Vers une pénurie d’humains
Publié en septembre 2025. Par Books.
Au rythme actuel, il est clair que la population de la planète va amorcer un déclin rapide d’ici quelques décennies. On ne saurait prédire quand précisément ce tournant majeur aura lieu, mais ce sera de toute manière avant la fin de ce siècle. À échéance variable, nous nous acheminons tous, même en Afrique, vers le sort des Sud-Coréens, qui vont voir chaque cohorte générationnelle décliner de moitié voire des deux tiers. L’évolution est tellement contraire aux prédictions alarmistes des années 1960 sur la « bombe démographique » que les universitaires qui les avaient formulées, du genre de Paul Ehrlich (à Stanford), se sont couverts de ridicule. Faut-il pour autant s’en réjouir ? Ce ne sera pas une aubaine pour la question climatique, car la population mondiale va d’abord continuer à croître, pour atteindre peut-être les 10 milliards, et les gaz à effet de serre, s’ils sont en cause, auront eu pleinement le temps d’exercer leur emprise. Le vrai problème, selon les auteurs, est que la baisse tendancielle de la population va réduire nos facultés d’innovation et nos capacités de nous atteler efficacement aux défis auxquels nous serons confrontés.
Les auteurs exhortent les gouvernements à instaurer « une restructuration totale de la société autour du “care” », résume Farrah Jarral dans The Guardian, afin de rendre aussi excitante et prometteuse que possible, pour les jeunes couples, la perspective d’avoir des enfants. Une solution dont elle doute, tant l’expérience du XXe siècle a démontré l’inefficacité des politiques natalistes.
Les auteurs sont un démographe et un économiste de l’université du Texas. Les critiques de ce livre ne semblent pas remettre en cause la conviction des auteurs qu’une baisse de la population mondiale aura un effet négatif sur l’innovation. Dans son maître ouvrage sur les effets de la peste noire, le Néo-Zélandais James Belich conclut pourtant qu’une division par deux de la population de l’Europe à cette époque a eu au contraire des effets tout à fait positifs sur la capacité d’innover. Dans la Literary Review, le démographe britannique Paul Morland s’étonne, pour sa part, que ses collègues américains ne soulignent pas ce qui lui semble être le véritable risque du déclin démographique en gestation : celui d’un déséquilibre croissant entre actifs et retraités.