Rio, un bagne au paradis
Publié en juillet 2009.
D'Ilha Grande, une île située au sud de Rio, le touriste retient généralement la douceur de vivre, l'absence de voitures et le paysage de carte postale. Pourtant, le rocher abritait jusqu'en 1994 la prison Cândido Mendes, l’une des plus sinistres du Brésil, dont la sociologue Myrian Sepúlveda dos Santos raconte le quotidien.
D'Ilha Grande, une île située au sud de Rio, le touriste retient
généralement la douceur de vivre, l'absence de voitures et le paysage
de carte postale. Pourtant, le rocher abritait jusqu'en 1994 la prison
Cândido Mendes, l’une des plus sinistres du Brésil, dont la sociologue
Myrian Sepúlveda dos Santos raconte le quotidien : détentions
arbitraires, travaux forcés – les premiers prisonniers ont construit
les cellules eux-mêmes – et tortures. Il reste encore quelques témoins
capables de raconter la vie du pénitencier. Dépêché par le quotidien O Globo,
le journaliste Carlos Alburquerque a rencontré Júlio de Almeida, 78
ans, dont plus de cinquante passés sur l’île. Júlio aurait dû rester
derrière les barreaux jusqu'en 2014. Mais sa peine a été raccourcie.
Comme nombre d’anciens détenus, il est resté vivre à Ilha Grande.
Chaque soir, il se rend dans l’unique bar du village et trinque avec
Hotair da Silva et Lupércio Alburquerque, ses anciens gardiens. « Mais
cette cordialité n'a pas toujours été de mise pendant les cent ans
d'histoire de ces cachots », écrit le journaliste. D'abord destiné aux
« déchets de la société » – prostituées, clochards et alcooliques –,
l'établissement a aussi accueilli des prisonniers politiques à partir
de 1930, sous la dictature de Getúlio Vargas. Un musée a été récemment
aménagé dans Cândido Mendes. Il est censé, selon la sociologue,
rappeler « le sort des détenus dans les prisons, ce qui s’y passait et
ce qui s'y passe toujours ».