Confessions d’un éditeur
Publié en octobre 2025. Par Books.
Après une vie consacrée au monde de l’édition, l’octogénaire Enrique Murillo livre une autobiographie qui est aussi un procès et un avertissement. Traducteur de Tom Wolfe et Julian Barnes, il a été un conseiller éditorial réputé, a piloté des magazines (dont le Vogue espagnol), lancé le supplément Babelia du journal El País, puis dirigé trois maisons d’édition avant de monter la sienne. Murillo offre un regard intime sur les coulisses de l’édition : le fonctionnement des comités éditoriaux, des conseils d'administration, des droits d’auteur, des prix littéraires et des stratégies commerciales.
Nourri d’anecdotes, le livre expose les misères et les plaisirs d’un secteur qui lui paraît de plus en plus dominé par la recherche du best-seller et de moins en moins par la valeur littéraire. Murillo présente son rôle de « personnage secondaire » dans un monde où les vedettes sont les auteurs en vue. Il reconnaît avec humour certaines erreurs de jugement, ayant écarté des œuvres devenues des succès, ou, à l’inverse, misé sur des auteurs qui n’ont pas répondu aux attentes.
Hommage au métier d’éditeur, c’est aussi une critique courageuse de ses tares, comme la mauvaise rémunération des traducteurs et des correcteurs, le fait de pouvoir longtemps travailler sans contrat (ce qui lui est arrivé) ou encore la manipulation des chiffres de vente pour réduire les paiements aux auteurs.« L’Espagne est un pays où presque personne ne lit ! dit-il au journal digital elDiario.es. Comment alors expliquez-vous qu’elle ait l’un des taux de nouveautés les plus élevés d’Europe ? Eh bien, entre autres raisons, parce qu’ici on lance des nouveautés pour maquiller les chiffres et masquer les retours qui ont lieu chaque mois, et qui sont très nombreux. Cela permet de maintenir un ratio élevé de livres en circulation et de donner l’impression que tout va pour le mieux, mais en réalité, cela ne fait que tourmenter le libraire, qui voit le nombre de retours exploser. »
