Le fantasme du voyage interstellaire

Vous souvenez-vous du projet Orion ? C’était dans les années 1950 et 1960, quand l’US Air Force et la NASA ont financé des recherches sur un vaisseau spatial propulsé par une cascade d’explosions nucléaires. « Le plus cinglé de tous les projets de vol interstellaire jamais conçus », écrit le journaliste scientifique américain Ed Regis. Bien que généralement présentée comme irréalisable, l’idée de coloniser des planètes dans d’autres systèmes solaires n’a pas désarmé. Témoin l’article interminable qu’y consacre Wikipédia. Témoin aussi Geoffrey A. Landis, de la NASA, pour qui un vaisseau propulsé par laser pourrait être lancé dans les 50 prochaines années : « Je pense que nous finirons par réussir, ce n’est qu’une question de quand et qui », assure-t-il. Les motivations ? Le besoin de rêver, mais aussi l’espoir d’échapper au destin inexorable de notre planète, d’ici un petit milliard d’années.


C’est absurde, explique en détail Ed Regis, auteur de plusieurs livres de vulgarisation scientifique. L’étoile la plus proche est 9 000 fois plus loin que Neptune. Nous, pauvres humains, ne sommes pas adaptés à de longues périodes dans l’espace, ni physiologiquement ni psychologiquement, résume Richard Dunn dans le Times Literary Supplement. Regis s’interroge sur cette « rhétorique émotionnelle, romantique, extravagante et métaphorique » et juge que nous avons mieux à faire : nous atteler à résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés sur la planète actuelle. Le titre de son livre est un jeu de mots : « starbound » veut dire à la fois « à destination des étoiles » et « enchaînés à notre propre étoile », le Soleil.

LE LIVRE
LE LIVRE

Starbound: Interstellar Travel and the Limits of the Possible de Ed Regis, Cambridge University Press, 2025

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