collectivisation et massacra leurs yaks, source de leur nourriture, de leurs vêtements et des bougies qui les éclairaient : 20 % de la population fut arrêtée et « placée dans des prisons qui n’étaient souvent que des fosses creusées dans le sol, remplies de centaines de personnes », écrit Parul Sehgal dans The New York Times. Bilan estimé : 300 000 morts.
Au fil de ses récits, Barbara Demick retrace les étapes de ce qui a suivi. Après s’être montré relativement tolérant dans les années 1980 et jusqu’au début des années 1990, le régime chinois a durci la répression, au point de provoquer en 2008 une grande révolte dont Ngaba fut l’épicentre. Les Chinois encerclèrent le grand monastère de Kirti aux abords de la ville, dans l’intention manifeste d’affamer les 3 000 moines jusqu’à ce qu’ils se soumettent. Les troupes chinoises finirent par entrer et placer 600 d’entre eux en détention. Entassés dans un espace si exigu qu’ils n’avaient pas la place de s’asseoir, obligés d’uriner et de déféquer sur place, ils furent contraints de faire des déclarations d’allégeance, certaines filmées, et de désavouer le dalaï-lama.
Depuis lors, plus de 150 Tibétains, dont près du tiers à Ngaba, se sont immolés par le feu : des moines, des nonnes et des laïcs. Pour éviter d’être sauvés, ils s’enroulent dans des couvertures qu’ils fixent avec du fil de fer et prennent soin d’avaler de l’essence afin d’être sûrs de brûler aussi de l’intérieur. Ngaba est « sans conteste la capitale mondiale de l’immolation », écrit Barbara Demick.
Aujourd’hui, il est presque aussi difficile d’accéder à Nagba que dans la Région autonome, et la journaliste a dû user de stratagèmes pour y pénétrer, à trois reprises. Le nombre de soldats excède celui de la population. Les caméras de surveillance balaient l’artère principale. « Le niveau de peur est comparable à ce que j’ai vu en Corée du Nord », écrit-elle. Les Chinois tentent d’amadouer les Tibétains en améliorant le niveau de vie et y parviennent en partie. Barbara Demick a interviewé un riche entrepreneur qui ne se plaint que de son manque de liberté (il n’a pas le droit de voyager). Mais la plupart des entreprises et des magasins sont la propriété de Chinois. La dernière école qui enseignait encore en langue tibétaine est en train de passer au chinois. Et le dalaï-lama, qui vit en exil en Inde, est toujours qualifié de « chacal en habit de moine ». Les Tibétains ne réclament plus l’indépendance. Tout ce qu’ils veulent, c’est le retour de la tolérance religieuse et de la reconnaissance culturelle.
[post_title] => On s’immole bien au Tibet [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => on-simmole-bien-au-tibet [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2021-05-07 12:36:50 [post_modified_gmt] => 2021-05-07 12:36:50 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=101406 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )