Graffitis d’une révolte mexicaine
Publié en décembre 2009.
En 2006, l'État d'Oaxaca, au Sud du Mexique, fut le théâtre d'un puissant soulèvement populaire. Dans Protest Graffiti Mexico: Oaxaca, Louis E. V. Nevaer retrace ces événements, qui à l'époque furent largement passés sous silence. Son ouvrage est illustré de photographies de graffitis, l'une des manifestations les plus frappantes de l'art protestataire qui fleurit alors partout à Oaxaca.
En 2006, dans l’État d’Oaxaca, au Sud du Mexique, un mouvement pacifique d’enseignants fut brutalement réprimé par la police et devint un puissant soulèvement populaire. Pendant plusieurs mois, l’Assemblée Populaire des Peuples d’Oaxaca (APPO), autour de laquelle s’était fédéré le mouvement, s’opposa au gouverneur de la province, Ulises Ruiz, et à ses forces armées.
Le mouvement fut largement passé sous silence, en partie du fait des circonstances car il coïncida avec les élections fédérales, bien plus médiatisées. Protest Graffiti Mexico: Oaxaca de Louis E. V. Nevaer garde pourtant la trace de ce mouvement. « Un témoignage frappant de l’art protestataire qui a fleuri partout à Oaxaca, pendant et après le conflit », écrit Gavin O’Toole dans la Latin American Review of Books.
Le livre réunit un texte sur les événements et des photographies des graffitis, réalisées par la militante Elaine Sendyk. Ils sont pour la plupart l’œuvre de femmes : des échos de la brutalité policière, des caricatures du gouverneur, des images de la Vierge détournées… On y retrouve en particulier le travail du collectif ArteJaguar, dont les artistes « pensent que leur œuvre parle pour ceux dont la voix n’est pas entendue – ou réduite au silence », précise le critique. Une opinion que semble partager la chanteuse engagée Lila Downs, qui écrit dans son introduction : « Ce livre est le testament imprimé de nos peurs et de nos colères : ils peuvent repeindre les pierres et les murs, les bus et les trottoirs, mais ils ne peuvent effacer notre mémoire, notre fierté ou notre courage ».