Deux jeunesses françaises

La lecture parallèle du journal d’Hélène Berr, qui était juive, et de Philippe Jullian, qui ne l’était pas, rappelle le fossé qui séparait les vies dans le Paris de l’Occupation.

On trouvait à Paris, sous l’Occupation, deux mondes qui se sont côtoyés en s’ignorant. Dans l’un, on vivait plutôt bien, on fréquentait les salles de concert et les théâtres, on écrivait et on faisait des affaires, on se promenait tranquillement dans les parcs. Car « Paris, à la différence d’autres capitales européennes occupées par les nazis, était censé paraître normal », rappelle Ian Buruma dans la New York Review of Books. C’est ce monde-là que reflète le journal intime de Philippe Jullian, jeune esthète aux ambitions littéraires affichées, homosexuel spécialiste d’Oscar Wilde et de Robert de Montesquiou, qui fréquentait assidûment les soirées mondaines et semble avoir traversé la guerre les yeux grands fermés. À la date du 8 juin 1942 (il a 23 ans), il note :

« Lu Les Pauvres Gens et je me trouve un personnage très dostoïevskien, comme ...

LE LIVRE
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Journal d’Hélène Berr de Deux jeunesses françaises, Tallandier

Dans le magazine
BOOKS n°123

DOSSIER

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