Et le Walkman créa la distanciation sociale

Il y a quarante ans, le baladeur à cassette Sony débarquait aux États-Unis et en Europe. En permettant à ses usagers de s’isoler dans leur bulle sonore, il allait bousculer les rapports sociaux.


Dans le métro new-yorkais, en 1981. Porter un casque sur les oreilles, c’est à la fois brandir symboliquement la pancarte « Merci de ne pas déranger » et opposer sa propre bande-son à la cacophonie urbaine.

Bien avant la quarantaine, le confinement et l’isolement volontaire, on se voyait déjà mal vivre sans ces moyens d’évasion électroniques que sont les casques et écouteurs antibruit, les smartphones et les tablettes. Aujourd’hui, cela semble tout bonnement impossible. Quelque chose a forcément marqué un avant et un après, un point de bascule à partir duquel nous nous sommes branchés à un appareil pour nous déconnecter du monde. Ce quelque chose, c’est le Walkman, le baladeur audio inventé par la firme japonaise Sony en 1979. À compter de ce jour de juin 1980 où il a débarqué aux États-Unis sous le nom de Soundabout, notre existence n’a plus jamais été la même.

Jusque-là, l’écoute de la musique était essentiellement une expérience collective : les familles se rassemblaient autour du gros poste de radio dans la salle de séjour ; les jeunes mettaient l’autoradio à plein tube dans la voiture ou se trémoussaient au son du transistor ; dans les bars, on glissait une pièce dans le juke-box ; les smurfeurs dansaient sur les rythmes d’un ghetto-blaster. Avec ...

LE LIVRE
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Pure invention. Comment la culture populaire japonaise a conquis le monde de Matt Alt, Crown, 2020

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