Sous la cagoule du sous-commandant Marcos

Alors que les études consacrées au mouvement zapatiste ne manquent pas, les travaux portant sur le sous-commandant Marcos restent rares. Yael Gerson Ugalde signale dans le Journal of Latin American Studies la parution de la première biographie en anglais de « L’Homme derrière le masque».

Alors que les études consacrées au mouvement zapatiste ne manquent pas, les travaux portant sur le sous-commandant Marcos restent rares. Yael Gerson Ugalde signale dans le Journal of Latin American Studies la parution de la première biographie en anglais de « L’Homme derrière le masque » : Rafael Sebastián Guillén Vicente, cet ancien universitaire disparu et qui a été désigné dès 1995 par les autorités mexicaines comme étant le sous-commandant. Selon Henck, celui-ci était dès sa naissance placé sous des signes particuliers, ce qui fait dire à Ugalde que l’auteur lui fait parfois davantage penser à un astrologue qu’à un historien. 1957, son année de naissance, fut celle au cours de laquelle Castro et Guevara établirent le premier foyer de guérilla à Cuba. A l’âge de onze ans, il fut témoin du massacre des étudiants à Tlatelolco en 1968. Dernier né d’une longue fratrie, il suivrait aussi « le schéma des élites révolutionnaires », de Marx, Lénine, Trotski et Castro. La seconde partie de l’ouvrage semble davantage emporter la conviction d’Ugalde. Elle retrace l’insertion progressive de Guillén Vicente alias Marcos dans l’univers du Chiapas et l’enchevêtrement des structures des groupes d’autodéfense paysans avec les structures du mouvement zapatiste.
Le livre évoque aussi le sous-commandant Marcos devenu orateur starisé, mais peine à rendre compte du déclin de son aura et du zapatisme en général à partir de 1999. Henck se limite à prendre acte de la nouvelle stratégie consistant à « secouer le pays d’en bas ». Devenu le « délégué zéro », héros admirateur des révolutionnaires du passé, Marcos incarne néanmoins selon l’auteur la transformation des guérillas et de leurs leaders. Outre sa vision sceptique du travail de Henck, dont il souligne notamment la pauvreté des sources et du contenu informatif, Ugalde pose une question plus assassine encore : est-il réellement important de savoir qui est derrière le masque de Marcos, alors que c’est justement le mystère de son identité et ses attributs particuliers (le passe-montagne et la pipe) qui expliquent pour une part la fascination exercée par le personnage ?
LE LIVRE
LE LIVRE

Le sous-commandant Marcos : l’homme derrière le masque de Sous la cagoule du sous-commandant Marcos, Duke University Press

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