La beauté vénéneuse du vert
Publié dans le magazine Books n° 62, février 2015. Par Michael Gorra.
Seule couleur mentionnée dans la Bible, le vert a pris au fil du temps bien des nuances et bien des sens : depuis toujours symbole de l’espoir, de la santé et de la nature, il est aussi à ses heures synonyme de poison, de maladie et d’avarice. Nul ne montre mieux que lui à quel point une couleur n’est pas un pigment mais une idée, le fruit d’une histoire et d’une technologie qui s’inscrit dans l’art, dans la science et plus encore dans les représentations sociales.
Ce dont je me souviens très bien, en revanche, c’est ce qui a attiré mon regard : un pan de vert profond et chatoyant, un vert qui semblait éclairé de l’intérieur. Il était d’une nuance entre l’herbe et le houx, même si on l’avait utilisé ici pour peindre non des plantes mais un tissu, un morceau d’étoffe drapant je ne sais plus quelle sainte. J’ai succombé à ce vert, et j’ai passé...