Marxisme zombie aux États-Unis
Publié en juillet 2025. Par Books.
« Priver de fonds l’agenda délétère woke et marxiste » est l’un des objectifs affichés du projet de budget de l’administration Trump. L’idée que le marxisme puisse être considéré aux États-Unis comme un ennemi public à terrasser en priorité évoque plus les moulins à vent de Don Quichotte qu’une réalité palpable, mais le fait est qu’il existe une solide tradition marxiste dans le pays du capitalisme conquérant. C’est l’ambition de l’historien (marxiste) Andrew Hartman d’en retracer les contours. Il distingue quatre principaux moments marxistes. Le premier était à l’époque de « l’âge d’or », depuis la grande grève des chemins de fer en 1877 jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale. Le second eut lieu dans le sillage de la Grande Dépression ; il accompagna le New Deal. Le troisième vint dans les années 1960 avec la Nouvelle Gauche. Et le quatrième – serait-ce pour donner raison à Trump ? – a lieu maintenant, quand, selon Hartman, « les Américains pensent à Marx à un degré jamais atteint depuis les années 1960 ou peut-être même les années 1930 ». Il reste que le courant marxiste s’observe plus dans les livres d’universitaires que dans la rue, constate le (marxiste) Mathias Fuelling dans The Baffler. « Il n’a jamais existé de parti marxiste en mesure d’influencer la politique nationale. » Faute de munitions, le livre de Hartman aurait pu être plus justement titré « L’antimarxisme en Amérique », écrit-il.