Teresa la scandaleuse
Publié en mai 2025. Par Books.
Arturo Fontaine s’inspire d’une histoire vraie. La très belle poétesse Teresa Wilms Montt, figure emblématique de l’aristocratie chilienne du début du XXe siècle, créa un scandale qui secoua la bonne société. Mariée et mère de deux filles, elle engagea une liaison passionnée avec le cousin de son mari, Vicente « Vicho » Balmaceda. Lorsque son mari Gustavo découvrit leurs lettres d’amour, il la fit enfermer dans un couvent, avec l’accord de la famille de son épouse. Elle s’échappa au bout de six mois et s’exila à Buenos Aires puis à Madrid et à Paris, où elle se suicida en 1921 à l’âge de 28 ans.
Gustavo est banquier et pour son travail s’installe avec Teresa à Iquique, dans le nord du pays. Le port n’est chilien que depuis quelques décennies et connaît une période glorieuse d’exploitation du salpêtre, ce qui se traduit par des rues animées et une vie sociale et culturelle sophistiquée à laquelle le couple participe activement. Teresa fait partie d’un groupe littéraire qui l’introduit dans le monde de la bohème. Les conversations arrosées et les nuits tardives font que les disputes avec son mari Gustavo deviennent fréquentes, mettant le mariage à rude épreuve. Arrive Vicho, jeune, cultivé et plein d’humour, membre de l’équipe électorale d’un politicien.
Pour écrire son roman, Fontaine s’est fondé sur des documents historiques, des lettres de Teresa et des témoignages familiaux, notamment ceux de sa propre grand-mère, Valentina Balmaceda, cousine du mari et de l’amant de Teresa. Ce sont surtout les lettres de celle-ci, lues à l’époque non seulement par son mari, sa belle-famille et ses parents, qui ont provoqué le scandale, plus encore que l’adultère, confie Fontaine au journal El País, en raison de leur caractère érotique. « Teresa fut aussi punie en tant qu’écrivaine. » Le premier baiser entre Teresa et Vicho a eu lieu dans le cimetière d’Iquique. « Pour moi, c’était une métaphore, explique Fontaine, celle d’un amour qui naît au contact de la mort. Ma tâche de romancier a été de les emmener au cimetière et d’imaginer ce qui s’y est passé. »
Dans le Times Literary Supplement, David Gallagher, ancien ambassadeur du Chili et critique littéraire, salue le style de Fontaine, « la belle musique des phrases », et souligne la place que le rire tient dans le roman. « Les personnages rient beaucoup. » La complicité instantanée qui se crée entre Teresa et Vicho quand ils se rencontrent déclenche chez eux un rire incontrôlable. En avouant son adultère à une amie, elle la scandalise en éclatant de rire. Contrairement à Emma Bovary, Teresa est tout sauf une bourgeoise conformiste.